La sélection des moins de vingt ans a tiré son épingle du jeu.Le sélectionneur national, Nizar Khanfir, fait le bilan de la participation tunisienne, et évoque la prochaine étape qui le verra driver la sélection olympique. Commençons par l'actualité la plus récente. Vendredi après-midi, dès votre retour de Turquie, le président de la FTF, Wadii El Jary, vous a téléphoné pour vous annoncer votre promotion à la tête de la sélection olympique... Oui, je récupérais encore des efforts fournis aux Jeux méditerranéens lorsque j'ai reçu ce coup de fil. Je crois qu'aujourd'hui-même, lundi, j'ai une réunion à la direction technique pour mettre les choses au clair : échéances immédiates et à long terme, staff technique... Mon contrat prend fin le 30 juin. C'est une nouvelle page qui va s'ouvrir. Pourtant, votre profil présente l'avantage de connaître parfaitement la catégorie d'âge 1993-1994 qui composera la sélection olympique ? J'ai conduit la majorité écrasante des joueurs concernés aussi bien en coupe arabe, l'an dernier en Jordanie pour les natifs de 1993, qu'aux JM de Mersin pour les natifs de 1994. Rio 2016 représente l'objectif suprême. J'ai également la chance d'avoir eu sous ma coupe la génération 1992, les Brigui, Sassi, Khenissi, Jouini incorporés parmi l'équipe nationale «A». Parmi les médaillés de bronze dans la ville du Sud-Est de la Turquie, Driss Mhirsi et Adam Rejaïbi, deux valeurs sûres, vont pouvoir passer au palier supérieur. Pour l'avenir, cette progression naturelle, cette évolution générationnelle, c'est tout ce qu'il peut arriver de bien au foot national. Vous parlez d'évolution. Pourtant, lorsque le Comité international des Jeux méditerranéens a décidé au pied levé, à quatre mois de Mersin 2013, de n'admettre au tournoi de football que les natifs de 1994, tout le foot national parut carrément pris de court. Aucune sélection nationale ne correspondait alors à cette tranche d'âge... Et c'est pour cela que, dans l'avenir, il faut prévoir des sélections pour toutes ces catégories d'âge : U 17, U 18, U 19... De la sorte, nous éviterons de tomber dans ce genre de piège où il faut reprendre de zéro la préparation lorsqu'on change les règles du jeu (natifs de 94 au lieu de ceux de 92) au tout dernier moment. Séance tenante. Comment un pays comme le Maroc s'est-il adapté à cet aggiornamento décrété par les organisateurs, si bien qu'il a fini par remporter la médaille d'or? Nos amis marocains ne furent pas surpris par la nouvelle donne tout simplement parce qu'ils disposaient d'une sélection des moins de 20 ans prête, aguerrie et compétitive. L'équipe présente à Mersin était la même qui avait pris part à la coupe arabe. Elle comprend des joueurs de gros calibre dont certains jouent en Europe avec les effectifs seniors (à Benfica, au Portugal...). Tout cela se traduit par des automatismes huilés, par des joueurs qui se retrouvent les yeux fermés. Le fruit d'un travail de longue haleine. Qu'est-ce qui a freiné l'ascension de vos poulains au stade des demi-finales contre la Turquie? A 0-0, nous avons bénéficié de trois situations où nos attaquants se présentaient seuls face au gardien adverse. Nous n'avons pas su en concrétiser au moins une. Ensuite, il y a eu la blessure, très pénalisante, de Khalil Sassi. Le changement intervenu a faussé tous les calculs. Pour le reste, on a réussi presque dans les quatre autres matches disputés. Des satisfactions individuelles? Rejaïbi et Mhirsi, qui sont déjà suffisamment confirmés, mais aussi Walid Dhaouadi, Seif Lahouel, Ayoub Jertila. En plus de Khalil Sassi, un gros calibre genre cœurs de lion. Malgré sa fracture du bras, il voulait prêter main-forte. Et puis, n'oublions pas Khalil Gontassi qui a contracté une rupture des ligaments croisés lors du test face au Maroc. Tous les joueurs ont scandé son nom au moment où ils recevaient leur médaille. Nous lui dédions cette 3e place et lui souhaitons un retour rapide à ses activités. En quoi ce groupe peut-il s'améliorer? Surtout dans la phase de transition, la fameuse reconversion où nous avons manqué de qualité. Le potentiel offensif a été notre premier atout (dix buts marqués), alors que le secteur défensif s'est bonifié chemin faisant, au fur et à mesure que la compétition avance malgré les cinq buts concédés. Ce qui m'a plu chez tous ces jeunes, c'est une certaine culture de la gagne. En seulement trois mois, ils ont su développer une forte personnalité et témoigner de beaucoup de caractère. Malgré la fatigue engendrée par la succession des rencontres (on joue une fois tous les deux jours), les 35 degrés et les 65% d'humidité, cette équipe a tenu le coup, se dépensant sans compter. Le mérite n'appartient pas au seul Nizar Khanfir. Il est aussi celui du staff médical, administratif, technique et surtout des joueurs.