«L'affaire Cité Ghazala», c'en est désormais une, après la découverte, mercredi soir, d'armes dissimulées dans une villa située dans ce quartier (voir La Presse du vendredi 19 juillet). Cette affaire, qu'il serait indiscutablement stupide de banaliser, est digne d'un polar chargé de zones d'ombre et de mystères pour le moment hélas impénétrables. Il est vrai que, quatre jours après ce coup de sifflet, la piste des auteurs de ce forfait n'a pas encore été remontée. Soit un handicap majeur, dans la mesure où il est hyper important de souligner que tant que le héros malheureux de l'affaire court, on n'est pas sorti de l'auberge. Des éléments exploitables N'empêche que les enquêteurs ont pu, jusqu'à présent, découvrir une première piste qu'on dit sérieuse, voire prometteuse. En effet, selon une source sécuritaire qui a souhaité garder l'anonymat, «le groupuscule intégriste de la Cité Ghazala est passé par là. Lui qui, à partir de son fief basé dans cette cité, servirait de plaque tournante entre le QG d'Ansar Charia et les cités environnantes». Et notre interlocuteur de révéler encore que «le groupe de la Cité Ghazala était, depuis quelques mois, dans notre collimateur, non seulement parce qu'il s'agit d'un groupe qui se radicalise de plus en plus, mais aussi parce que ses effectifs, a-t-on constaté, ne cessent de s'étoffer». Si notre source ne veut pas en dire plus là-dessus, discrétion de l'enquête oblige, il n'est pas exclu que de nouvelles descentes soient lancées dans cette cité et dans celles qui en dépendent, à savoir Raoued, Jaâfar, Ennikhilet, Borj Louzir, Borj Touil et Bouhnech, autres foyers connus, par la police, pour être des bases arrière des salafistes. Jebel Ennahli : attention danger Pour les enquêteurs, «il va falloir compter désormais avec Jebel Ennahli qui surplombe toutes ces cités et pourrait avoir été transformé en cache d'armes privilégiée et en refuge sûr pour les jihadistes». C'est d'autant plus vrai que ce mont, quoi que moins vaste que celui du tristement célèbre Jebel Chaâmbi, a déjà reçu les premiers survols de surveillance des hélicoptères de l'armée, dans une tentative qui pourrait servir de prélude à des opérations de ratissage. Rappelons, pour la petite histoire, que l'ancien régime avait découvert, en 2009, d'importantes quantités d'armes soigneusement dissimulées à Jebel Ennahli. A l'époque, la loi de l'omerta aidant, rien n'a filtré ni sur la provenance de cet arsenal, ni sur l'identité des auteurs du forfait. La piste libyenne Revenons à l'affaire Cité Ghazala «pour ajouter que les armes saisies, mercredi dernier, proviendraient très probablement de Libye. Une hypothèse en tout cas loin d'être écartée par les enquêteurs, persuadés qu'ils sont que des affaires similaires ont démontré, par recoupements et investigations interposés, que 90% des armes saisies, depuis la révolution un peu partout dans le territoire, étaient acheminées clandestinement de Libye, le reste provenant d'Algérie. Par ailleurs, les enquêteurs, déterminés à reconstruire le puzzle, veulent savoir à qui étaient destinées ces armes saisies. Etait-ce pour perpétrer des attentats, ou pour ravitailler leurs camarades embusqués au Jebel Chaâmbi, ou alors pour les acheminer en Algérie, cœur battant de la nébuleuse terroriste en Afrique du Nord? «Tout est possible», répond notre source qui tient à lancer un appel à la population où qu'elle se trouve, «afin d'aider les forces de sécurité et de l'armée, en signalant tout mouvement suspect des jihadistes, étant donné que la lutte contre le terrorisme en Tunisie est une cause nationale qui doit interpeller tout un peuple».