Les meubles anciens intéressent certaines personnes qui sont prêtes à les acheter au prix fort, surtout s'il s'agit d'une collection rare L'achat et la vente des meubles anciens constituent une forme de transaction bien développée dans certains quartiers de Tunis et ses environs, mais aussi dans d'autres régions du pays. Des citoyens à revenu moyen ou limité préfèrent acheter des meubles d'occasion pour équiper leur maison. Dans les locaux des vendeurs de meubles (à ne pas confondre avec les brocantes) on trouve de tout : des lits à deux places et pour enfants, des placards, des tables de nuit, des bibelots et même des équipements sportifs pour les exercices physiques. Les meubles exposés sont de différentes qualités. Certains sont fabriqués en bois d'acajou ou d'ébène, alors que d'autres sont de qualité inférieure. L'état de ces meubles n'est pas le même puisque certains sont plus usés que d'autres. Selon un vendeur, «des citoyens nous vendent parfois des meubles dont des pièces manquent et nous sommes obligés de les réparer pour les proposer dans un bon état aux acheteurs potentiels». Ces réparations qui se font dans le local de vente ont un coût supplémentaire qui est indexé dans le prix de vente au public. Au cas où ces locaux ne disposent pas du matériel de réparation, les vendeurs confient les meubles boiteux à des menuisiers pour leur donner un coup de neuf. «Ce que l'on craint le plus, indique notre interlocuteur, c'est l'humidité qui met le bois dans un état piteux. Le bois touché par l'humidité devient fragile et ne peut plus être récupéré». Certains ébénistes essayent de faire disparaître les traces de cette humidité par l'égrenage du bois, mais le fond touché reste fragile. En tout cas, il est nécessaire d'informer les clients de tous les vices cachés et apparents pour que ces derniers achètent leurs meubles en toute connaissance de cause. Méthodes industrielles et artisanales Même les travaux de maintenance effectués doivent être portés à la connaissance des clients pour qu'ils prennent la décision finale. Or, on constate souvent que nombre de vendeurs de meubles usés ne fournissent pas assez d'informations aux acheteurs mais présentent l'objet comme s'il était presque neuf. Les prix affichés sont aussi différents d'un objet à un autre. Bassam, rencontré dans un local de vente d'anciens meubles est catégorique : «Il faut être un bon connaisseur des meubles pour ne pas se faire rouler, prévient-il. Des questions doivent être posées aux vendeurs dont celle qui concerne le fabricant, la date de fabrication et éventuellement les travaux de maintenance effectués». Certes, le vendeur n'est pas censé détenir toutes les informations. Il ne peut pas savoir, par exemple, la date de fabrication ou le nom du fabricant. Par contre, il connaît très bien les défauts de l'objet mis en vente et les réparations effectuées. Certains meubles sont fabriqués en série dans des usines bien connues, alors que d'autres proviennent de menuisiers qui utilisent plutôt des méthodes artisanales. Le secteur industriel et artisanal peut présenter des objets de qualité mais ils sont capables aussi de faire des erreurs. D'où la nécessité pour le client d'être vigilant avant l'achat d'un produit. Souvent, pour justifier le prix élevé d'un meuble ancien, le vendeur fait croire à son client que l'objet est unique et qu'il a été fabriqué par une usine de grande réputation située à l'étranger. «C'est une conception selon un modèle italien», se plaît-il à dire. Tous les moyens sont bons pour attirer les clients, les convaincre et leur faire payer le prix fort. En fait, de nombreux citoyens aiment les objets traditionnels qui ne sont plus en vente aujourd'hui et se rendent à ces vendeurs de meubles anciens pour acquérir ce dont ils ont besoin. A la rue Zarkoun, par exemple, on a remarqué des présentoirs et des placards qui datent du milieu du siècle dernier et qui semblent encore en bon état. Ces meubles peuvent encore être utilisés malgré les signes du temps qui les ont marqués. Ils se distinguent par leurs dessins et leurs reliefs sur le bois couvert de vernis ainsi que par leur conception à l'ancienne très séduisante. Les temps ont bien changé et la façon de concevoir les meubles aussi. Aujourd'hui, on fabrique ces objet en bois selon de nouveaux modèles qui ont leurs adeptes, mais qui sont différents des anciens. Même les outils et machines de fabrication, assez sophistiqués, ne sont plus les mêmes. Plusieurs ébénistes sont dotés d'équipements modernes qui ont un impact sur la conception et la finition. Le dernier mot au vendeur Les objets rares et de collection sont vendus à des prix élevés. Même si le marché du meuble ancien connaît actuellement une certaine stagnation, les tarifs ne sont pas revus à la baisse. Il faut distinguer, cependant, entre deux catégories de clients : il y a ceux qui veulent acheter des objets rares et anciens et qui sont prêts à débourser le prix fort et ceux qui veulent acheter des meubles d'occasion car leurs moyens financiers ne leur permettent pas de s'offrir des meubles neufs. La première catégorie de clients peut relever d'une classe aisée, qui est passionnée par les meubles classiques et uniques. Les clients essayent de négocier le prix, mais c'est souvent le vendeur qui a le dernier mot. Pour ce qui concerne les meubles d'occasion modernes, un simple lit pour enfant, par exemple, peut coûter jusqu'à 150 dinars, ce qui est considéré comme un prix élevé surtout quand on sait qu'avec ce montant, voire moins, on peut acheter un lit neuf. La marge bénéficiaire du vendeur est fixée par ses propres soins et peut atteindre le double du prix avec lequel il a acheté l'objet en question. En plus des meubles de la chambre à coucher, les vendeurs proposent aussi des pupitres pour les écoliers vendus à 130 dinars. A l'approche de la rentrée des classes, ces objets sont sollicités. Un coup de peinture sur le bois et ces meubles paraissent comme neufs. Les vendeurs font de leur mieux pour séduire les clients potentiels. Ces vendeurs de meubles d'occasion ont un autre avantage, dans la mesure où ils vendent des objets qui ne sont plus commercialisés actuellement dans le circuit de distribution comme, à titre d'exemple, ces lits en bois sous forme de balançoire destinés aux nourrissons pour les faire dormir, ou encore les horloges de salon fabriquées en bois rouge. Autant d'objets qui sont proposés aux clients à la recherche de meubles en bon état à des prix abordables ou d'objets rares qui datent d'une époque révolue. Plusieurs raisons incitent des citoyens à vendre leurs meubles. Certains veulent changer le décor de la maison et n'hésitent pas à sacrifier des meubles encore neufs et qui ne comportent pas de défauts. D'autres, dans le besoin, commencent par vendre leurs biens en bois pour payer des dettes ou acheter des produits de première nécessité. Il y aussi ceux qui déménagent ou quittent le pays définitivement ou pour quelque temps et souhaitent tirer profit des meubles vendus. Il est important de connaître ces raisons pour définir la valeur du meuble et son état. Les clients font en tout cas de leur mieux pour vérifier la qualité de l'objet proposé à la vente en examinant minutieusement l'objet des différents côtés. Et pourtant, ils peuvent constater plus tard qu'ils ont fait le mauvais choix.