Lancement d'une stratégie de développement durable du Grand-Sfax. La fréquence de plus en plus grande des phénomènes naturels extrêmes ne laisse plus de doute chez les scientifiques quant à l'impact de la pollution industrielle sur le climat. La ville de Sfax, comme tous les pôles économiques ayant un fort potentiel industriel, n'échappe pas à la règle et est de plus en plus exposée aux effets parfois dévastateurs des changements climatiques comme les inondations. La capitale du Sud, qui connaît aussi un trafic de marchandises et de voyageurs en progression continue, se mobilise et s'engage dans un programme ambitieux de lutte contre toutes les formes de pollutions pour devenir à terme une ville «verte et exemplaire». Le réchauffement climatique, résultant des émissions de gaz à effet de serre (dégagements industriels toxiques), contribue à la moitié des phénomènes extrêmes que connaît la planète (inondations, sécheresse, ouragans...). La ville de Sfax est également touchée par ces phénomènes. Les dernières inondations caractérisées par une forte intensité des pluies n'en sont qu'un exemple. «Face aux changements climatiques, les villes, partout dans le monde, se mobilisent. Sfax est parmi ces villes engagées dans la lutte contre le réchauffement climatique. Un programme ambitieux d'économie d'énergie dans l'éclairage et dans le transport urbain a déjà été mis en place», affirme M. Riadh Haj Taïeb, directeur général des services techniques à la municipalité de Sfax. Des milliers de villes, en effet, à travers le monde, ont mis en place des politiques et des actions efficaces contre les effets des changements climatiques visant l'amélioration de la qualité de la vie de la population. Et ce, sans attendre l'aide ou les décisions des gouvernements nationaux. Ces dernières années, la municipalité de Sfax a également engagé une politique innovatrice avec pour objectif de devenir une ville «verte» et exemplaire. La ville a ainsi élaboré une stratégie de développement du Grand-Sfax intégrant des objectifs environnementaux ambitieux. Le volet développement durable a été réalisé avec le soutien de la Coopération allemande au développement (GIZ), de la Banque mondiale et du programme Euromed des Eurocités. Diagnostic approfondi Partant du principe que la mobilisation locale peut faire bouger les choses, la ville de Sfax a souhaité, avec le soutien de la GIZ, réaliser un diagnostic approfondi de ses émissions de gaz à effet de serre et de leurs sources afin d'identifier les actions à engager pour les réduire. Le bilan carbone, outil développé par l'Agence de développement et de maîtrise de l'énergie en France, a été choisi pour réaliser ce diagnostic. Les résultats de ce bilan ont été donnés par M. Boris Bailly, consultant en développement durable, lors du séminaire «Villes et changement climatique», organisé récemment par la municipalité de Sfax et réunissant des représentants de municipalités du Maroc, du Sénégal, de France et de Tunisie, Le bilan a intégré les services liés à l'administration générale, les déchets, les équipements sportifs, les espaces verts, les établissements culturels, ainsi que les logements et les voiries. Ce diagnostic a révélé que les services engendrant les émissions les plus importantes sont ceux des déchets, des espaces verts, des équipements sportifs et des bâtiments administratifs. Toutefois, les différents services sont difficilement comparables car leurs activités et l'origine des GES sont très différentes. Ainsi, et selon le bilan, 38 % des GES proviennent du fret (transport de marchandises), 19 % de l'énergie et 18 % des déplacements. Le poids du fret est essentiellement lié à la consommation de carburant dans le transport des déchets. Le poids des émissions liées à l'énergie est dû à la consommation d'électricité et de gaz pour le fonctionnement des équipements sportifs. Nouveau plan de circulation Les groupes de travail sur le bilan carbone ont élaboré un plan d'intervention basé sur plusieurs actions à court et long terme. Il s'agit, en premier lieu, d'actions prioritaires de valorisation des déchets à travers la production de biogaz et le renforcement des audits énergétiques dans le secteur industriel. En second lieu, le bilan a identifié les actions à court terme concernant la réorganisation du transport routier des marchandises du Grand-Sfax ainsi que la réalisation d'un plan de déplacement urbain pour la ville de Sfax. Ce volet d'intervention concerne, également, la mise en place du tri sélectif pour les déchets et d'une filière de recyclage. Le bilan envisage aussi des actions à long terme comme la mise en place d'un système collectif en site propre du point de vue écologique et viable à Sfax, d'une filière de compostage pour les déchets organiques, la réalisation de rocades pour réduire les distances de déplacement et la construction de ponts pour éviter les bouchons. Il est à noter que le bilan carbone constitue un exercice intrinsèquement approximatif à cause des incertitudes de nature physique. L'un des axes du progrès résidera donc dans la réduction de cette incertitude au fil du temps, car, associée aux données, celle-ci peut s'avérer importante.