La Corée du Sud entend se rappeler au bon souvenir du mondial 2002, encore faut-il résister face au grand favori argentin... Le poids du statut, la pression imputable à ses regards fixés en priorité sur la bande à Messi, la hiérarchie, le passé qui éclaire le présent, l'ultra médiatisation d'un technicien, considéré comme le meilleur footballeur de tous les temps, l'Argentine séduit, intrigue, accapare la scène, fait vibrer les puristes et rallie les suffrages des «bookmakers» qui la placent en tête de podium. Cela dit, le football n'est pas une science exacte et seule la vérité du terrain tranchera en ce sens. Si le Nigeria, malgré sa bonne volonté, s'est montré impuissant face aux Albiceleste, la Corée est d'un tout autre calibre, bien qu'en termes de valeur réelle, la comparaison n'a pas lieu d'être. Vainqueur des «Green Eagle», sans forcer, l'Argentine a puisé sa force dans ses individualités, à l'image d'un Lionel Messi en état de grâce et bien en jambes face aux «Flying Eagle». L'attaquant de poche argentin a d'ailleurs loué les mérites du mental de l'équipe, suite à la victoire face au Nigeria: «Laborieux en qualifications, le groupe a changé de mentalité. Nous avons connu des moments très moches en qualifications. Pas seulement moi, mais aussi tous mes coéquipiers. Les choses se passaient mal, on ne faisait pas de bons matches. Aujourd'hui, je combine avec Mascherano, Veron et Di Maria. J'ai plus eu le ballon. Nous nous sommes créé beaucoup d'occasions et n'avons pas eu la chance de les convertir. Cela dit, nous avons fait un grand match et allons continuer à nous améliorer. Aussi, nous avons eu beaucoup de liberté tous les trois (avec Higuain et Tevez) pour nous déplacer, ils sont très bons et il faut aussi en profiter...» «La sélection ne dépend pas de moi...» Et à Messi de poursuivre : «La sélection ne dépend pas de moi. Il y a de très bons joueurs. Chacun peut faire la différence, moi aussi. Le ballon m'est venu, ils me l'ont amené et j'en ai profité». Il est vrai qu'indépendamment de l'apport du ballon d'or européen, les Albicelestes sont constellés de stars. Messi n'a certes pas marqué (se heurtant à l'excellent gardien nigérian Enyeama), son coéquipier Higuain non plus, mais les ressources argentines, la palette riche et varié des joueurs qui composent cette «dream team», permettent de parer à tout cas de figure. Seul bémol face aux coréens, le milieu de terrain, Juan Sebastian Veron, souffrant de douleurs musculaires au mollet droit, est incertain malgré le fait que les examens effectués n'ont rien révélé de grave. En cas de forfait de Veron, Maxi Rodriguez se tiendra prêt, d'entrée de jeu. C'est aussi ça l'Argentine. Les solutions de rechange sont viables et fiables, pour la plus grande satisfaction du Pibe de Oro, Diego Armando Maradona. Autre facette de l'équipe championne du monde 1978 et 1986, le onze argentin s'appuie actuellement en partie sur des vétérans de l'équipe quart de finaliste «d'Allemagne 2006», auxquels il faut ajouter un Lionel Messi qui fait désormais partie du gratin mondial. Les autres références ont pour noms Javier Mascherano, Gabriel Heinze, Walter Samuel, Diego Milito, Carlos Tevez et Martin Palermo, que du beau monde qui ne se satisfait que de la victoire et rien que la victoire. Dans la cour des grands... Le sans -faute coréen face à la Grèce, championne d'Europe en 2004, est venu renforcer un peu plus les convictions des «Guerriers Taeguk», avides de sensations fortes et quelque peu nostalgiques du mondial 2002 où ils atteignirent le dernier carré, un exploit du genre. C'est dire que les trois points glanés à la régulière face à la Grèce ont ouvert l'appétit des asiatiques, convaincus de leur valeur et de la réelle opportunité qui se présente à eux, en l'état actuel des choses. Certes, la sélection «albiceleste» est d'un tout autre calibre que la Grèce, mais vu que le Nigeria a théoriquement hypothéqué ses chances, la seconde place est plus que jamais dans les cordes de l'équipe coréenne. Ça pourrait se joueur au finish, à la différence de buts (marqués et encaissés), pour peu que la Corée ne prenne pas l'eau de partout, aujourd'hui, face aux ultras favoris argentins. A cet effet, le sélectionneur de la Corée du Sud, Huh Jung-moo, refuse tout défaitisme: «Peu importe combien ils sont forts. Si nous faisons le nécessaire, nous pouvons grandir. Le simple fait que ce soit l'Argentine ne doit pas nous conduire au défaitisme». Idem pour l'attaquant vedette des «Guerriers», Park Ji-sung: «L'Argentine est la meilleure équipe du groupe et pourrait très bien aller en finale. Mais l'inattendu peut toujours se produire». L'ambition et l'optimisme (toutefois mesurée), voilà la recette coréenne. Pour les annales, notons aussi que le technicien des «Guerriers» est le premier Sud-Coréen à avoir remporté un match de Coupe du monde au poste de sélectionneur. C'est dire que cette victoire (acquise de haute lutte face à la Grèce) a un parfum bien particulier pour les coréens, alors que le résultat de l'opposition face à l'Argentine conditionnera l'avenir immédiat des coréens en coupe du monde.