Par Dr Souhaïl ALOUINI Incontestablement, la Tunisie vit, de nos jours, un tournant important de son histoire. Le dialogue national a réuni les partis qui se disputent le pouvoir depuis un certain 14 janvier 2011. La base idéologique a été, et reste, la clé de leurs combats, avec un goût de déjà-vu... Ma génération a vécu ces même combats, il y a de cela 30 ans, au sein même des universités de Tunis. Nous avions d'un côté la gauche, de l'autre les islamistes et entre les deux les Destouriens. Ces derniers balançaient entre les deux, se positionnant du côté de la puissance et selon l'orientation politique du moment... Ce même clivage, avec néanmoins quelques variantes, nous le percevons actuellement autour de la table de négociations, et c'est bien là que réside notre malheur ! Plus de deux décennies de néant politique nous ont fatalement replongés dans une époque révolue, caractérisée par une perception politique et un mode de négociation obsolètes et désuets. Nous ne somme pas loin des personnages issus des livres d'histoire, où chacun essaye de tromper l'autre pour avoir la main haute et prendre ainsi le pays en otage de son idéologie. Et entre-temps, notre Tunisie sombre progressivement dans un chaos qui, franchement, n'a rien de créateur. Est-il si difficile de se séparer de ses craintes, pour les uns, et de ses ambitions irréalistes et égoïstes, pour les autres, et de ne penser qu'à l'intérêt supérieur de la nation ? Cette Tunisie, convoitée par tous, ne cessera d'exister et de fonctionner, tant bien que mal, car en effet, il y a des femmes et des hommes qui aiment ce pays, et qui y vivent. Ces citoyens ont un passé, une tradition et une manière de vivre, et la classe politique n'a d'autre choix que de s'y conformer. Ce qu'attendent les Tunisiens n'est autre qu'une bonne gouvernance pour une sécurité absolue, une économie prospère, de l'emploi, des soins de santé, une éducation, etc. Quoi de plus normal et légitime que de revendiquer cela. Car effectivement, gouverner c'est cela, et nous avons malheureusement tendance à l'omettre. Notre choix devrait se porter essentiellement sur la personne la plus compétente et capable de démarrer ce programme de stabilisation du pays, afin de nous mener vers de vraies élections libres et démocratiques. L'occasion du dialogue national qui nous a été offerte par le peuple tunisien à travers le, Quartet est notre dernière chance de sortir notre pays de la crise. Presque 70% des Tunisiens croient en ce dialogue national, et c'est là que réside la preuve de son importance. Prenons le soin de saisir cette chance, messieurs les politiques, en ce qu'elle est une occasion de rentrer dans l'histoire par la grande porte. Dépassons nos querelles futiles et nos différends politico-personnels et repartons sur de nouvelles bases, pour notre Tunisie libre, digne, juste en gouvernance transparente.