Les Bizertins se mobilisent. Un compte facebook vient d'être lancé à l'effet de recueillir le plus de signatures de soutien à ce que la région considère comme un droit inaliénable Il s'agit de la réalisation d'un port en eaux profondes dont on doutait bien peu qu'il puisse être soufflé à Bizerte, au bénéfice d'une autre zone. Les atouts maîtres de Bizerte Ce branle-bas a été sonné suite à l'annonce faite par le gouvernement d'approuver la réalisation d'un port en eaux profondes à Enfidha, « conformément aux études techniques, économiques et écologiques réalisées ». Cette information a jeté un désarroi mêlé d'une profonde désillusion dans les milieux, autant citoyens qu'économiques de la région. Car, de fait, ces derniers fondaient de réels espoirs sur le projet, après que des études eurent révélé que Bizerte était techniquement et économiquement mieux habilitée à accueillir un tel ouvrage. Même qu'une société dénommée Bizerte Port Autonome « BPA SA » a été créée pour s'atteler à la préparation d'une étude préliminaire sur le projet qu'elle a, effectivement, présenté au ministère des Transports. Sans donner l'impression de douter de la possibilité qu'un tel projet puisse échapper à Bizerte, le P-DG de ladite société, Kaïs Laaribi, a même donné à l'agence TAP l'information réjouissante de création d'un port en eaux profondes à Bizerte qui permettrait la création de près de 38. 000 postes d'emploi directs. Le projet initié par Bizerte dès 1995 Selon des documents de la Chambre de commerce et d'industrie du Nord-est (Cine), le projet est exclusivement bizertin, une étude de faisabilité d'un terminal à conteneurs ayant été faite en 1995. Confiée par l'Office des ports nationaux tunisiens au bureau Moffat and Nichol International, l'étude indique clairement que « le projet est fiable et que l'opportunité existe de faire participer les capitaux privés à la réalisation de ce projet», tout en précisant qu'un tel terminal serait « efficace et bénéfique à l'ensemble de l'économie tunisienne». En février 2012, la Cine a organisé une soirée-débat dédiée au développement de la région de Bizerte en général au cours de laquelle a été évoqué ce projet « ambitieux qui tient à cœur des Bizertins ». L'édification d'un port en eaux profondes d'échange de conteneurs dans la baie du Rimel à Bizerte, dont les multiples études de faisabilité avaient bénéficié de tous les aspects positifs et normes internationales, a aujourd'hui toutes les chances de se réaliser dans l'ère de la nouvelle Tunisie à condition que ce dernier trouve le soutien des instances nationales pour son financement. Une décision incohérente et subjective Hélas, pour la région de Bizerte, le Conseil ministériel tenu le vendredi 22 novembre et présidé par le chef du gouvernement, Ali Laârayedh, est venu ramener les Bizertins sur terre, en mettant un terme à des espoirs caressés pourtant depuis des décennies. Cette décision est venue inopportunément renforcer un sentiment diffus chez les Bizertins que leur région continue encore à « être sciemment oubliée » par les différents gouvernements dans les programmes de développement qu'ils établissent. On porte même des accusations qu'on leur vole leurs idées pour les implanter dans des régions déterminées par les seuls intérêts régionalistes. La décision du Conseil ministériel « de mettre en place une structure publique chargée du suivi de toutes les étapes du projet avec pour mission d'en accélérer la mise en œuvre, en finalisant le volet juridique avec les services compétents », a fini par convaincre les Bizertins du caractère irrévocable et inéluctable d'une telle résolution. Actions revendicatives conjuguées Ebranlés et brutalement ramenés à l'amère réalité, les Bizertins rappellent que leur région demeure la mieux habilitée pour un tel projet. Ils ont décidé de « bouger et de faire quelque chose ». Quelques élus de la région à l'ANC et des représentants de la société civile se sont réunis pour discuter de la question et pour examiner en profondeur la décision du Conseil des ministres et des éventuelles incidences qu'elle est susceptible d'entraîner sur la région. A l'issue d'un « débat à bâtons rompus », il a été décidé que les élus de la région devront jouer le rôle qui leur est dévolu « pour exercer une pression sur le ministère des Transports et pour convaincre les membres de l'ANC de refuser l'implantation du port en eaux profondes ailleurs qu'à Bizerte ». L'on a également convenu d'organiser, demain, un sit-in de protestation devant le siège du gouvernorat contre cette décision jugée contestable, voire arbitraire. En outre, le nom de Youssef Ben Romdhane, directeur général au ministère des Transports, en charge du dossier du port en eaux profondes, est souvent revenu dans les discussions comme ayant volontairement escamoté le dossier de Bizerte au profit du seul et unique dossier d'Enfidha. On lui fait assumer l'entière responsabilité de la dernière décision ministérielle et l'on « se réserve le droit de poursuivre ce responsable pour le préjudice qu'« il a porté à la région de Bizerte ».