Le projet «Improware» offre une méthode intelligente pour le traitement des eaux usées dont l'épuration sera améliorée en vue de les réutiliser dans plusieurs secteurs, tels que l'agriculture, le tourisme et l'industrie. Un atelier de travail a eu lieu récemment à Tunis, au sujet du projet «Improware» qui s'inscrit dans le droit fil du développement durable. L'atelier avait pour objectif, notamment, la promotion de la coopération entre les acteurs intéressés, en vue de partager les connaissances en matière de traitement des eaux usées et de choisir la meilleure méthode d'épuration. Mme Leila Bahri, experte nationale, a introduit les travaux dudit atelier en présentant ce projet. Elle a rappelé l'objectif de l'atelier avant de présenter le programme, qui est réparti en deux sessions. La première est consacrée à la présentation des composantes du projet Improware, alors que la seconde consiste en une animation d'un débat sur la problématique de l'utilisation des eaux traitées et les solutions envisagées pour une meilleure coopération et une amélioration de la communication entre les structures concernées par la gestion des eaux traitées. L'état des lieux des eaux usées et leur traitement en Tunisie ainsi que le rôle de l'Office national de l'assainissement (Onas) ont été présentés par M. Khalil Attia, président-directeur général de l'office en question. Il a notamment indiqué que «la qualité des eaux traitées dépend dans une large mesure de la séparation à la source des eaux usées. Cela permet de réduire le coût du traitement, tout en améliorant la qualité des eaux rejetées par les industriels». En termes plus clairs, les eaux usées provenant des ménages ne peuvent pas être traitées dans une même station d'épuration avec les eaux provenant des industriels. Ainsi, les industriels doivent respecter les lois en vigueur en matière de rejet hydrique pour avoir une meilleure qualité des eaux traitées. Ils doivent surtout s'équiper en stations de prétraitement. Il est nécessaire aussi d'assurer une meilleure collaboration avec la société civile et les différents intervenants afin de trouver des solutions efficaces quant à l'utilisation des eaux traitées et à la rationalisation de l'utilisation des ressources d'eau conventionnelles. L'Onas n'a pas pour mission de produire de l'eau potable, mais de traiter l'eau usée selon les normes fixées par l'Etat. Ces eaux peuvent servir dans plusieurs activités comme le lavage dans les tanneries, l'irrigation des espaces verts et de certaines cultures, le sanitaire dans les établissements touristiques... Les secteurs agricole, touristique et industriel sont les plus concernés par une réutilisation des eaux épurées. Contraintes budgétaires Le coût de raccordement des logements étant fortement subventionné par l'Etat, des contraintes budgétaires sont enregistrées par l'Onas. Cela rend le développement du traitement des eaux usées plus difficile. Comme l'a souligné Mme Nabiha Ouerfelli, chef de service à l'Onas, «l'Office compte, dans le cadre de son prochain programme, réhabiliter 130 stations d'épuration grâce à un financement du bailleur de fonds allemand KFW, sans compter les 30 autres stations avec un financement de la Banque africaine de développement (BAD)». Parmi les projets futurs, il s'agit aussi de la création de nouvelles zones irriguées d'une superficie de plus de 8.500 hectares, ainsi que l'installation de 5 parcours de golf d'une superficie de 450 hectares. L'oratrice a aussi indiqué qu'il est nécessaire d'effectuer une amélioration du traitement des eaux usées, d'adopter les techniques performantes et de faire appel aux compétences. La réalisation de ces objectifs reste étroitement tributaire de la politique du pays en matière de lois, d'investissements et de mobilisation des intervenants. Le projet «Improware» peut constituer à cet effet une solution pertinente pour la Tunisie. L'une de ses composantes a d'ailleurs pour objectifs l'amélioration de la qualité de l'eau traitée à réinjecter dans les nappes souterraines ainsi que le suivi de l'eau traitée. Plusieurs études ont été élaborées dans le but de trouver des solutions optimales pour le traitement des eaux usées telles que le filtrage par le sable, l'installation de barrages et de cloisons dans les bassins de maturation, le traitement avec l'hydroxyde de sodium au lieu de l'acide paracétique qui est coûteux en Tunisie... Pour donner un aperçu sur la situation actuelle des eaux usées, un rapport a été réalisé et présenté à la Banque mondiale. Le site pris comme exemple est doté de 3 bassins avec une capacité annuelle de 500.000 m3 d'eau usée traitée. L'objectif principal des études élaborées est de démontrer la possibilité d'amélioration de la qualité des eaux déversées dans les stations d'épuration qu'elles soient utilisées pour la réinjection souterraine ou pour les besoins agricoles. Par ailleurs, la plateforme d'e-learning et son programme constituent la composante 5 du projet. Il s'agit de faciliter la communication à l'échelle locale et pouvoir toucher le plus grand nombre possible de cibles concernées par tout ce qui concerne le traitement et la réutilisation des eaux usées en Tunisie. C'est dans ce cadre qu'une quinzaine de personnes seront sélectionnées pour suivre des cours en ligne à partir de février 2014. Les problèmes mis en exergue par les participants à l'atelier de travail relatif au traitement des eaux usées sont multiples. La qualité laisse encore à désirer, dans la mesure où l'aspect microbiologique est apparent dans les analyses. On a aussi noté un manque de confiance des utilisateurs potentiels dans la qualité de l'eau et des traitements/procédés mis en œuvre. Le manque d'analyses bactériologiques qui nécessitent une certification a encore aggravé la situation. D'autant plus qu'il y a absence d'assurance de la qualité de l'eau traitée avant injection. Le manque de fiabilité est dû aussi à une absence de données sur la qualité de l'eau traitée. Les participants ont, par ailleurs, relevé une mauvaise coordination entre les différents intervenants dans le domaine de l'eau, à savoir les ministères de l'Agriculture, de l'Environnement et de la Santé publique. Le chevauchement des responsabilités des partenaires, l'absence de communication entre la recherche, la vulgarisation et les agriculteurs sont autant de lacunes auxquelles il faut remédier.