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Deux hommes et une Révolution
Rencontre avec Riadh Sifaoui et Shirane Ben Abderrazak
Publié dans La Presse de Tunisie le 14 - 03 - 2014

A événement inédit, expression originale : cristallisation sur pages matérielles de moments forts de la révolution et de la transition partagés en trois années de pages virtuelles. Rencontre avec le duo Riadh Sifaoui et Shirane Ben Abderrazak, coconcepteurs du livre « Fragments de Révolution »
Quand survint le 14 janvier 2011, ces deux Tunisiens de France, de générations différentes, ne se connaissaient pas encore. Riadh Sifaoui, ancien diplômé de l'Ecole Polytechnique et de l'Ecole nationale supérieure de techniques avancées a quarante-sept ans et une expérience internationale en innovation et en conduite du changement qui l'a notamment mené en 1998 à contribuer à la transition démocratique en Afrique du Sud. Shiran Ben Abderrazak n'a pas encore trente ans et déjà une plume de journaliste et d'écrivain trempée à des études politiques et de sciences sociales. Parti en 2009 d'une enquête sur « l'étrange stabilité du système politique tunisien », son mémoire de master portait ce titre prémonitoire : « Une dictature sans dictateur ? »
Le temps du virtuel
Interpellés au même titre par un changement auquel personne ne s'y attendait plus, ils ont investi la Toile, chacun de son côté. Sur son blog, Shiran approche des thématiques et publie des articles d'une profondeur analytique peu courante chez les jeunes de son âge. Tandis que Riadh fonde et anime « El Kasbah », la page FB aux trente mille amis. Sous le couvert de l'anonymat, mais derrière ce pseudo emblématique de la vigilance, le conseiller en conduite du changement s'improvise sentinelle et s'adonne, à ses heures, à une écriture aussi engagée que débridée.
Mais pourquoi donc avoir choisi l'anonymat si c'est pour rompre le secret trois ans après ?
Sifaoui répond : « Se présenter sur la Toile à visage découvert vous enferme dans votre case et votre communauté d'origine. Je me suis retrouvé en train d'échanger avec les miens, dans une micro-Tunisie, celle de mon entourage... Mon anonymat va ouvrir la page à une large communauté de l'intérieur de la Tunisie et de l'extérieur. Cela va des gens qui cherchent à comprendre aux universitaires qui veulent publier leur lecture des évènements. ; une participation sans a priori mue par la même curiosité et les mêmes interrogations envers la manière dont l'actualité est racontée ».
Veille médiatique, chasse à l'intox, pédagogie des élections, géographie électorale, analyses et interviews autour des thèmes clés de la révolution et de la transition, El Kasbah, pour ceux qui l'ont massivement fréquentée en ces trois dernières années, n'a pas cherché à assener des vérités, autant qu'elle a interrogé les récits dominants et dévoilé les stratégies de la tension.
Le temps du réel
Mais, alors, d'où vient ce besoin singulier de coucher l'expérience virtuelle dans un livre ; sur une page d'histoire dûment imprimée ?
Le fondateur d'El Kasbah dit simplement avoir répondu à la demande de sa communauté : « Autant tout est enregistré dans la mémoire d'Internet, autant tout se perd au fil des jours et devient difficile à retrouver. Alors, le désir est venu de la communauté de cristalliser cette représentation de l'agora qu'est El Kasbah... Il fallait extraire tous les textes, il y avait de la matière pour mille pages et puis faire le tri. Je ne voulais pas que le choix vienne de moi. Ce sera le rôle de Shirane ».
Pour le jeune journaliste, il ne sera pas question de procéder à une fastidieuse compilation chronologique des textes : «Ce qui me semblait intéressant et original, c'est de recréer une histoire avec des textes en apparence hétéroclites, mais qui, au fil d'un cheminement thématique, s'interconnectaient les uns aux autres. C'est qu'au delà du temps, reviennent les mêmes problématiques de la société tunisienne qui ne se sont pas réglées et ne sont pas prêtes à être réglées. Tous les textes finissaient par s'agglomérer pour former de grands ensembles thématiques. Dans le chapitre sur les femmes, par exemple, les textes sur le CSP et sur la complémentarité de la femme se mettent bout à bout. Il s'agissait juste de créer le cheminement qui donne sens à tout cela et surtout une envie de découverte pour le lecteur». En cela, Shiran ne prendra pas le parti de la facilité.
Le temps des clés
Au risque de ne pas ouvrir ses pages à une lecture facile et épurée, le livre « Fragments de révolution » opte pour une approche conceptualisée, luxuriante et poétisée où les contenus se partagent entre pédagogie, réflexion, et vives émotions... Tranches de ce qu'un blog aurait contenu : de l'analyse politique aux témoignages vivants. Une incursion dans la vie des Tunisiens comme elle n'a jamais été racontée.
« El Kasbah c'est l'histoire du début du changement. C'est l'histoire de la redécouverte de soi, de sa voix, mais aussi de la voix de l'autre. C'est l'apprentissage par tous du dialogue... », écrit Shiran dans la préface avant de nous livrer des clés de lecture : une démarche en quatre temps. « Le temps de la complexité », « Le temps du dégel », « Le temps des luttes », « Le temps du dialogue ». Chaque temps s'articule autour d'une grande interview explicative et se décline en deux ou trois chapitres. Cela va de « La femme, cet objet politique » à « La non-révolution médiatique » en passant par « 14 janvier : où est la vérité ? ». Les dix chapitres sont constitués de textes signés tour à tour par El Kasbah-Sifaoui et des membres contributeurs de sa communauté qui amènent le lecteur jusqu'à la réalité d'aujourd'hui.
« Un objet écrit non identifié »
« Une réalité que l'on dit révolutionnaire et où justement pour cette raison, tout reste à créer. Pour signifier que tout cela n'a pas été qu'un rêve agité... », explique encore Shiran qui recommande avant tout au lecteur de se départir du dernier a priori et de la plus réconfortante idée reçue...
Cela n'empêche pas « Fragments de Révolution » de se fermer sur une ode à la joie titrée « Au pays des merveilles ».
Au vu de tout cela, « Fragments de Révolution » est une composition intense, adaptée à l'air du temps, à cheval sur les espaces et les genres : blog, mook, livre... « Un objet écrit non identifié », de l'avis de son éditeur.
Edité à compte d'auteur, le livre compte plus de trois cents pages et sera présenté cet après-midi à l'Espace Al Kitab.


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