Malgré des moyens modestes, les Marsois sont capables de mieux. Il leur fallait croire un peu plus en leurs moyens... Pour la troisième saison consécutive, l'Avenir colle aux quatre grosses écuries du football tunisien. Le club marsois a terminé à la cinquième place du classement, tout juste derrière l'ESS, le CA, le CSS et l'EST. Un bon point à l'actif d'un club aux moyens, humains et financiers modestes. Ceci sans compter une infrastructure sportive déplorable : la pelouse centrale du Chtioui est à la limite du praticable, outre le fait que le stade est dépourvu d'une annexe d'entraînement. De ce fait, chaque sortie à domicile relève du parcours du combattant. Et pour l'Avenir et pour ses hôtes. Pour une équipe qui se veut technique, c'est un casse-tête en permanent. Par ailleurs, le conservateur Dragan a préféré claquer la porte et fuir le club au bout seulement de 8 journées, ponctuées par 3 victoires et 5 matches nuls. On reprochait au Franco-Serbe son jeu trop défensif. La pression du public pour que son équipe soit plus portée vers l'attaque était telle que Dragan a préféré partir subitement, laissant tout de même une équipe classée cinquième. Son successeur, Adel Sellimi, n'a pas fait l'unanimité. Sous sa houlette, l'équipe a remporté 9 victoires, perdu 11 matches (dont 5 à domicile) et fait 2 matches nuls. Si Sellimi s'est montré plus audacieux que son prédécesseur, remportant trois victoires mémorables contre le CSS, le CA et le ST, il a perdu les matches qu'il ne fallait pas à domicile. Lui aussi a terminé à la cinquième place. Le bilan final est plutôt mitigé : 12 victoires, 6 matches nuls et 12 défaites. Fébrilité défensive Les banlieusards ont marqué 28 buts et en ont encaissé 27. Fébrilité défensive qui dérange, beaucoup de points ayant été perdus à cause d'erreurs anodines. Pourtant, Dragan tout comme Sellimi ont généralement évolué avec quatre défenseurs et trois pivots. Sauf que Dragan s'est entêté à faire évoluer Walid Hichri (un axial de métier) comme milieu relayeur. Personne n'a compris cet entêtement, d'autant que Hichri était perdu dans ce nouveau rôle. Au lieu de constituer un premier rideau défensif, Hichri a constitué le maillon faible de la chaîne. Et puis, on ne comprenait pas pourquoi Dragan persistait à évoluer constamment avec 5 joueurs à potentiel défensif, quel que soit l'adversaire à domicile ou à l'extérieur. Avec lui, tout le monde se repliait derrière, constamment en attente d'une éventuelle contre-attaque qui ramènerait une occasion. A la longue, le jeu de l'Avenir a fini par lasser plus d'un, notamment son public. Avec Sellimi, tous les joueurs participaient à la construction du jeu, aussi bien en phase offensive que défensive. Les «Vert et Jaune» marquaient des buts, prenaient même des fois l'avantage, mais ne le conservaient pas tout le temps. Ce qui explique entre autres les résultats en dents de scie. Certes, Sellimi a donné un cachet de jeu plus offensif à l'équipe, mais sous sa houlette, les joueurs ont manqué de lucidité mentale et ont perdu en cours de route des points précieux. Ce qui a manqué à Sellimi, c'est le coaching au niveau psychologique et mental, notamment en cours de match. Car faute d'endurance mentale, les Marsois n'ont pas su tenir bon vers la fin des matches à leur portée. Ils n'ont pas su également être réguliers. Le mental, c'est un travail de tous les jours. «Plutôt correct » Adel Sellimi affiche une satisfaction mesurée lorsqu'on l'interroge sur son bilan à la tête de l'ASM : «C'est plutôt correct par rapport à l'effectif et au calibre de nos adversaires. Lorsque j'ai pris les rênes de l'équipe, elle était classée cinquième. Je reconnais avoir perdu les matches qu'il ne fallait pas perdre à domicile devant l'OB, la JSK, El Gawafel et le Stade Gabésien. Puis, il y a la question de l'irrégularité au niveau des résultats. Les joueurs ont pris à la légère certains adversaires et, par conséquent, ils ont perdu des matches à leur portée. Je reconnais que j'ai ma part de responsabilité dans ces défaites car c'est à l'entraîneur de bien préparer mentalement ses joueurs. Toutefois, je tiens à souligner que j'ai pris le train en marche. Je n'ai pas fait la préparation d'intersaison et ce n'est même pas moi qui avais fait les recrutements au mercato hivernal. J'ai travaillé avec les moyens du bord. J'ai essayé de bien faire. Je pense que j'ai réussi en partie ma mission», estime l'ancien entraîneur des «Vert et Jaune». «Préserver les équilibres» Le président marsois est également satisfait de son bilan à la tête du club : «Lors de la saison 2010/2011 nous avons assuré in extremis notre maintien parmi l'élite alors qu'une saison auparavant, l'équipe évoluait en Ligue 2. Nous avons terminé l'exercice 2011/2012 à la cinquième place. La saison écoulée, nous avons disputé la finale de la Coupe de Tunisie. En finissant cinquième, nous avons confirmé notre régularité. Mon souci majeur est de préserver les équilibres dans un premier temps. Chose faite sur le plan financier. Au niveau de l'effectif, les joueurs qui forment l'ossature de l'équipe sont sous contrat jusqu'à 2016 et 2017. Je parle des Ben Messaoud, Zied Jebali, Laâbidi, Omrani, Talla et Abbès. Pour la première fois depuis des années, aucune plainte n'a été déposée cette saison par un joueur pour impayé. Les salaires sont versés dans les temps», affirme Maher Ben Aïssa. Mais le temps n'est-il pas venu de grandir ? Le président de l'Avenir préfère ne pas brûler les étapes : «J'aurai signé à blanc pour la cinquième place avant même l'entame de la saison. Ceci pour vous dire ma satisfaction. Nous sommes cinquièmes, tout juste derrière les quatre grosses cylindrées du championnat qui ont des budgets cinq fois supérieur au nôtre. Nous devons assurer une régularité pendant encore trois saisons en restant à la cinquième place et en essayant d'aller le plus loin possible en Coupe de Tunisie. Par la suite, nous serons en mesure de passer à un palier supérieur à condition bien sûr de continuer à préserver nos équilibres financiers. Il faut également régler sérieusement la question de l'infrastructure sportive en dotant le stade Chtioui d'une annexe pour les entraînements», conclut le président de l'ASM. Quatre jeunes issus de l'école marsoise ont intégré les seniors cette saison : Mchala, Laâbidi, H'nid et Belaârbi. La saison prochaine, cinq juniors feront également leur accession chez les pros. En attendant de voir plus grand, les Marsois continuent à faire leur bout de chemin.