VARSOVIE (Reuters) — Bronislaw Komorowski, candidat du Premier ministre Donald Tusk, a remporté l'élection présidentielle polonaise de dimanche mais avec un avantage moindre que prévu, qui jette un doute sur la mise en oeuvre de réformes impopulaires d'ici aux législatives de 2011. Le candidat libéral de la Plate-forme civique (PO) a obtenu 53% des voix au terme d'un scrutin où le conservateur Jaroslaw Kaczynski, du parti Droit et justice (PiS), en a recueilli 47% selon les résultats définitifs annoncés lundi. L'écart relativement faible entre les deux adversaires, l'approche d'élections locales et l'échéance des législatives de l'an prochain devraient inciter Donald Tusk à la prudence en matière de réformes, estiment des politologues. La victoire de Komorowski "est positive pour les marchés", selon une note de Goldman Sachs. "Toutefois, il semble de plus en plus improbable que ces réformes aient lieu rapidement du fait qu'approchent des élections locales et législatives." En Pologne, le gouvernement définit la politique de la nation. Le président peut proposer des lois et dispose d'un droit de veto. Il attribue des postes clés de l'administration et a voix au chapitre en matière de défense et de politique étrangère. La PO au pouvoir fait face à un déficit budgétaire élevé, à une forte dette publique, à un système de santé en déconfiture et un système de retraites inefficace. Une réforme des retraites pourrait affecter agriculteurs, mineurs et enseignants parmi d'autres. Jaroslaw Kaczynski espérait succéder à son frère jumeau Lech, dont la mort dans un accident d'avion le 10 avril en Russie a provoqué l'élection anticipée. Lech Kaczynski avait opposé son veto à certains projets de réforme de Donald Tusk. "Vous avez tout le pouvoir maintenant. Montrez-nous ce que vous savez faire", écrit en première page le quotidien le plus vendu de Pologne, Fakt, en se référant au parti de Tusk. "Montrez ce que vous savez faire" Dimanche soir, Donald Tusk a assuré qu'il tiendrait son engagement de mettre un frein aux dépenses publiques. Son ministre des Finances, Jacek Rostowski, a souligné qu'un budget 2011 sobre et prudent était désormais crucial. "Nous tenons à gérer nos dépenses de façon raisonnable, ce qui exigera le soutien de la classe politique et des citoyens. Je demanderai à mes partenaires politiques et au parlement de contribuer à imposer un peu de discipline dans nos finances publiques", a dit Tusk aux journalistes. Le plus grand des ex-pays communistes de l'Union européenne est le seul du bloc à avoir évité la récession l'an dernier, mais la Pologne doit réduire un important déficit budgétaire (7% du PIB) et une dette publique approchant les 55% du PIB. Les investisseurs redoutaient une victoire de Kaczynski en raison de son opposition à une réduction des dépenses et aux privatisations et parce que le conflit entre le gouvernement et le président risquait de s'aggraver. Père de cinq enfants, connu pour son caractère pondéré, Bronislaw Komorowski va devenir pour un mandat de cinq ans le quatrième président démocratiquement élu de la Pologne depuis la chute du communisme en 1989. En tant que président de la Chambre basse du parlement, il avait automatiquement assuré l'intérim à la magistrature suprême après le décès de Lech Kaczynski. Son élection sera bienvenue dans les autres capitales de l'UE et en Russie parce qu'il soutient les initiatives prises par le gouvernement Tusk pour améliorer les relations étrangères, mises à mal lorsque Jaroslaw Kaczynski était Premier ministre, en 2006-2007.