«Tunisie Autoroutes» est une entreprise qui vit depuis quelque temps dans une situation financière difficile. Une stratégie à court, moyen et long terme sera mise en œuvre pour sauver les meubles. «Tunisie Autoroutes» est tenue d'accélérer la réalisation des projets en retard ou suspendus en adoptant une nouvelle stratégie commerciale. Il s'agit aussi de trouver, au plus vite, des solutions aux problèmes fonciers qui constituent un frein pour la concrétisation des projets de développement. A noter que le droit de péage n'a pas changé depuis 2003, ce qui est considéré par le ministre comme anormal pour une entreprise qui a plusieurs charges dont la maintenance des autoroutes, le paiement des salaires... Prochainement, la tarification relative aux réseaux d'autoroutes sera révisée. «Tunisie Autoroutes», entreprise placée sous la tutelle du ministère de l'Equipement, de l'Aménagement du Territoire et du Développement durable, a réalisé depuis sa création plusieurs projets d'autoroutes qui ont permis de faciliter la circulation sur des réseaux modernes et sécurisés. D'importants investissements ont été réalisés à cet effet dont une partie provient des crédits octroyés par des bailleurs de fonds internationaux. Les autoroutes aménagées ont eu le mérite également de dynamiser la vie économique dans plusieurs régions puisque les producteurs peuvent se déplacer en un laps de temps d'un point à un autre pour livrer rapidement leurs marchandises vers les lieux de consommation, les ports et les aéroports. Cependant, au cours des dernières années et comme de nombreuses entreprises publiques et privées, «Tunisie Autoroutes» est passée par une période difficile. Cela ne l'a pas empêchée de poursuivre la réalisation de ses programmes et projets d'autoroutes programmés dans plusieurs régions du pays. Récemment, le gouvernement a désigné un gestionnaire d'Etat — qui était un cadre du ministère de tutelle — pour assurer la direction générale de «Tunisie Autoroutes» avec une mission précise : résoudre les problèmes de l'entreprise et lui permettre de poursuivre ses activités normalement. Augmentation des charges financières Les présidents-directeurs généraux qui se sont succédé à la tête de cette entreprise avant et après la révolution — qui sont tous des ingénieurs — n'ont pas été à l'origine de la situation précaire dans laquelle se trouve «Tunisie Autoroutes». Selon une source au ministère de l'Equipement, ces compétences ont déployé des efforts, chacun de son côté, et en collaboration étroite avec le ministère de tutelle, pour développer l'entreprise et améliorer ses performances dans le but d'éviter les problèmes d'ordre financier, administratif et social. D'autant plus que l'Etat a soutenu ces efforts en se portant garant, à plusieurs reprises, pour consolider le capital de l'entreprise tout en la chargeant d'exécuter certains projets à travers des crédits extérieurs. La valeur des projets d'autoroutes en cours d'exécution, à titre d'exemple, est de près de 2.000 millions de dinars. L'état d'avancement des travaux de ces projets est lent à cause de plusieurs facteurs qui sont responsables, d'ailleurs, des problèmes auxquels fait face l'entreprise. De plus, une politique de bonne gouvernance claire et un organigramme ne sont pas disponibles au sein de l'entreprise. Même le climat social est difficile à cause du nombre croissant des employés, des grèves déclenchées de temps à autre, de la baisse de la productivité et du retard enregistré dans la réalisation des projets. D'où l'augmentation des charges financières de «Tunisie Autoroutes» qui a été contrainte de payer les pénalités de retard dont la valeur a atteint près de 50 millions de dinars aux entreprises chargées, depuis avril 2010, de réaliser l'autoroute Sfax-Gabès. Manque de rentabilité Les ingénieurs ne sont donc pas responsables des décisions politiques prises par le régime qui a précédé la révolution. Ces décisions n'ont pas pris en considération un critère important appliqué au niveau international, à savoir un montant de péage et de circulation d'une valeur raisonnable pour permettre à l'entreprise de continuer à aménager des autoroutes dont certaines sont devenues, aujourd'hui, un vrai fardeau compte tenu du manque de rentabilité. Des erreurs de gestion pourraient être commises sous la responsabilité de certains présidents-directeurs généraux au cours des dernières années. Mais les décisions politiques prises au plus haut niveau n'étaient pas discutables. Le ministère de l'Equipement veut sauver cette entreprise qui joue un rôle capital dans le domaine socioéconomique. Il a dévoilé ses intentions devant le Conseil d'Administration à l'occasion de l'installation du nouveau président-directeur général. Ainsi, le ministère a tiré la sonnette d'alarme concernant l'avenir de l'entreprise. Une stratégie doit être mise en œuvre à court, moyen et long terme en vue de préserver les activités de l'entreprise et d'assurer son développement. Le sauvetage de l'entreprise est une responsabilité partagée entre tout l'effectif en exercice. Celui-ci est appelé à ne pas se limiter aux intérêts personnels — notamment au cours de cette période critique— et à éviter les demandes exagérées. L'orateur a même proposé une trêve de six mois, ou une année au moins, pour laisser le temps aux employés et au nouveau responsable de maîtriser la situation. Sans ses réserves financières dans les banques, l'entreprise n'aurait pas pu payer les salaires de ses employés. Il est nécessaire, par ailleurs, de ne plus compter sur les facilités présentées par l'Etat, à chaque fois, pour soutenir l'entreprise et la sauver de la faillite. Ce sont les contribuables qui participent, en réalité, à travers les impôts, à la construction des autoroutes et au remboursement des crédits contractés auprès des banques étrangères. L'Etat n'a plus d'autres alternatives, au cours des dix prochaines années, pour sauver les entreprises publiques menacées de disparition.