Quelque 90% des jeunes Tunisiens affirment ne pas avoir connaissance du budget de leurs municipalités respectives, plus de 65% n'ont aucune idée sur la nouvelle loi électorale, alors que plus de 40% ne connaissent pas le contenu de la nouvelle Constitution. Des chiffres qui en disent long... C'est dans le cadre d'un projet pilote lancé par l'active association «I Watch» que cette dernière vient de publier les résultats de son sondage d'opinion réalisé auprès de 600 jeunes Tunisiens âgés de 18 à 35 ans dans cinq gouvernorats, à savoir Gafsa, Sfax, Sousse, Le Kef et Médenine. Ledit projet pilote qui vient d'être lancé concerne la démocratie participative et la gouvernance locale et durera une année, suite à quoi on projette de l'étendre à d'autres gouvernorats. En ce qui concerne le sondage, c'est une sorte de diagnostic que l'association a réalisé pour déterminer les axes de travail des tables rondes qui seront organisées par la suite et qui mettront les jeunes autour d'une même table de discussion avec les responsables locaux. L'intérêt des ces tables rondes est de sensibiliser les responsables des localités respectives aux thèmes et problématiques auxquels les jeunes locaux portent leur intérêt. L'emploi en premier Présentant les résultats dudit sondage, l'ingénieur de statistiques chapeautant le projet auprès de I Watch, Dhia Elhak Ammar, a précisé lors d'une conférence de presse mardi, que ce diagnostic qui vise les jeunes est une étape pour détecter les besoins de ces derniers et leur relation avec la démocratie participative. «Nous avons constaté que les jeunes dans les cinq gouvernorats s'intéressent plus à l'emploi, à raison de 51% des sondés. le développement régional vient au deuxième rang des intérêts des jeunes (30%) et puis arrivent la sécurité et la lutte contre le terrorisme, a-t-il affirmé. Pour ce qui est de la démocratie participative au niveau local, 58% des sondés ont indiqué qu'ils sont favorables à l'établissement des fondements de la démocratie participative, alors que 28% voient qu'elle n'est pas une priorité dans le contexte actuel. Le désintérêt à l'égard des réunions et débats animés par les autorités locales et régionales est notable puisque 79% des interrogés ne s'y intéressent pas et seulement 17% déclarent qu'ils sont attentifs à ce genre de réunions. Désintérêt de la vie associative et politique Autres chiffres révélateurs. Quelque 90% des sondés affirment ne pas avoir connaissance du budget de leur municipalité. Plus de 65% ne savent pas le contenu de la nouvelle loi électorale, plus de 4% n'ont aucune idée sur la Constitution et plus de 50% n'en ont qu'une connaissance superficielle. Aussi, 14% des jeunes déclarent être membres d'une association ou d'un syndicat. Quant à la vie politique, 40% des jeunes interrogés comptent aller voter aux prochaines élections municipales. 30% n'ont pas encore décidé s'ils vont voter ou non, tandis que 28% déclarent qu'ils vont bouder les urnes. Parmi ceux qui ont l'intention de voter, 42% sont âgés de 25 à 30 ans et 45% entre 31 et 35 ans. Ceux qui bouderont les urnes sont plus nombreux à Sousse que dans les autres gouvernorats. 45% des sondés, contre 26,4% au Kef, 23,7% à Sfax, 22,6% à Médenine et 22,3% à Gafsa. Même s'ils sont partagés quant à la confiance envers les institutions de l'Etat, les jeunes sondés sont plutôt méfiants envers les institutions politiques. Plus de la moitié, soit 52%, déclarent qu'ils s'intéressent à la politique, dont seulement 9% sont tout à fait intéressés. Outre la confirmation que vient apporter ce sondagte quant au désintérêt des jeunes vis-à-vis de la vie politique, il a soulevé leur méfiance des institutions locales. Mais ils ont affiché leur motivation à adhérer au processus de démocratie participative afin de changer la situation notamment en ce qui concerne le développement du pays.