• «L'exposition est un parcours intelligent qui témoigne du caractère unique du rapport historique, artistique et culturel entre les deux rives de la Méditerranée, et surtout entre la Tunisie et l'Italie. Ces grandes affinités ont permis au cours de l'histoire, et particulièrement durant ces dernières années, d'affirmer une culture où il est parfois difficile de distinguer les origines nord ou sud de la matrice culturelle méditerranéenne». «Telle est l'excellence de cette synthèse», affirme le directeur de l'Institut italien de la culture, Luigi Merolla. Le vernissage de la magnifique exposition intitulée «L'image de l'Italie à travers les vues de la galerie Sabauda», qui se déroule à l'Institut italien de la culture, a cette particularité de présenter des œuvres originales et non pas des copies comme c'est d'usage en pareilles occasions. Quatorze peintures qui présentent une importante sélection d'œuvres parmi les plus précieuses provenant de la galerie Sabauda de Turin et qui attestent de l'extrême raffinement de la peinture de paysage en Italie des XVIIIe et XIXe siècles. Autrefois propriété de la maison de Savoie, régnant sur le Piémont, ces œuvres ont enrichi le patrimoine de ce prestigieux musée de Turin, devenu l'une des pinacothèques les plus importantes d'Europe. L'intérêt pour la vue de paysage (veduta di paesagggio) se répandit à partir de la fin du XVIIe siècle et fleurit surtout dans les centres comme Venise, Rome et Naples, les étapes privilégiées du Grand Tour, et s'affirma d'une manière prépondérante à Milan et Turin, villes réputées pour leur dynamisme culturel. Longtemps, le Grand Tour a constitué une étape décisive dans la formation artistique de jeunes artistes français, allemands, hollandais et anglais, attirés par l'émerveillement et l'éblouissement d'un enseignement exceptionnel qui puise ses fondements dans l'histoire et les antiquités classiques. Les vues extraordinaires de la galerie Sabauda ont été réalisées par de grands maîtres de l'histoire de l'art italien comme Francesco Guardi, Antonio Canal, dit le Canaletto, Giovanni Migliaria, ou par des artistes qui ont fait fortune et trouvé leur inspiration en Italie comme Gaspar Van Witeel, Jules-César-Denis Van Loo, Lorenzo Pécheux. On remarquera que les toiles remontent à un espace temporel bien défini. Les extrêmes chronologiques, représentés vers le haut par les vues de Rome et de Naples exécutées par Van Wittel et vers le bas par celles dédiées à Milan et à Venise par G.Migliara, amènent, en effet, à concentrer l'attention sur le XVIIIes. C'est dans le sillon de la représentation fidèle et rationnelle du paysage urbain que se placent les deux tableaux du milieu du XVIIIes attribués au peintre vénitien Francesco Alberto. Ces œuvres sont accompagnées d'un noyau de quatre tableaux de la fin du XVIIIe s de Francesco Guardi, un autre interprète magistral de ce genre pictural qu'il sut rénover grâce à une transfiguration poétique de la réalité et l'utilisation d'un coup de pinceau rapide et frétillant qui écaille les formes en créant une atmosphère sombre et mélancolique. Les villes de Rome et Naples, autres étapes privilégiées du Grand Tour, cet important phénomène culturel au cours duquel toute la péninsule, de Turin à Palerme, avec étape obligatoire à Venise, Florence, Rome et Naples font belle figure avec le peintre hollandais Gaspar Van Wittel. La fidélité de la reproduction des architectures et des antiquités classiques, la technique rigoureuse, la richesse des détails, le traitement net de la lumière lui assurèrent un très grand succès. Un succès égal à celui de Van Loo Migliara ou Lorenzo Pécheux, des maîtres illustres dans la traditionnelle peinture de paysage qui unit des éléments réalistes à des détails fantastiques à travers des contrastes de lumière recherchés. Du palais du Bardo au centre culturel italien A la tête du plus important institut italien de culture de la rive sud de la Méditerranée, Luigi Merolla dirige, à partir de son quartier général, les antennes d'Alger, Rabat et Tripoli. Il exulte à l'idée d'accueillir à l'ICC de Tunis, cette magnifique exposition : «C'est pour nous un grand bonheur de faire honneur ce soir aux chefs-d'œuvre de la galerie Sabanda de Turin. Le paysage, l'art et la beauté représentent les plus prestigieuses expressions de la culture italienne à l'étranger. Notre institut est fier d'accueillir cette manifestation, la première étape d'un périple qui se poursuivra dans les autres capitales du Maghreb. En fait, cette exposition a démarré au Palais du Bardo le 29 juin avec la visite de M.Gianfranco Fini, président de la Chambre des Députés italiens. Après y avoir tenu le haut du pavé cinq jours durant, elle s'invite chez nous pour occuper les cimaises jusqu'au 30 juillet. L'humidité de l'air nous pose de sérieux problèmes, vu l'état précaire et vieux des toiles. Nous en prenons grand soin».