Au bout de dix jours de vacances parlementaires marquées par des divisions et des dissensions à propos des listes des candidats à la députation, les constituants reviennent cet après-midi à la tâche. A l'ordre du jour, la poursuite de la discussion de la loi antiterroriste C'est aujourd'hui, lundi 1er septembre, que les constituants devraient se retrouver, après un congé de 10 jours, au palais du Bardo pour poursuivre la discussion de la loi organique relative à la lutte contre le terrorisme et le blanchiment d'argent. Une séance plénière est programmée, aujourd'hui, à partir de 14h30 au siège de l'Assemblée nationale constituante (ANC) pour la reprise des débats et éventuellement l'adoption du reste des articles constituant la loi en question. Pour l'instant, 11 articles sont déjà passés, un autre a été rejeté et l'examen d'un article a été reporté à plus tard. En plus clair, les constituants auront à examiner quelque 123 articles (la loi en comporte au total 136) dans l'espoir de pouvoir adopter l'ensemble de la loi dans les quinze prochains jours, à condition que les absents retournent en classe et que les discussions interminables et les propositions d'amendement qui ont dépassé le chiffre de 300 soient revues à la baisse et que l'on comprenne qu'il est temps que la loi antiterroriste soit votée. Seulement, il reste que les observateurs et même les citoyens intéressés se posent la question suivante : combien seront, aujourd'hui, les constituants qui répondront présent à l'appel du bureau de la Constituante, surtout qu'un grand nombre parmi eux, principalement ceux qui ne brigueront pas de sièges au prochain parlement, ne se sentent plus très concernés par ce qui se passe au palais du Bardo ? Une autre idée semble faire son chemin au sein de la classe politique et gagner l'adhésion de certains constituants : pourquoi ne pas transférer cette loi qui fait du bruit au prochain parlement qui s'installera pour une période de cinq ans, alors que l'actuelle ANC est censée vivre ses derniers jours à l'approche du rendez-vous des législatives. Un consensus toujours fuyant Hichem Hosni, constituant du Parti populaire progressiste (PPP), se demande d'emblée pourquoi on a opté pour 14h30 alors qu'«aujourd'hui redémarre la double séance. Notre problème majeur est bien le rythme des travaux de la séance plénière parce que si on commence à 16h00 (il est impossible de débuter à l'heure fixée par le bureau de la chambre), nous n'aurons que deux heures de travail effectif par jour et c'est trop peu pour pouvoir boucler les 123 articles qui restent à discuter et à adopter». Les constituants seront-ils à l'heure ? «Pour le moment, il est trop tôt pour dire qui sera absent et qui marquera sa présence, même si la reprise de la discussion du projet de loi intervient au cœur de la précampagne électorale. Seulement, il est un fait qui pousse à la réflexion : c'est la première fois depuis le démarrage des travaux de l'ANC que les constituants nahdhaouis, connus pour leur discipline, enregistrent autant d'absences et de désintérêt à l'occasion de la discussion de la loi antiterroriste», ajoute-t-il. «Pour conclure, relève-t-il, c'est aujourd'hui que seront dévoilées les intentions des uns et des autres, entre ceux qui feront tout pour bloquer la loi de peur de perdre un électorat sur lequel ils comptent lors des élections, d'une part, et ceux qui feront, d'autre part, de l'adoption de cette loi leur cheval de bataille électoral. Toutefois, je reste convaincu que si la voix du consensus l'emporte, la loi peut être discutée et votée en deux ou trois jours». «Nous viendrons en grand nombre» Du côté de Tayyar Al Mahabba, on est convaincu que la loi antiterroriste doit être votée impérativement. «Le temps est venu, souligne Skander Bouallègue, constituant d'Al Mahabba, pour que les Tunisiens soient édifiés sur l'identité de ceux qui veulent que le statu quo persiste, puisque servant leurs intérêts, et ceux qui veulent que l'hydre terroriste soit éradiquée». Quant à la présence des constituants nahdhaouis dont la grande majorité ne figureront pas parmi les nouveaux candidats à la députation, il pense «qu'ils viendront en grand nombre au vu de leur discipline avérée, une qualité que personne ne peut leur contester». De leur côté, les constituants de Tayyar Al Mahabba ont déjà fait part de leur engagement à «assister à toutes les séances plénières et à faire entendre leur voix en concrétisation de la décision du président du parti, décision qui a été avalisée par les constituants». Skander Bouallègue ne pense pas qu'il y ait un électorat à satisfaire à travers l'adoption de la loi antiterroriste ou son blocage dans le but de la soumettre au prochain parlement. «Pour nous, il y a plusieurs articles dans cette loi qu'il faudrait amender, et même si les amendements en question étaient rejetés, la Cour constitutionnelle à créer après les élections pourrait déclarer les articles incriminés anticonstitutionnels», précise-t-il.