Le Bureau africain de l'Association internationale pour les études de langue et de littérature italiennes (Aislli) vient d'être inauguré à l'université de La Manouba. L'association en question est affiliée à l'Unesco depuis 1950 mais c'est la première fois qu'elle s'ouvre sur l'Afrique. Nous avons posé ces questions à Alfonso Campisi, Président de l' Aislli zone Afrique et maître de conférences en philologie à l'Université de La Manouba. Pourquoi avoir choisi la Tunisie pour lancer l'unique Bureau de L'Aislli en Afrique? Le choix du pays africain n'a pas été facile vu qu'une forte demande est arrivée à la direction internationale, d'autres pays et notamment de l'Afrique du Sud, où la présence de la communauté italienne, de sa langue et de sa culture sont fort représentées dans le pays. Le choix de la Tunisie a été favorisé, avant tout, par les relations d'amitié mais aussi économiques et commerciales, par la présence d'une communauté italienne assez importante et dynamique sur les plans économique et culturel, son rôle crucial joué dans l'histoire italienne pré-romaine et romaine, au Moyen Age et à l'époque coloniale et postcoloniale mais surtout sa large plateforme de diffusion que la langue et la culture italiennes ont dans le système éducatif et universitaire tunisiens. La langue italienne attire aussi un grand nombre d'étudiants... ? Oui, tout à fait, je tiens à vous rappeler quelques chiffres : la langue italienne est enseignée à plus de 55.000 lycéens, par rapport aux 15.000 pour l'espagnol et 5000 pour l'allemand. Sans oublier les innombrables cours de licences, masters et doctorats en langue et culture italiennes présents sur tout le territoire de la République. Le bureau de l'Aislli souhaite devenir non seulement un centre pour la propagation de la langue et de la culture italiennes en Afrique, mais aussi un centre scientifique et de recherche pour aborder l'influence culturelle africaine sur l'histoire de l'Italie, pour diffuser l'Italie en Afrique et l'Afrique en Italie. Une attention majeure sera bien évidemment réservée à la Tunisie Quels sont vos projets les plus immédiats pour ce Bureau ? Nos objectifs pour la Tunisie et pour l'Afrique peuvent essentiellement se résumer à la collaboration étroite avec le Ministère de l'Enseignement supérieur et de la recherche scientifique tunisien à la collaboration avec le Ministère de l'emploi, pour la promotion de stages et d'emplois, où l'on demande une parfaite connaissance de la langue et culture italiennes. Nous projetons d'organiser annuellement des colloques ayant comme objectif le dialogue interculturel et interlinguistique entre la Tunisie, l'Italie et d'autres pays africains .On tient également à développer le concept de l'italianité et de l'africanité respectivement en Afrique et en Italie. D'ailleurs, le premier Congrès international AIissli- Afrique en collaboration avec le département de langue italienne de l'Université de La Manouba, aura lieu à Tunis le 16 et 17 février 2015 et aura pour titre « Visions méditerranéennes : itinéraires, identités et migrations culturelles ». Le projet très ambitieux du bureau Aislli- Afrique est celui de mettre en relation entre eux les plus importants départements d'études italiennes présents dans des prestigieuses universités du continent et tisser plusieurs liens passant entre autres par la recherche scientifique, les stages, etc. Dans votre livre « Voyageurs arabes en Sicile normande», vous parlez d'une fusion culturelle et affinités religieuses qui «ont instauré un dialogue, devenu la devise et le cheval de bataille du roi Roger II de Hauteville. Croyez-vous qu'une telle fusion serait possible aujourd'hui ? Je suis un optimiste par nature. Je n'accepte pas une société qui refuse une telle fusion. Le mélange interculturel, interreligieux, interlinguistique est fondamental pour une société qui demande d'être respectée aux niveaux national et international. Chaque société doit comprendre que la diversité culturelle, religieuse et linguistique est source de richesse et pas d'appauvrissement et que l'extrémisme dans tous ses aspects est à combattre et à bannir des sociétés modernes. Dans mon dernier livre, j'exhorte l'individu à accepter et à respecter l'Autre, et à ne pas le pointer du doigt seulement parce qu'il est « différent », et différent de qui, de quoi? Je me demande. Aucun dogme, doctrine ou idéologie forcé ne doit être imposé à l'esprit humain. Seule la diversité et la capacité d'accepter et de respecter «l'autre » doivent avoir leur place dans les sociétés modernes. Vous savez, le concept de « normalité» n'existe pas .Il faudrait juste regarder un peu le passé et notamment la grandeur de la présence arabo-musulmane et normande en Sicile, pour se rendre compte que ces grandes civilisations restent un modèle encore de nos jours. Leur secret? Le dialogue.