Exposition «Solus» du photographe tunisien Wassim Ghozlani à la galerie Ghaya à Sidi Bou Saïd. «Prendre le temps de s'arrêter et de s'aventurer dans ces endroits en friche, abandonnés au milieu de nulle part, c'est un peu invoquer le passé, inventer des histoires et s'émerveiller de choses toutes simples, comme un mur saturé d'inscriptions ou une paire de chaussures laissée par son propriétaire qui ne reviendra jamais.» C'est en ces mots et tant d'autres encore que se résume le nouveau projet de Wassim Ghozlani, artiste-photographe tunisien, dont le talent n'est plus à démontrer— d'ailleurs, c'est lui qui vient de remporter le concours de l'affiche de la 25e session des Journées cinématographiques de Carthage qui se tiendront du 29 novembre au 6 décembre 2014—. Le jeune artiste de la boîte noire sort des sentiers battus, appareil photo à la main, il déambule aux quatre coins de la Tunisie, loin des villes habitées et du moment présent, il projette non pas vers le futur, mais cette fois-ci vers le passé avec le désir de dénicher le sens contenu dans chaque lieu, maison ou bâtiment jadis habité et aujourd'hui abandonné, par le biais de la photographie. Il expose des habitations «fantômes» désertées par leurs habitants et laissées à l'abandon depuis de nombreuses années. L'exposition se concentre sur des vestiges énigmatiques qui nous forcent à imaginer, ce qui a bien pu s'y dérouler, à se poser des questions sur les gens qui les habitaient avant, quelle était leur vie et ce qu'il en est de leur sort. On se pose des questions existentielles sur la vie et la mort, à repenser ce lieu ou ce foyer comme étant une identité, une racine et une empreinte qui reste même après le départ de ceux qui l'occupaient. Des maisons sans vie, en deuil, remémorant avec une mélancolie amère un passé bien rempli avec un silence assourdissant. Avec son appareil photo, donc, Wassim Ghozlani décille le regard du spectateur, le confronte à ces endroits connus ou méconnus, faisant preuve d'une technique fulgurante, résumée par un noir et blanc ahurissant, qui semble fouiller la nuit. Il a axé ses efforts sur le jeu de lumières, le blanc, le noir et les tons de gris, essayant de transposer encore davantage le sujet. Renvoyant le sens de chaque mur, de chaque porte, de chaque fenêtre, de chaque ligne ou d'une structure, ce qui ajoute à la photo une dimension supplémentaire, une beauté spirituelle et émotionnelle ou un sens philosophique. Une série de clichés, à la composition sobre et équilibrée, observe le monde avec un ton fait de sagesse et de grâce. A voir jusqu'au 21 novembre.