Les professeurs menacent de hausser le ton si leurs revendications ne sont pas entendues La fronde des enseignants du secondaire se poursuit. Ces derniers ont décidé, une nouvelle fois, de faire grève dans l'ensemble des collèges et des lycées, refusant de faire cours aux élèves pendant deux jours. La raison? Le non-respect des conventions et des accords qui ont été conclus entre le ministère de l'Education et le syndicat de l'enseignement de base au cours des derniers mois passés. Le torchon aujourd'hui brûle entre les deux parties. Le syndicat reproche notamment au ministère de l'Education de ne pas avoir tenu ses promesses alors que ce dernier tente en vain de convaincre les membres du syndicat que certaines revendications ne relèvent pas de ses prérogatives. Cette situation, les enseignants la vivent, aujourd'hui, de plus en plus mal excédés par ce dialogue de sourds. Retraite de misère Hier matin à neuf heures, l'artère longeant le lycée de la rue de Marseille était pleine. D'ordinaire, en classe en train de suivre les cours à cette heure-là, les élèves réunis en groupe devisaient tranquillement devant l'établissement. «Nous sommes au courant de la grève mais nous sommes venus, car nous avons un devoir d'anglais, note Khaoula, élève en terminale économie. Le surveillant nous a dit que les enseignants sont en grève et que notre devoir d'anglais a été reporté». A l'intérieur du lycée, la salle des professeurs, habituellement pleine, est vide. Ces derniers, qui ont signé le registre de présence, ont choisi de rester dans la cour, alors que d'autres ont préféré quitter l'établissement. Professeurs de maths, Ghassen H. et Hajer Belghith font partie des grévistes. Selon Ghassen : «Ce métier doit retrouver ses lettres de noblesse». Et d'ajouter: «Il ne s'agit pas de la seule revendication. Nous sommes tous des maîtrisards et pourtant nous sommes très mal payés. Un simple agent sans diplôme travaillant dans une institution est mieux rémunéré qu'un professeur. Nous percevons des salaires de misère alors qu'il s'agit d'un métier qui est pénible! Nous voulons que les conventions et les accords conclus avec le ministère de l'Education soient tout bonnement appliqués». Jeune professeur de maths, dynamique, Hajer Belghith ne s'imagine pas, quant à elle, prendre sa retraite à l'âge de 60 ans. Cette dernière pointe, par ailleurs, du doigt le maigre salaire des enseignants du secondaire auquel correspondent de faibles pensions de retraite. «Les enseignants à la retraite perçoivent des pensions dérisoires. Notre pouvoir d'achat a considérablement chuté. Beaucoup de choses doivent changer. Nous luttons pour que nos conditions de travail et notre situation matérielle soient améliorées». Criminaliser la violence en milieu scolaire Les élèves du collège de la rue de Marseille n'ont pas fait cours, hier. Cartables sur le dos, ils ont tous reçu la même consigne du surveillant général qui leur a signifié qu'il y avait grève et qu'ils pouvaient rentrer chez eux. Dans ce collège aussi, les revendications sont similaires. Les enseignants réclament une reconnaissance de leur statut professionnel, une revalorisation de leur salaire et de leurs primes qui n'ont pas été majorés depuis 1974 et demandent à être protégés contre les agressions verbales et physiques dont ils font l'objet régulièrement. «Beaucoup d'entre nous rencontrent des difficultés matérielles à cause de la cherté de vie. Le salaire des enseignants est relativement faible par rapport à d'autres corps de métier. Nous exigeons que notre situation matérielle soit améliorée. Nous avons également d'autres revendications. Nous voulons que la situation des suppléants soit régularisée. Il y a également un autre problème qui nous préoccupe, à savoir celui du phénomène de la violence qui a considérablement augmenté dans les établissements éducatifs. Il est impératif de criminaliser la violence en milieu scolaire dès lors qu'elle menace l'intégrité physique et morale des enseignants. Si nos revendications ne sont pas entendues, nous hausserons le ton et irons vers la grève administrative », a affirmé, pour sa part, Sonia Kefi, professeur d'éducation physique. Au lycée de la rue de Russie, l'ambiance est lourde. A cran depuis qu'un professeur de sciences physiques a été agressé en plein cours par un jeune individu le mois dernier, les enseignants réclament une protection renforcée de leur établissement. «Les conditions de travail sont mauvaises, a observé Seloua Ziadi, professeur d'anglais à la retraite et membre actif du syndicat de base du lycée. Nous avons beaucoup de problèmes. Notre statut n'a toujours pas été reconnu, notre situation matérielle est mauvaise et notre pouvoir d'achat s'est beaucoup détérioré ces dernières années. Par ailleurs, nous sommes de plus en plus exposés aux agressions physiques et verbales. Nous voulons que nos revendications soient entendues».