De notre correspondant à Paris, Jamel HENI « Allah allah ya baba, islamophobie on n'en veut pas, antisémitisme on n'en veut pas, tous les racismes on n'en veut pas...allah allah ya baba»... Les colères, place de la République, les convictions, c'est Fontaine des innocents. Ils étaient quelques centaines de personnes hier au premier arrondissement de Paris pour dénoncer l'islamophobie. A l'initiative d'Action antifasciste Paris-banlieue, plusieurs militants de gauche, des féministes, des figures de l'immigration... se sont entourés d'une «rubalise» de caricatures à contre-courants. «Liberté d'expression pour tous dans la limite des places disponibles», «là-bas, j'en vois un qui n'est pas Charlie», «je ne suis pas Charlie, fameux texte de Shlomo Sand...», une galerie de fortune, aux «croquis anticonformistes», s'enorgueillit un militant d'anti-fa. « Merde, on a créé une nouvelle religion», la caricature choque plus d'un. Un calembour de ce qui était entendu par beaucoup comme une obligation charliphile. Le dessin est vite remarqué et arraché par les organisateurs. «On n'est pas là pour stigmatiser, on est là pour dénoncer l'islamophobie. Or certains pourront y voir l'expression d'une haine contre les Musulmans». Finasserie qui ne sembla convaincre personne. «C'est tout le contraire qu'on voit, on s'en prend à la nouvelle religion Charlie», s'oppose énergiquement son contradicteur du jour. Plus loin, gazettes sous le bras, communiqués sur les genoux, Luc, ouvrier à la retraite, explique : « Notre organisation Voix prolétarienne manifeste aujourd'hui afin que le mouvement des protestations contre les attentats ne prenne pas la voie de la répression, de la stigmatisation et de la haine». Les mots sont posés. « Révolutionnaires contre réactionnaires». Manifestation anti-islam interdite «Femmes en luttes 93», féministes de banlieues, recentrent le débat autour des discriminations. « Pas de fascistes pour les quartiers, pas de quartiers pour les fascistes». Elles scandent leurs slogans dans un franco-tunisien inédit: « Allah allah ya baba, islamophobie on n'en veut pas, antisémitisme on n'en veut pas, tous les racismes on n'en veut pas...allah allah ya baba..».... Plus assumée, une pancarte « Touche pas à mon prophète» tranche dans le vif. A quelques enjambées, place de la Bourse, la manifestation anti-islam à l'initiative de Riposte laïque a été interdite par la préfecture de la police. Décision saluée par le maire du 2e arrondissement, Jacques Boutault. « Le racisme n'est pas une opinion», rappelle-t-il.