Fernand d'Onofrio est un artiste français d'origine italienne dont les voyages ont marqué le parcours atypique de peintre ayant trouvé son chemin et son style hors des sentiers battus des écoles et des académies d'art. L'immensité américaine lui donne le sens de l'espace, de la hauteur et de la monumentalité. Le Maroc remplit ses pupilles d'une lumière éclatante, qui l'atteint, comme jadis Klee, telle une révélation. Mais pour lui, le voyage rime également avec partage. C'est dans cet esprit de communion avec d'autres publics vers lesquels le peintre aime aller à la rencontre que l'exposition qui se déroule actuellement sur le port d'Hammamet-Sud. Inaugurée le 16 juillet dernier sous le patronage du ministère de la Culture et de la Sauvegarde du patrimoine et bénéficiant du soutien du ministère du Tourisme et de l'Agence de mise en valeur du patrimoine et de promotion culturelle, l'exposition sur les murs du port présente treize reproductions de 5m x 5,5 m imprimées sur tissu. Des agrandissements qui impressionnent par leur taille et par l'énergie qui les traverse. D'Onofrio ne définit-il pas l'artiste plasticien comme «une personne qui danse avec un pinceau»? L'abstraction lyrique qui imprègne son œuvre semble bien s'accorder avec son tempérament d'homme souvent en partance, au physique et à l'imaginaire toujours en mouvement. Les treize reproductions ainsi que l'exposition des œuvres originales portent le titre de «Métamorphose». Mot d'origine grecque qui signifie «aller au-delà de la forme». Thème qui intéresse particulièrement Fernand d'Onofrio. Lui qui, enfant muni d'un microscope de fortune, voulait explorer les particules élémentaires qui nous entourent. Aujourd'hui, il veut mettre sous la lumière de la peinture l'infiniment petit qui continue à le fasciner. Pour cela, il marie à une vision hyper-contemporaine de l'art une technique plutôt classique, le trompe-l'œil, qu'il définit comme le fait de «torturer le plat pour lui donner du volume». L'art contemporain au service du tourisme Dans ses tableaux (quasi en trois dimensions), on croit presque toucher la somptuosité d'une partie de drapé un brin effiloché, démesurément grossi, moiré, chatoyant, ondoyant aux mille pliures et reliefs d'une belle madone florentine… L'artiste ici déploie une panoplie de talents tous visant à flouer le spectateur : les artifices de la perspective, un excellent rendu du relief grâce à une fine maîtrise des couleurs et de leurs nuances et des jeux d'ombre et de lumière savamment alambiqués. Il devient cet illusionniste qui donne à voir… Plutôt à croire. L'objet représenté sur la toile est si juste, si ressemblant, si proche qu'il pourrait appartenir à l'espace de vie du spectateur, devenu voyeur. La recherche sur l'esthétique des formes et des couleurs est très présente dans l'œuvre de D'Onofrio. Comment partager le plaisir qu'il a ressenti à «danser avec un pinceau» avec le plus grand nombre de spectateurs sinon par une forme d'esthétisme remontant probablement à ses origines italiennes ? Un esthétisme qu'il revendique et assume totalement. Fernand d'Onofrio était accompagné au cours du vernissage de «Métamorphose» par le chef français Frédéric Coulet dont la marque de fabrique est une délicate cuisine fusion et moléculaire. Le chef, lui-même artiste jusqu'au bout des ongles (il est également musicien), travaille en synergie avec le plasticien accordant ses petits plats avec les couleurs, les formes et les textures de D'Onofrio. Joli clin d'œil à l'atelier du peintre: des tubes remplis à première vue de peinture et qui contiennent en fait une… sauce à base de piment! L'évènement crée un circuit artistique dans une zone qui reçoit à ce moment de l'année d'importants flux de touristes. Il veut également introduire l'art contemporain dans l'espace public. L'exposition se poursuit jusqu'au 31 juillet. A découvrir.