Par M'hamed JAIBI La formation du gouvernement est une affaire sérieuse qui exige conscience et engagement de la part de tous. Dans notre situation, ce n'est surtout pas un gâteau à partager en parcelles privatives ou en concessions commerciales. Or l'attitude de certains partis politiques associés à la négociation en vue de sa formation suggère plutôt une cour des doléances, où chacun décline exigences et préférences, jetant volontiers son dévolu sur tel ou tel département prestigieux voire «juteux». Pourtant, les délais et les chiffres montrent bien que l'heure est grave. Le pays qui a explosé, il y a quatre ans, parce que ses performances ne suffisaient plus à pérenniser le développement, notamment régional, a vu sa croissance s'affaisser, sa production diminuer, son investissement s'infléchir et son tourisme péricliter. C'est un pays au bord du précipice qui s'accroche à un ancien statut d'émergent à secourir et à une crédibilité à reconquérir. Laborieusement et dans les plus brefs délais ! Peut-on, dans ces conditions, se permettre de distribuer gâteries et faveurs à ceux-là mêmes qui font mine d'adhérer pleinement au consensus patriotique pour le sauvetage du pays ? Et pour combien de temps encore ?! On nous avait promis une reprise en main en 100 jours. Or le gouvernement n'en finit pas de se former et se défaire, jusqu'à déformer son dessein originel et défigurer son image. Et les jours nous sont comptés. A quand donc le sursaut que les Tunisiens attendent, cette accélération qui s'impose plus que tout, ce coup de poing sur la table pour faire table rase et enclencher un vrai départ, avec une vraie équipe de travail, harmonieuse et déterminée. Le monde nous regarde.