Déjà, le tiers payant sur le fil du rasoir après le désengagement unilatéral de beaucoup de pharmaciens conventionnés Le «feuilleton mexicain», afférent au conflit de la Cnam avec le Syndicat des pharmaciens, semble aujourd'hui à ses derniers épisodes. Le syndicat précité semble avoir hâte d'en finir et annonce la fin du «feuilleton» pour le mois de juin prochain. A travers son courrier adressé le 2 janvier 2015 à la Cnam, signifiant la résiliation de sa convention avec ladite caisse. Le secrétaire général du syndicat des pharmaciens, M. Rached Garaâli, semble ferme et convaincu de la justesse de cette décision, «rendue nécessaire après le dialogue de sourds ayant perduré entre les deux parties concernées et, dit-il, l'obstination de la Cnam à se dérober à ses engagements». En voici maintenant les attendus et motifs de la résiliation envisagée, qui ne sera pas sans mettre dans l'embarras l'assuré social, le dindon de la farce, pris dans le tourbillon d'un éternel conflit d'intérêts. Où ses intérêts pourraient être sérieusement compromis. Sans jamais savoir, à travers la «guerre» médiatique menée de temps à autre par les deux parties, qui a tort et qui a raison... Et l'avenant fait... chou blanc ! La première raison de ce «divorce» concerne l'application de l'article 43 du récent avenant de la convention bilatérale signé le 6 juin 2014, et paru au Journal officiel. L'article en question concerne les bulletins rejetés par la Cnam, parce que soupçonnés de quelconques irrégularités. Cet avenant prévoit le règlement systématique des bulletins considérés litigieux en attendant l'examen de ces cas par la Commission paritaire, constituée de représentants des deux parties contractantes en plus de celui du ministère de tutelle. Au cas où la commission concluerait à la confirmation des irrégularités, les frais de remboursement des bulletins viciés seraient déduits des montants ultérieurement dus aux pharmaciens concernés, au titre d'autres bulletins. Or, nous-a-t-on précisé, la Cnam a continué, malgré tout, à refuser systématiquement les bulletins jugés unilatéralement douteux et entachés d'irrégularités. Renvoyée aux calendes grecques... Le second «attendu» a trait à la carte magnétique dont l'institution était prévue pour le mois de juin 2015. Or, la date de réalisation de cette opération vient d'être renvoyée au mois de mars 2016, soit avec un retard d'un an et neuf mois. Au Syndicat des pharmaciens, l'on estime que cette carte est primordiale pour le cours normal de la collaboration et le partenariat entre la Cnam et les pharmaciens conventionnés. Surtout dans le cadre de la filière du tiers payant. Dans la mesure où elle favorise des relations transparentes entre les deux parties contractantes. Et est de nature à éliminer les risques de fraude (bulletins fictifs) et les risques d'accusations de fraude, non fondées avec le lot de rejets qui en découlent. Cela dit qu'est-ce que la carte à puce? Pourquoi la carte à puce Il s'agit d'un dispositif prestataire de soins composé d'une carte d'identification, d'un terminal pour la lecture des cartes des assurés et la mise à jour du plafond atteint ainsi que la transmission des décomptes, la saisie et la transmission des bulletins de soins. Le système comprend un équipement central, un autre pour la personnalisation des cartes, un logiciel pour la gestion des flux d'assurés et les applications nécessaires au fonctionnement des terminaux. Les objectifs fonctionnels de la carte à puce consistent en : - La gestion automatique des droits - La matérialisation du contact entre le prestataire des soins et le malade - Le suivi du plafond atteint en temps réel - La mise en place des feuilles de soins électroniques - L'ordonnance électronique - La maîtrise des frais de gestion. On annonce la couleur ! Par ailleurs, et en attendant la date butoir annoncée par le syndicat, la filière du tiers payant semble, dès aujourd'hui, sur le fil du rasoir. Côté Cnam, on dit que ça va, pour le moment. Des cas isolés qui n'entravent pas beaucoup les intérêts des assurés. Quoi encore cette fois-ci ? Voilà au juste ce qu'il en est. Beaucoup d'adhérents à la formule du tiers-payant — pour la plupart des mal lotis n'ayant pas les moyens de payer leurs médicaments, subis sur ongle, pour attendre le remboursement — se plaignent du comportement de certains pharmaciens. Qui, bien qu'exhibant ostensiblement leur conventionnement avec la Cnam, se refusent incompréhensiblement à exécuter les ordonnances présentées par les asssurés. Ce qui condamne ceci à courir dans tous les sens et parcourir toutes les pharmacies de la ville, avant de pouvoir acquérir les médicaments prescrits. Les choses deviennent beaucoup plus compliquées pour les intéressés pendant les heures de permanence entre les deux séances de travail diurne, la garde nocture et pendant les week-ends et jours fériés. Où le nombre de pharmacies ouvertes se rétrécit et les chances de frapper à la bonne porte, aussi... On ne défend pas le diable Bien qu'étant le bouclier es-qualité de ses paires, auteurs de ces fantaisies, notre interlocuteur, M. Rached Baraâli, ne nous a pas caché sa réprobation. Loin de défendre le diable, il convient honnêtement que le pharmacien conventionné demeure, jusqu'à nouvel ordre, lié individuellement aux termes de la convention qui l'oblige à signifier son retrait et son désengagement quatre-vingt-dix jours à l'avance. Autrement, il pourrait être poursuivi par la Cnam pour manquement à ses obligations. Et comme les manquements, nous dit-on, ne manquent pas dans le camp de la Cnam, celle-ci est tenue moralement de taire et se taire sur ces dérapages. Précisant que ceux-ci concerneraient une centaine de pharmaciens, implantés essentiellement dans le Grand-Tunis et dans certaines grandes villes (Sousse, Sfax, Gabès, etc.). L'assuré, l'éternel dindon de la farce ! Pour ce qui est des raisons des pharmaciens réfractaires, on nous dit que ceux-ci sont généralement enclins à éviter d'exécuter les ordonnances portant sur des montants importants. De peur d'être remboursés tardivement et d'avoir des problèmes avec leurs fournisseurs. N'ayant pas suffisamment de liquidités et de fonds pour régler leurs stocks à temps et sans attendre le remboursement. Cela dit, le moins qu'on puisse dire, peut-être sans risque d'être contredit, c'est qu'il s'agit là d'un comportement inélégant et désolant. Parce que, au-delà de l'argent et du délai de remboursement, il est question de mettre en jeu et badiner avec la santé du patient, qui n'a pas à entrer dans ces considérations. Et l'engagement, du moins moral, du pharmacien, devrait le retenir d'aller irrégulièrement si loin! Au final, voilà que la confrérie devance les désirs de son syndicat, qui semble plus décidé que jamais cette fois, d'aller vers la rupture... tout droit.