Epris de Liberté et habité par un goût pour la volupté, ce livre est celui d'un homme qui entend vivre et penser en dehors des dogmes de la foi et de la morale A travers ce roman, on plonge dans les mémoires d'un homme à l'orée de la quarantaine. Au terme d'une nuit munichoise voluptueuse, il laisse émerger de sa mémoire un flux de souvenirs. Il restitue des pans entiers de son passé. Son enfance ne fut pas des plus radieuses, certes, mais elle fut toute ensoleillée sous le ciel bleu de son pays natal. Il s'adonna, surtout, aux souvenirs de sa jeunesse passée à Paris. Cette nuit-là, au milieu d'une belle chambre à coucher, dans un appartement munichois cossu, le personnage central du roman s'abandonna à l'amphitryon des songes, rien ne pouvait endiguer ces flots de souvenirs qui envahissaient son esprit. Ce livre est l'histoire d'une tranche de vie pleinement vécue. Le narrateur retrace la vie du personnage central de ce roman, celle d'un témoin de son époque. L'éclosion de sa passion pour les livres et l'écriture, ses désirs et motivations secrètes, ses émois amoureux, l'intensité de son engagement politique, ses rêves et désillusions, s'entremêlent aux événements historiques qui ont marqué la deuxième moitié du vingtième siècle. Ayant trouvé sa foi dans la Liberté, le personnage affrontera des réalités qui pulvériseront ses valeurs et convictions. Epris de Liberté et habité par un goût pour la volupté, ce livre est celui d'un homme qui entend vivre et penser en dehors des dogmes de la foi et de la morale. C'est l'histoire d'un homme profondément libertaire de tempérament. Sa stature se dresse au fil des pages, une stature faite d'ardeur frémissante, d'épanchements intellectuels et charnels dont dépend la réussite d'un instant, d'une vie. C'est, aussi, le roman de la solitude chez un homme pour qui la solidarité avec les compagnons de lutte ne fut pas un vain mot. A l'aube de la quarantaine, il arrive à tout homme de se poser des questions sur la première moitié du chemin parcouru, en l'occurrence, sur ses origines, son évolution, son utilité, ses idéaux et ses rêves. Par une torride nuit d'été, le narrateur se rappelle aux souvenirs des joies et des souffrances qui ont jalonné son existence, il se remémore les différentes expériences de sa vie, lesquelles s'étalent sur cinq chapitres dont chacun porte le nom d'un chef-d'œuvre littéraire. Songes d'une nuit d'été est l'histoire d'un quadragénaire tunisien traversant les vicissitudes de la vie, c'est l'histoire d'un auteur qui s'apprête à s'incliner devant le temps qui reste non sans amertume. On trouve en contrepoint des jalons historiques décisifs magnifiquement dépeints par Anouar El Fani. Enfant de la génération du baby-boom, on plonge dans les traumatismes de l'enfance tunisienne du personnage central du roman, mais aussi dans ce qu'elle a de plus doux et de plus profond. Il dresse par la suite un tableau vivant de la France des années 70, née de Mai 68, la France des seventies, un tableau dont il publie les éléments année après année, comme on étale des photographies, des instantanés. L'auteur est un chasseur d'images et de paroles. C'est un roman à partir duquel il extirpe des images de ses propres souvenirs. Malgré la ferveur de son engagement politique, il ne s'agit aucunement d'un roman à thèses. L'auteur y suit toutefois l'aria de ses souvenirs, ses sens et ses penchants. Dans ce roman, l'auteur ne bride pas ses désirs et n'endigue pas ses souvenirs, le ton y est totalement débridé, libre, et fait surgir ce qu'il peut y avoir de plus provocateur et trouble en l'homme. On aura compris que l'auteur y traite également du sujet des sujets : sa propre vie. Ce livre est éventuellement autobiographique et en même temps romanesque. L'auteur y peaufine un art d'écrire à travers son propre vécu, ses propres penchants et desiderata. Sa vie prit les contours d'un roman, alors pourquoi ne pas tirer un roman de sa vie? Lorsqu'on a un rapport exigeant à la vie et aux livres en sus? Lorsqu'on connaît bien les grands auteurs et lorsqu'on a lu à tout bout de champ, durant toute sa vie, avec la vraie soif des bibliophiles, ceux ayant la passion des livres ? Dans Songes d'une nuit d'été, Anouar El Fani affirme son style littéraire au détriment du poids intellectuel de ses convictions politiques, hors des injonctions idéologiques dont les chantres du gauchisme soixante-huitard ont usé. Il fait montre d'un style d'écriture délectable, mais pas au point de désengager son roman pour autant. Comme chez tout artisan de l'écriture, la plume a une place sacrée chez l'auteur. Anouar El Fani est un homme de plume, et quelle plume ! Il a une écriture châtiée et épurée, c'est une plume brûlée d'exigence et de purisme. Et l'écriture de ce roman obéit à sa logique d'auteur raffiné. La gravité, la profondeur de ses réflexions et de ses sentiments se manifestent à travers une écriture saisissante qui ne sépare jamais le narrateur du lecteur. Par le truchement de son admirable plume, cet écrivain hors pair fait ressortir l'ombre de sa voix, une voix qui nous parvient des méandres d'une vie riche en émotions et passionnante. C'est Anouar El Fani qui tient la plume ! Mohamed Sadok Lejri Songes d'une nuit d'été, d'Anouar El Fani - Arabesques éditions