Quelque 27 promesses ne sont pas encore tenues Après «Jomâ Mètre», «Essid Mètre». I Watch, une des composantes de la société civile nationale, a pris l'habitude d'y avoir recours pour peser le pour et le contre dans l'action gouvernementale. C'est, en quelque sorte, une manière de passer au crible le rendement du chef du gouvernement et celui de son staff ministériel au bout des cent premiers jours de leur prise de fonctions. Comme il l'a déjà fait avec le gouvernement sortant de Mehdi Jomâa. C'est donc au tour de Habib Essid et de son équipe d'être mis à l'épreuve et de faire l'objet de l'évaluation d'un pouvoir exercé en coalition partisane à majorité parlementaire au sein de l'ARP. Trop de promesses... Avec l'intention de séparer le bon grain de l'ivraie, I Watch a présenté, hier lors d'une conférence de presse à Tunis, son rapport d'évaluation sur les cent premiers jours du gouvernement Essid. Fruit d'un travail d'observation et de comparaison, ce rapport d'une quarantaine de pages a bel et bien dressé un bilan mi-figue, mi-raisin. C'est que, depuis son investiture en février dernier, M. Habib Essid n'a pas manqué, notamment devant l'ARP, de promettre monts et merveilles. Trois mois plus tard, ses promesses lancées, à l'époque, pour gagner la confiance des Tunisiens, n'ont pas pu être concrétisées. Personne n'a eu ni le flair ni la mauvaise foi pour pouvoir en juger ainsi. D'après le président d'I Watch, M. Achraf Aouadi, l'on compte, du moins, quelque 27 actes de promesses dont les indicateurs de réalisation ne sont pas tous au vert. Cinq parmi eux sont au voyant rouge. En d'autres termes, précise-t-il encore, aucun engagement pris n'a été vraiment honoré. Et aucune mesure décidée par le gouvernement en place n'a pu être traduite dans les faits. A cela s'ajoute d'autres promesses, en surplus, que M. Aouadi a qualifiées de pompeuses, sinon irréalisables à court terme. Il s'agit des déclarations de projets qu'a faites M. Essid lors de ses multiples visites dans les régions défavorisées, en état d'ébullition, au cours desquelles il avait promis monts et merveilles. Soit, «26 promesses exagérées à Jendouba, 40 à Gafsa, 14 pour Séjoumi». Manque de coordination gouvernementale Néanmoins, qu'elles émanent des conseils ministériels ou fassent suite aux visites sur le terrain, ces mesures sont, dans leur majorité, en cours de réalisation. D'autres ne le sont pas encore. Elles font carrément du surplace. Il en ressort de ce rapport que ce bilan assez mitigé s'explique par le fait que le gouvernement adopte des politiques laxistes face à la vague de revendications populaires. D'autant plus que plusieurs décisions ont été improvisées, annoncées dans la précipitation afin de calmer les esprits révoltés. I Watch a, de même, imputé un tel constat d'immobilisme et de fuite en avant à un certain manque de coordination dans l'action gouvernementale. Mais il y a, aussi, l'absence d'une stratégie de travail claire et planifiée, incitant chaque département ministériel à faire cavalier seul. Pis encore, leurs priorités ne vont pas de pair, lit-on dans le même rapport. Comme s'ils n'avaient jamais travaillé ensemble, en coalition gouvernementale, s'étonne-t-il. Et là, combien de ministres n'arrivent pas à honorer leurs engagements quant aux priorités des cent premiers jours. Celui des Affaires sociales, M. Ahmed Ammar Yunbai, a été qualifié par I Watch de «trop passif», derrière son collègue des Affaires étrangères, M. Taïeb Baccouche. Tous deux ont été classés ainsi, faute de promesses tenues en ce qui concerne leurs cinq priorités attendues. Alors que le ministre de l'Environnement, M. Nejib Derouiche, a créé la surprise, à qui revient la palme d'or pour son engagement positif au sein du gouvernement. Pour conclure, M. Aouadi a annoncé que ce rapport d'évaluation sera remis demain lundi au chef du gouvernement Habib Essid pour s'enquérir des observations et remarques de I Watch. L'objectif, pour lui, est d'asseoir la culture de redevabilité et de reddition des comptes. Ainsi va la jeune démocratie. Prochainement, I Watch aura à livrer les résultats de son contrôle du rendement de Béji Caïd Essebsi, président de la République, depuis son arrivée au Palais de Carthage.