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Karim Ben Smail : " mon conseil aux futurs éditeurs, un vigoureux bon courage "
Publié dans Leaders le 07 - 12 - 2009

Dure, dure, la vie d'un éditeur d'un pays du Sud. Et ce n'est pas Karim Ben Smaïl, Directeur des éditions Cérès qui nous contredira. Dans une longue interview à une revue française, il jette un regard pénétrant et serein sur un secteur dont l'existence même tient du miracle. Un miracle qui, dans le cas de Cérès, dure depuis plus de 50 ans.
Votre maison d'édition est connue au Maghreb et bien au-delà. Quelle politique vous permet de maintenir cette notoriété et les résultats financiers qui vont avec ?
La notoriété de Cérès dépasse effectivement les frontières du pays, elle dépasse également la taille réelle de l'entreprise, qui reste une modeste PME, mais une PME particulière en ce sens qu'elle a œuvré dans la durée et dans la qualité. Tenir cinquante ans dans l'édition, au sud de la Méditerranée, en restant fidèle à ses principes moraux et professionnels, tant vis-à-vis des autorités que des partenaires européens, à la longue, cela vous vaut l'estime de vos pairs et forge votre image. Quant aux résultats financiers, la formule est simple; un éditeur du sud qui souhaite avoir un catalogue digne de ce nom ne peut tout simplement pas être économiquement viable, il faut toujours des béquilles, cela occupe une grande partie de mon temps. Trouver des marchés importants auprès des institutions publiques ou privées, éditer une revue financée par la publicité, etc. Quant aux béquilles, ce sont des activités annexes qui permettent de financer l'activité éditoriale, tout au long de l'existence de Cérès, nous avons souvent eu d'autres métiers: l'imprimerie, la publicité, la fabrication de magazines, et aujourd'hui Cérès est l'un des principaux distributeurs de livres en Tunisie.
Vous éditez de nombreux classiques arabes et français: est-ce un moyen de maintenir le cap et d'échapper à la crise ?
Cette période de la vie de Cérès correspondait à un besoin du marché, le livre importé était hors de prix, et la lecture en langue française- un de nos chevaux de bataille- s'érodait dangereusement; nous avons, avec notre directeur des éditions de l'époque, le regretté Ben Kheder, lancé plusieurs ambitieuses collections de classiques et contemporains en format poche. Un énorme effort éditorial portant sur des centaines de titres et accompagné à l'époque par le défunt Bureau du livre du ministère des Affaires étrangères français. Nous avons également des collections en Arabes, en poche, elles obéissent à des impératifs différents, souvent parascolaires, un domaine où Cérès a souvent pris l'initiative, c'était effectivement une réponse à la « crise », une parmi d'autres, elle s'est heurtée aux difficultés de diffusion dans le Maghreb et en Afrique.
Comment percevez-vous l'évolution du livre aujourd'hui dans le monde arabe, y a t-il pour vous de grandes tendances?
Je crois que le » monde arabe » n'existe pas ! Il y a des spécificités régionales, voire nationales dont il faut tenir compte. Pour aller vite, l'implication de la foire de Francfort dans l'organisation des foires du livre moyen- orientales est un signe prometteur; le Maghreb, lui restera, je pense, un cas à traiter différemment. La tendance, dans notre région est celle du recul de la lecture en français, sans réaction suffisante des autorités locales, françaises ou autres OIF… Sans apparition d'une production en arabe qui soit significative, et très peu de livres traduits par ailleurs. Vous voyez, je ne suis pas vraiment optimiste, mais je me trompe peut-être.
Un livre se vend quand il va à la rencontre des besoins de la société
Les succès de la littérature francophone- vue de Paris (les Mabanckou, Léonora Miano, etc) -ont-ils le même retentissement à Tunis ? Sur quoi repose un succès d'édition chez Cérès ?
Non, notre lectorat, à part une frange minoritaire- mais économiquement importante- de lecteurs de livres importés, recherche plutôt des ouvrages traitant de son vécu, de sa sphère locale. Ce sont ces livres qui rencontrent vraiment leurs publics. Il y a un tel déficit de communication à ce niveau depuis des années que dès qu'un texte parle vrai, rompt avec la schizophrénie de l'information officielle, il trouve lecteur, Rien de nouveau sous le soleil donc: un livre se vend quand il va à la rencontre des besoins de la société, c'est valable tant pour la fiction que pour les essais.
Tout le monde souhaite, pour son pays, des maisons d'édition productives et en bonne santé, mais concrètement, bénéficiez-vous- d'une politique de soutien de l'Etat tunisien ou d'institutions ?
L'Etat, au travers des commandes de ses deux ministères consommateurs de livres, est notre premier acheteur. Il n'y a pas de secret, pour avoir des éditeurs viables, l'Etat doit les soutenir, c'est comme cela que les éditeurs français, et je parle des plus grands, vivent : ce sont eux qui captent l'essentiel des aides nationales et régionales. Sans compter l'édition scolaire, pas de grands éditeurs, c'est valable chez nous comme au nord.
Le renouveau de la co-édition du sud
Vous faites de la co-édition avec des éditeurs d'Afrique subsaharienne. Que vous apporte cette expérience ?
Nous avons réalisé plusieurs expériences de coédition Sud-Sud, totalement inédites, tant en jeunesse qu'en littérature, ces expériences ont contribué à l'essor de plusieurs nouveaux éditeurs en Afrique subsaharienne, les livres étaient présents dans plusieurs pays, et dans les salons du livre du nord. Encore une fois cela n'a pu se faire que grâce aux rencontres entre les éditeurs africains; se déplacer entre Tunis, Dakar, Ouagadougou… N'est pas dans les possibilités budgétaires d'un éditeur du Sud. Ce renouveau de la coédition du Sud a eu lieu parce que l'IIF finançait les visites des éditeurs tunisiens dans les foires subsahariennes. Le BIEF également contribuait à ces rencontres, le CAFED à Tunis était également un facteur de brassage…
Tout cela s'est tari, cette francophonie du Sud n'intéresse plus les institutions concernées, recroquevillées sur des programmes stériles mais plus médiatiques, l'ère du « bling-bling » a meurtri l'édition francophone du Sud. Mais la preuve aura été faite que si les éditeurs du sud peuvent se rencontrer régulièrement et ailleurs qu'à francfort ou à paris, la créativité, le dynamisme, l'entreprise, sont au rendez-vous : de manière professionnelle, autonome, efficace et rentable. Des vrais éditeurs nationaux naissent et se débarrassent de leurs complexes, ils maîtrisent leurs métiers et se font les interprètes de leurs cultures, peut-être que cela n'a pas plu à tout le monde ?

Quels conseils donneriez-vous aujourd'hui à un jeune entrepreneur du Maghreb désireux de se lancer dans l'édition ?
Je n'aime pas donner des conseils, parce que je n'ai pas de recette toute faite. Il faut une bonne dose de persévérance, avoir un capital de départ qui vous permette l'indépendance, savoir où on veut aller, pourquoi on choisit ce métier à la fois merveilleux et ingrat… et s'y tenir.
Il faut réinventer le Maghreb de demain, il doit changer, profondément, et l'édition doit refléter et accompagner ces mutations indispensables, tout en trouvant son salut dans une marge de manœuvre de plus en plus étroite, sinon, de toute façon, le métier d'éditeur tel que je le conçois ne pourra pas perdurer. Pas vraiment de conseil donc mais un vigoureux " Bon courage".


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