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Exclusif: Rached Ghannouchi : Hors du consensus, point de salut
Publié dans Leaders le 07 - 10 - 2014

L'entretien venait de commencer. A peine Rached Ghannouchi a-t-il prononcé deux ou trois phrases que le grand mot est lâché : Ettawafek (le consensus). Il sera repris une trentaine de fois. C'est que toute la stratégie d'Ennahdha se résumera désormais à ce terme.
Animé du zèle des nouveaux convertis, le cheikh veut le mettre à toutes les sauces : la présidence de la République, bien sûr, mais aussi celles du gouvernement et de la nouvelle chambre des représentants du peuple. Même les autres institutions en sont concernées. Hors du consensus, il n'y a point de salut. Aux yeux de Rached Ghannouchi, c'est la panacée qui permettra, selon lui, au pays d'échapper au sort qu'ont connu l'Egypte, la Libye ou le Yémen et de retrouver sa sérénité après quatre ans de parcours erratique. Le Dialogue national en constituera le cadre adéquat : «Nous avons déjà tenté l'expérience avec le chef du gouvernement, il faut persévérer dans cette voie, parce qu'elle est le meilleur antidote au pouvoir personnel et à la dictature». D'ores et déjà, «le cheikh» a déjà des idées précises sur le prochain gouvernement. La reconduite de Jomaa et son gouvernement de technocrates est définitivement abandonnée. Il esquisse à grands traits la physionomie du prochaihn gouvernement. Il sera politique et d'union nationae. y prendront part, principalement, les quatre ou cinq principaux partis ainsi que des représentants de l'Ugtt et de l'Utica. Nidaa Tounes en fera-t-elle partie ? Probablement pas, reconnaît Rached Ghannouchi, qui reproche à Béji Caïd Essebsi d'avoir tourné le dos à ses engagements antérieurs en rejetant toute possibilité d'alliance avec Ennahdha dans le futur gouvernement.
Poursuivant son analyse, Rached Ghannouchi observe : De même que le système unipolaire dans le monde avec l'émergence d'une multitude de pôles a vécu, de même à l'échelle nationale, il faut éviter toute concentration des pouvoirs entre les mains d'une seule personne ou d'un seul parti et favoriser l'émergence de contre-pouvoirs. Quand son interlocuteur lui rappelle l'accaparement de tous les pouvoirs par Ennahdha au lendemain des élections de 2011, le président d'Ennahdha répond : «La donne a changé». Le mouvement n'a fait que s'y adapter. Et c'est dans cette optique qu'il accepte désormais que« les foulouls», hier voués aux gémonies, soient réintégrés dans la vie politique «Tous ceux qui acceptent les lois de la République seront les bienvenus».
Une révision déchirante qui porte l'empreinte de Rached Ghannouchi. Il en l'inspirateur, l'architecte. Il espère ainsi non seulement reconquérir la totalité de l'électorat traditionnel du parti, mais aussi accroître son audience, d'où son optimisme pour les prochaines élections. Mais par-dessus tout, c'est l'islam politique qu'il veut sauver. De retour de Chine où il a pu constater «le prestige dont jouit la révolution tunisienne», il estime que l'islamisme à la tunisienne se positionne désormais en alternative à Daech. Il ajoute : «L'islam politique a encore de beaux jours devant lui comme il le montre chaque jour en Turquie, en Indonésie, en Malaisie et naurellement en Tunisie».
Pour décrire la situation de la Tunisie aujourd'hui, le cheikh a recours à une image: «imaginez une grande forêt en proie aux flammes, c'est notre sous-région. Au beau milieu de la forêt, un arbre, comme par miracle, est épargné, c'est la Tunisie». Et de conclure : «Il appartient à tous de veiller à la quiétude de la Maison Tunisie pour que la toiture ne ne s'écroule pas sur nos têtes». Interview :
Vous ne cessez d'appeler au consensus sur le choix d'un candidat à la présidence de la République qui sera soumis au plébiscite des urnes. Cette recherche du consensus portera-t-elle également sur les deux autres présidences, celle de la Chambre des représentants du peuple et celle du gouvernement ?
Le consensus est la forme générale de gouvernement en Tunisie, en rupture avec le pouvoir unique qui a présidé depuis l'indépendance. Vous savez, j'ai remarqué en Chine que dans toutes les salles de réunion où nous étions reçus, il n'y avait pas un fauteuil en tête de table, mais au moins deux. Le principe du pouvoir individuel absolu est révolu. Plus personne ne doit accaparer à lui seul un poste. C'est là l'une des expressions les plus significatives de la révolution : la rupture avec le système du président unique, du parti unique, de la presse langue de bois, de l'économie monopolisée par la famille. Tout cela est terminé et les Tunisiens n'accepteront plus jamais un retour en arrière. Nous gagnerions à propager la culture de la participation.
Il est vrai que le poste de président de la République revient à une seule personne, mais il ne saurait l'exercer sans concertation. Il dispose d'un budget conséquent et d'effectifs importants et doit les employer à bon escient sans se les réserver pour lui-même. Cette concertation et cette large participation dans la décision valent également pour toutes les autres institutions. Elles doivent être érigées en principes fondateurs.
Nous sommes dans une phase de démocratie transitionnelle qui est encore naissante et exige de nous beaucoup d'attention et d'effort pour la consolider. Nous avons besoin de consensus et non d'une majorité seulement. Nous avons expérimenté le système de la majorité et il a failli nous conduire vers l'abîme, comme cela s'est passé en Egypte. Si le gouvernement de la Troïka ne s'était pas retiré, toute l'expérience tunisienne de la transition dans sa première phase se serait effondrée. Nous avons privilégié le moindre mal, quitté le navire pour le sauver. Vous savez, aux îles Kerkennah, lorsqu'un raïs, prenant de l'âge, cède le gouvernail à son fils, il lui dit : le poisson, c'est le don de Dieu, mais la felouque (echkaf), c'est de votre responsabilité. Faites attention à la felouque, c'est l'essentiel. Et c'est ce qu'on a fait. C'est notre process. Regardez ce qui s'est passé en Libye ou tout récemment au Yémen, c'est toute l'embarcation qui s'est disloquée.
La sagesse était de partir. Nous avons quitté le pouvoir et nous n'avons pas été mis en prison. Dès lors, nous avons évalué notre expérience et essayé d'en tirer les meilleurs enseignements possibles. Vous savez, en démocratie, il n'y a pas de gagnant absolu et de perdant absolu. Mais une alternance. Dans notre stratégie, nous nous sommes fixé deux objectifs : le premier est de réussir le processus démocratique. La réussite d'Ennahdha ne vient qu'en seconde position. Notre engagement est ainsi clairement défini.
Quelles sont les conditions requises d'un président consensuel?
Qu'il réunisse autour de lui une sorte de consensus le plus large possible. Il ne suffit pas d'avoir 51%, ce qui divisera les Tunisiens en deux blocs. Je me rappelle que lorsque nous nous sommes opposés, au sein du Dialogue national, à la primauté de l'une ou l'autre des deux élections (présidentielle et législatives) ou de leur concomitance, nous avons opté pour le consensus en fixant son seuil, au moins, aux deux tiers, et cela a fonctionné.
Vous savez, gouverner, en cette ultime phase si sensible, avec 51% seulement des voix, c'est avoir la moitié des Tunisiens contre vous. Nous avions commis une erreur lors de la constitution de la Troïka en 2011. Nous avions invité un grand nombre de partis à se joindre à nous, mais nous nous sommes contentés finalement de ceux qui ont répondu favorablement. Nous avions manqué de patience et aurions dû offrir plus de concessions et nd'incitations pour rallier autour de nous d'autres partis, comme le Front populaire et autres, et former ainsi une coalition plus large. Tout s'est limité à la Troïka, nous avons subi les feux croisés de l'ancien régime et de la gauche qui se sont alliés pour combattre le gouvernement et le faire chuter. En fait, ce n'était pas Ennahdha qui avait failli tomber, c'est toute l'expérience de la transition qui aurait été torpillée.
Une fois le consensus réalisé autour du futur président de la République, sa candidature sera soutenue et soumise au vote…
Oui, tout à fait. La machine électorale doit fonctionner et seules les urnes trancheront !
Et si le candidat consensuel était rejeté par les électeurs et ne parvenait pas à recueillir la majorité requise?
Nous respecterons le verdict du peuple. C'est lui, et seulement lui, qui choisit en définitive.
Quel sera le mécanisme qui sera activé pour le choix du candidat consensuel? Le Dialogue national?
Le Dialogue national est le cadre approprié pour le consensus. Il doit reprendre incessamment ses sessions et commencer par mettre au point un certain nombre de pratiques nécessaires au bon déroulement des élections.
D'abord, les règles d'éthique qui doivent présider les campagnes électorales et que tous s'engagent à respecter. Il ne s'agit pas d'une lutte libre, d'un combat féroce. Notre expérience est à peine naissante, nous devons en prendre grand soin. C'est comme si nous étions dans une petite pièce, à peine construite et non encore achevée et consolidée, si on se bat dedans très nombreux et très forts, le toit et les murs risqueront de s'effondrer. Imaginez alors les conséquences. Dans le registre de l'éthique, s'inscrivent toutes les autres règles de transparence et autres.
Qu'en est-il du financement politique?
La loi l'a déjà réglementé, mais il y a aussi cet engagement sur l'honneur que nombre de partis ont déjà signé.
Quels sont les autres points à inscrire au programme du Dialogue national?
Il y a aussi la question de la crédibilité des programmes électoraux. Il ne s'agit pas de laisser libre bride aux promesses impossibles à tenir qui vont attiser les envies et finiront par créer de fortes frustrations et de profondes déceptions. Les instances et la société civiles peuvent être des observateurs vigilants et des témoins avérés. Nous pouvons aussi parvenir à un accord sur la manière de former le prochain gouvernement.
Comment sera ce gouvernement : politique, de technocrates, mixte?
Un gouvernement politique. La raison est simple : les partis ne se constituent que pour gouverner. Ils s'appuieront sur les technocrates pour exécuter. Le principe, c'est un gouvernement politique, formé par les partis, sinon il n'y aura plus de sens à la politique. Nous avons aujourd'hui un gouvernement de technocrates, mais il a été constitué dans des conditions exceptionnelles pour sortir de la crise.
Ce sera donc un gouvernement de partis?
Un gouvernement des principales forces politiques économiques et sociales. Il serait fort utile qu'il soit composé des représentants des principaux partis politiques, mais aussi de l'Ugtt et de l'Utica.
Quelles alliances pense nouer Ennahdha?
Tout est ouvert. Nous n'excluons personne, même ceux qui se sont opposés à nous, comme Nidaa Tounes. L'attitude de ce parti a évolué de la rupture à l'acceptation de la coexistence, puis aux bonnes dispositions d'envisager la formation d'un gouvernement avec Ennahdha si les urnes en décident ainsi. Nous avons reproché à Me Caïd Essebsi sa rétractation. Nous espérons que l'intérêt de la Tunisie et la réussite de l'option démocratique seront le fondement de toute alliance et non la mise en avant de considérations chimériques telles que celles disant «Nous ne gouvernons qu'avec ceux qui nous ressemblent ». Ou encore : «Il y a en Tunisie deux sociétés qui ne peuvent se rencontrer».
Le maximum possible est qu'elles coexistent, comme avaient coexisté les camps capitaliste et communiste. Nous sommes une seule et même société qui s'est unanimement exprimée sur la Constitution, l'adoptant à 94% des voix. Une constitution qui a défini le modèle de société que nous voulons et mis fin à toute confrontation idéologique. La religion n'est pas le monopole d'Ennahdha, comme la modernité n'est pas celui de Nidaa Tounès. C'est ce qu'a convenu la société tunisienne. Nous sommes un peuple musulman, attaché à sa religion et à son identité, ouvert sur le monde. Et c'est l'essence du projet réformateur tunisien depuis le 19ème siècle. Nous vivons notre époque, fiers de nos origines.
L'appel à la fracture constitue un grand danger qui divise les Tunisiens entre croyants et mécréants, comme l'agitent le salafisme extrémiste, modernistes et traditionalistes, révolutionnaires et antirévolutionnaires. Nous le rejetons fortement et totalement. Ma vision est simple : tous ceux qui adhèrent à la constitution sont des nôtres.
Celui qui accepte les dispositions de la constitution a déjà tourné la page du passé et s'est inscrit dans une nouvelle démarche collective, entrant de plain-pied dans ce nouveau monde qui appartient à tous. S'il traîne des affaires en justice, c'est à la justice de se prononcer. S'il se met en dehors de la loi, celle-ci s'appliquera à lui. Chacun sera désormais comptable de ses actes.
Combien de sièges remportera, selon vous, Ennahdha aux législatives?
Nous espérons conserver le même taux, sinon l'augmenter. L'image d'Ennahdha s'améliore, contrairement à ce que certains pensent, croyant que son départ du gouvernement allait l'affaiblir et réduire sa position.C'est le contraire qui s'est produit, peut-être en comparaison des autres.
La position d'Ennahdhane ne cesse d'évoluer...
Seule la pierre n'évolue pas. Lorsque nous avons accepté la feuille de route du 6 octobre 2013, ce choix ne bénéficiait pas du consensus au sein d'Ennahdha; mais la politique, c'est des résultats. Et voilà que les résultats sont venus confirmer notre bon choix. Partout dans le monde, on perçoit la Tunisie comme l'unique arbre demeuré verdoyant dans une grande forêt qui n'existe presque plus, l'unique bougie allumée dans une grande obscurité. Nous avons agi avec sagesse et cette sagesse recueille aujourd'hui le consensus.
On dit souvent qu'Ennahdha pratique le double langage
Nullement. Nos positions évoluent, dans la diversité interne. Nous ne sommes pas un parti à poigne. Avec le temps, chaque choix fera ses preuves et sera mieux accepté.
Cette évolution est-elle dictée par une pression étrangère et le contexte dans la région?
La situation dans le monde est sans doute importante à prendre en considération. Ce qui s'était passé en Egypte a aussi été d'un grand impact. C'est le cœur du monde arabe. Il n'y a pas eu de pressions étrangères. Vous savez, durant l'été 2013, les ambassades étrangères en Tunisie suivaient de près la situation dans le pays, mais après l'assassinat de Brahmi, leur attention s'est relâchée et elles ont commencé à s'en laver les mains. La Tunisie sortait de leur zone d'intérêt, seul l'aspect sécuritaire restait à suivre pour eux. La réussite du Dialogue national a tout rétabli.
Quels sont pour vous les critères de réussite des élections ?
D'abord, la participation des principaux partis politiques qui s'impliqueront dans ces scrutins et reconnaîtront les résultats. Evidemment, une large participation des électeurs est indispensable. Le deuxième critère à mon sens sera l'appui qu'apporteront les observateurs quant à la crédibilité de ces élections et leur bon déroulement. C'est essentiel.
Les imams risquent d'influencer les électeurs. Comment les rappeler à l'ordre et s'assurer de leur neutralité?
Il ne faut pas que les imams jouent le moindre rôle dans ces élections. S'il leur appartient de rappeler aux Tunisiens leur devoir d'aller voter, en les incitant à l'exercer autant que leurs autres devoirs, ils doivent se limiter à cela, sans la moindre interférence dans le débat politique. Cette neutralité est fondamentale. Elle doit s'appliquer également dans tous les établissements publics, qu'ils soient établissements scolaires, administrations, entreprises publiques ou médias. Ils doivent tous travailler de manière professionnelle, sans parti pris, en toute neutralité.
Comment voyez-vous l'après-élections ?
La voie du consensus doit se poursuivre parce que nous serons, lors de cette troisième étape de la transition démocratique, dans une phase encore fragile qui a besoin d'une grande vigilance. Nous serons encore en période de rodage, dans un contexte toujours difficile, parsemé de risques et exposé à de multiples menaces. J'avais demandé un jour à un visiteur étranger combien de fois, il avait voté dans sa vie et il était incapable de s'en souvenir avec précision tant il avait exercé plusieurs fois son droit et devoir. Je lui avais fait remarquer qu'à mon âge, je n'ai pu le faire qu'une seule fois, c'était en 2011, et j'avais 73 ans. C'est vous dire à quel point les choses ont évolué pour nous tous. Nous devons préserver ce processus. Notre blindage sera notre consensus, notre union. C'est vital.


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