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Les tares de «l'uniformisme»: Les revendications des enseignants du secondaire comme exemple
Publié dans Leaders le 27 - 02 - 2015

Il y a quelques années, le prolongement à 65 ans de l'âge de mise à la retraite pour les professeurs des universités était une revendication continue des enseignants et de leurs structures syndicales et à laquelle le gouvernement avait toujours opposé un refus total. Conseiller du Ministre de l'époque, je lui ai un jour dit que le ministère devrait favoriser cette mesure qui se justifiait à plus d'un titre. Sa réponse était venue sous une forme étonnante. Il m'a répondu textuellement : « Tu connais X, notre ami et collègue de la Fac, il est gentil et sympa mais, entre nous, j'attends avec impatience le jour où il aura ses soixante ans, pour, à l'instar de beaucoup d'autres, me débarrasser de lui. Pour beaucoup, ils sont les bienvenus et s'il m'était donné je les garderais à vie».
Courant 2010, le Syndicat général de l'Enseignement Supérieur avait présenté au Ministère une étude consistante démontrant que les enseignants universitaires en Tunisie étaient beaucoup moins payés que leurs homologues dans des pays comparables comme le Maroc ou la Jordanie. Sur cette base, le syndicat demandait une révision conséquente des salaires.
Le Ministre de l'époque m'avait chargé de diriger les discussions avec le syndicat. Je me rappelle que j'avais dit au secrétaire général du syndicat, par ailleurs collègue et ami, que personnellement j'étais contre toute augmentation uniforme et générale et qu'on devrait introduire des différentiations basées sur des indicateurs convenus et bien définis sous condition bien sûr d'œuvrer pour améliorer les conditions de travail des enseignants. Je lui avais dit qu'il y avait des collègues qui devraient voir leur salaire doublé alors que d'autres ne méritaient pas celui qu'ils touchent actuellement. La révolution est venue, interrompre ces négociations.
Ces deux anecdotes illustrent le fait que le grand handicap du travail syndical est ce que l'on peut appeler « l'uniformisme ». La nature même du syndicat est de revendiquer les mêmes droits pour tous les membres du corps qu'il défend. Toute velléité de différentiation est entourée de mille soupçons et est refusée ou détournée. C'est ainsi que la fameuse « prime de rendement » s'est trouvée devenir une partie fixe de la rémunération sans aucun rapport avec le rendement qu'elle est sensée améliorer.
Tout observateur objectif ne peut que reconnaître qu'en général, les enseignants du secondaire (et pas qu'eux, bien sûr) étaient mal payés. La flambée du coût de la vie depuis la révolution n'a fait qu'aggraver leur paupérisation à l'instar de l'ensemble de la classe moyenne qui a fait la fierté et le socle solide de la société tunisienne. Il est aussi indéniable qu'ils font un travail pénible allant parfois jusqu'à l'exposition à la violence morale et physique de la part de certains élèves ou de leurs parents. Cette situation s'est aussi aggravée depuis la révolution, conséquence de la déliquescence de l'autorité de l'Etat et la montée de la violence mais aussi de la dégradation des conditions de travail dans les écoles, la montée du chômage des diplômés et la paupérisation absolue et relative des enseignants qui porte atteinte à leur image et affecte leur dignité. N'empêche que ce tableau général masque des différences importantes au sein de ce corps. Différences qui alimentent les attaques dont ils sont l'objet chaque fois qu'ils déclenchent un mouvement de protestation depuis les grèves jusqu'à la dernière décision de boycotter la semaine bloquée.
Les fameux cours particuliers, sont au cœur de la polémique et constituent l'abcès de fixation de tous ceux qui dénigrent aujourd'hui le corps des enseignants du secondaire et leur syndicat. D'abord, cette activité n'est le fait que d'une partie du corps. La plupart, je pense, des professeurs ne le font pas, certains par conviction mais probablement la plupart par ce que la nature de leur discipline ne le permet pas. De ce fait, il est injuste de condamner l'ensemble du corps du fait d'une de ses parties, mais il est aussi injuste et inefficient de l'ignorer.
L'expérience a montré que ni le « moralisme » naïf, ni les déclarations d'intention de lutter contre ce « fléau » n'ont jamais pu en endiguer l'expansion. La plupart d'entre nous dénoncent mais envoient leurs enfants à ces cours. Il n'est pas dans nos intentions de dire comment lutter contre cette expansion, question très complexe et qui renvoie à mille facettes de notre société et de notre système éducatif, mais de rappeler que le pouvoir politique a su parfois trouver la bonne réponse à ce mélange entre activité publique et activité privée en rapport avec la rémunération des intéressés.
Le premier exemple est celui des enseignants universitaires des facultés de droit qui exercent en parallèle une activité en tant qu'avocats. Ceux-là sont privés d'une prime qui constitue la majeure partie de leur salaire d'enseignants. Malgré que cette prime, bien qu'importante, soit souvent dérisoire par rapport aux gains provenant des activités privées l'impact « psychologique » est important et cela a l'avantage de mettre les choses au clair. Le deuxième exemple est celui des professeurs des facultés de médecine qui sont autorisés à avoir –dans certaines limites- une activité privée complémentaire au sein de leurs établissements. En contrepartie une déduction d'une partie de leur salaire est effectuée et ils ont l'obligation de verser une partie des revenus générés par l'activité privée à leurs hôpitaux. Il y a bien sûr des dérives, mais cette mesure a permis de maintenir dans le secteur hospitalo-universitaire public beaucoup de compétences bénéfiques à la reproduction de ces dernières.
Abstraction faite de la question de la capacité des ressources publiques de faire face à la montée étourdissantes des revendications , une manière de répondre aux demandes des enseignants du secondaire serait de convenir d'un ensemble très réduit d'indicateurs de « performance ». Le premier et le plus important étant l'exercice ou non d'activités privées (cours particuliers). Toutes les augmentations de salaires se feraient exclusivement sous forme d'une prime faisant partie intégrante du salaire dans le décompte de la retraite. Le bénéfice de cette prime est lié aux indicateurs de performance. En particulier, ne bénéficieraient de la majeure partie de cette augmentation-prime que ceux qui s'engagent à ne pas exercer d'activité privée et par voie de conséquence à s'investir encore plus dans l'œuvre de redressement de l'école publique.
Ceux qui proposent un moratoire sur les revendications sociales font de la science-fiction, et ceux qui espèrent remettre le pays au travail par de simples prêches et les appels à la conscience des gens sont des idéalistes. Par contre, il n'y a aucune sortie pour le pays de la spirale infernale où il est engagé, si les syndicats n'abandonnent pas leur approche ‘uniformiste'. Une révolution, véritable séisme est passée par là. Ses ondes de choc se prolongeront sur des décennies sinon plus. Les syndicats, auxquels il faut rendre hommage d'avoir nourri et encadré la vague qui a emporté la dictature et d'avoir été un rempart contre la volonté de mainmise de courants obscurantistes sur la révolution, se doivent de ne pas rater le virage. Cette manière de faire légitimerait les revendications et couperait avec l'uniformisme qui constitue probablement la tare la plus importante qui empêche notre société d'acquérir la fraicheur et le dynamisme si nécessaires à son épanouissement. Le syndicalisme du XIème siècle reste à inventer, tout de suite.


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