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Radhi Meddeb : Une guerre globale
Publié dans Leaders le 17 - 12 - 2015

Depuis le début de l'année 2015, le monde est frappé par une série d'attentats meurtriers, aveugles et lâches, s'attaquant à des populations civiles innocentes.

L'émotion est immense. La révolte ne l'est pas moins.

Les dirigeants du monde occidental multiplient les déclarations, organisent la riposte et mobilisent la coalition.
La communauté internationale est décidée à agir de concert et à porter ses frappes coordonnées au cœur du fief de l'Etat Islamique.
Ce faisant, viendra-t-elle à bout de cette hydre aux multiples têtes ?

Et si cette réponse était décalée, émotionnelle, insuffisamment réfléchie et finalement contre-productive ?
Par cette réponse, les démocraties occidentales cherchent à convaincre leurs opinions publiques qu'elles peuvent appliquer à DAECH la loi du Talion, lui rendre œil pour œil, dent pour dent, mieux encore, déverser un déluge de feu sur l'ennemi pour le punir, voire l'annihiler sur ses propres terres.
Cette réponse est réactive, insuffisamment proactive. Elle traite du court terme, des effets et non des causes. Elle ignore les raisons profondes et anciennes de cette nouvelle barbarie et occulte la partie des solutions, plus complexe et à plus long terme.
Cette guerre n'est pas équilibrée. Elle n'oppose pas une armée à une autre armée. Elle relève plus de la guérilla urbaine généralisée. Les terroristes qui ont frappé au Bardo, à Sousse, à Paris, à Beyrouth, à Bamako, au Lac Tchad, à San Bernardino ou ailleurs ne sont pas venus de Raqqa, de Baghdad ou de Damas. Pour l'essentiel, ils ont agi dans leur pays de naissance ou de séjour, si ce n'est dans leur environnement quotidien. C'est là qu'ils ont grandi, vécu la marginalisation identitaire, culturelle, économique et sociale, ont acquis la conviction d'être les forçats d'un nouveau monde où les richesses sont incommensurables mais inaccessibles et les inégalités abyssales. C'est également là qu'ils ont observé, impuissants et désorientés, l'évolution d'un monde de plus en plus sensible à ses intérêts et très peu préoccupé de ses valeurs. Un tel écartèlement a fait de ces jeunes et de ces moins jeunes, une proie facile entre les griffes de bêtes monstrueuses et sanguinaires, un terreau de prédilection pour leur recrutement, en aller simple, vers un au-delà magnifié à défaut d'un ici-bas supportable.

Le déluge de feu déversé sur le fief de l'Etat Islamique est nécessaire. Il n'en sera pas pour autant suffisant. Il est d'abord destiné à assouvir la soif de vengeance de tous ceux, qui injustement touchés dans leur chair, ébranlés dans leurs convictions, réclament légitimement une réponse appropriée. Les politiques ne sont pas dupes. Ils savent que les réponses réelles se déploient sur le long terme, qu'ils n'en ont pas le loisir, que leur horizon politique est à court, sinon à très court terme. Le temps des changements nécessaires est incompatible avec le temps des démocraties occidentales.

La guerre portée à Raqqa crée un appel d'air vers la Libye où se réfugient les Daechiens et autres terroristes de tous bords, déstabilise encore plus la Tunisie et ramène les djihadistes à un jet de pierre de l'Europe. Bombarder l'ennemi commun en Syrie et en Irak est nécessaire. Il est indispensable, en même temps, de lui couper toute possibilité de repli en Libye ou ailleurs. Sinon, cela ressemblerait à un grand coup de pied dans la fourmilière. Ne nous étonnons pas, après, quand le problème aura pris une dimension autrement plus importante. Nous avons, tous, encore à l'esprit, l'effet des frappes américaines en Irak, prétendument destinées à immuniser le monde contre la prolifération d'armes de destruction massive et qui auront mené à la dislocation de ce grand territoire et à l'émergence de toutes les violences et les dérives, y compris celle de DAECH qui préoccupe et mobilise aujourd'hui la communauté internationale. Plus proche de nous est le cas de la Libye en 2011, quand la Troïka occidentale s'était retirée à la chute de Kadhafi, sans autre préoccupation, laissant le pays inondé des armes et munitions déversées mais aussi de toutes celles récupérées des immenses dépôts de l'ancien régime.

La petite Tunisie ne saura en aucun cas faire face seule à ce déferlement de folie meurtrière à sa frontière sud-est. Elle a besoin de la mobilisation, à ses côtés, de l'ensemble de la communauté internationale. Il en dépendra de sa stabilité et de sa sécurité, mais aussi de celles de l'Europe entière.

Cette guerre globale n'a de chance de réussir que sur la durée et par une mobilisation forte et coordonnée à l'échelle internationale. Elle devra trouver, dans chacun des pays concernés un relai sur les différents fronts, certes de la sécurité et du renseignement mais aussi de l'inclusion économique et sociale, de l'éducation, de la culture et de l'information.

Il est urgent de couper l'herbe sous les pieds aux théories simplistes des fossoyeurs de la vie et rompre avec la hantise d'une guerre généralisée annoncée. Il est tout aussi urgent de redonner confiance dans la gouvernance mondiale, insuffler de l'espoir aux jeunes exclus et marginalisés, réhabiliter les valeurs de justice et de solidarité et plus généralement, redonner du sens à la vie.

La combinaison fracture sociale, moyens financiers et endoctrinement sectaire ouvre une voie royale vers le fondamentalisme, l'extrémisme et le terrorisme.

L'immunisation de nos sociétés contre toutes ces déviances passera d'abord par le tarissement des sources de financement de DAECH, la dénonciation sans concession de tous ceux qui, de manière implicite ou explicite, donnent de l'audience, du support ou de la crédibilité à ces mouvances extrémistes et nihilistes. Cela passera également par la nécessaire instauration d'un véritable dialogue structuré entre les cultures, de nature à favoriser les échanges croisés entre institutions et composantes de la société civile, la compréhension réciproque et l'enrichissement mutuel sur la base d'un référentiel commun de valeurs universelles.

À une autre échelle, cela passera par la réforme du système des Nations Unies et des institutions de Bretton Woods afin d'y assurer une représentation plus conforme aux équilibres géopolitiques au niveau mondial. Cela passera également par un règlement juste du conflit israélo-palestinien, dans le respect du droit international et des multiples résolutions du Conseil de Sécurité. Cela passera enfin par le lancement d'une initiative majeure pour la reconstruction de la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord, à l'image de ce qui avait été fait avec la création de la Banque Internationale pour la Reconstruction et le Développement en 1944, un an avant la fin de la deuxième guerre mondiale,


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