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«Le chemin de vie» de Hédi Bouraoui
Publié dans Leaders le 08 - 02 - 2016

«Voici un livre qui retrace le cheminement poétique, complexe et profond, d'un grand poète de notre temps. Hédi Bouraoui nous livre ici ses réflexions sur le genre poétique en ses diverses formes (du prosème au narratoème) tout en s'appuyant sur une panoplie de stratégies qui lui sont propres. Sa démarche inclut le passé comme le futur, tout en étayant le présent d'un vécu dans son contexte mondial éclaté…» ( 4e de couverture)
Venant d'un professeur émérite, devenu poète reconnu mondialement, et dédié à la mémoire de trois professeurs des USA qui l'ont «honoré de leur amitié», Mutante, la poésie,ce nouveau livre d'essais sur la poésie de Hédi Bouraoui estd'abord, un vibrant hommage dédié à trois personnalités: l'Américain Wallace Fowlie qui fut son mentor aux USA, le Français Robert Champigny, un collègue enseignant très attachant, spécialiste d'Albert Camus, et l'écrivain américain Paul de Man, dont le livre Blindness and Insight fut une révélation pour Hédi Bouraoui.
«Je dédie ce livre de réflexions sur la poésie:/A ces trois professeurs des Etats-Unis/ Qui m'ont honoré de leur amitié… plus que de leur savoir/Amitié/Trésor de vie… que je n'oublierai jamais!
Mais cette collection d'essais, rédigés sur une période s'étalant de 1993 à 2015,n'est pas un regard en arrière, quelques brèches du passé. C'est un travail scientifique méticuleux, une série de réflexions sur la poésie, ses heurs et malheurs en ce monde «éclaté et perturbé d'aujourd'hui» (p.129), comme, d'abord, ce paradoxe de son statut à la fin du siècle dernier:
«Pourquoi poétiser en cette fin de siècle quand la poésie, ‘genre mineur', ‘ parent pauvre de la littérature' n'a souvent accès ni à la lecture, ni au marché? Et pourtant, jamais, il n'y a eu autant de poètes, de recueils, de revues poétiques qui paraissent et disparaissent de tous les coins du monde francophone» (p.13).
Ce paradoxe donne lieu à une véritable prise de conscience. Notre poète révèle qu'il s'adonne à la poésie, pas pour le gain et la notoriété, évidemment, mais poussé par un besoin viscéral, sans dévier d'un «chemin de vie» des plus exaltants, et qu'il n'a «jamais séparé poésie et vie, mais toujours opté de vivre la vie en poèmes. Et les poèmes en vie jubilatoire.» (p.94) Un aveuqui n'est pas sans nous rappelerles mots du poète palestinien Mahmoud Darwich :«le poète renaît et se renouvelle du fait de son expérience…».
En effet, comme tous les arts, la poésie a un rôle salutaire dans la vie. En écrivant un poème, en allant au spectacle, en peignant un tableau, l'homme recherche son plaisir, mais également une manière pour s'exprimer ou se défouler, tant notre équilibre psychique dépend de cet instinct mystérieux qui nous pousse à éprouver des besoins et à mobiliser nos émotions.Tour à tour, ‘quintessence d'humanisation' (p.23), ‘inéffable et vivance' (p.36,), la poésie est «un raccourci dans notre rapport du monde» (p. 107), «le chemin le plus court pourvoyeur du face-à-face de l'homme et de son existence», en dépit des surenchères et des brimades.
Or, comme le rôle propre du poète "n'est pas de dire ce qui est réellement arrivé, mais de dire ce qui pourrait arriver selon la vraisemblance ou selon la nécessité." (Aristote, Poétique 9), aussi ce livre souligne-t-il l'engagement habituel du poète et ses prises de position littéraires et politiques malgré la «relative liberté dont il dispose et qui dépend «du contexte socio-historique et politique où elle se déploie» (p.61). Bien qu'il ne soit pas, comme certains écrivains, engagé aussi bien pour les faits que pour les mots, Hédi Bouraoui, en homme pacifique et en pédagogue intransigeant, n'hésite pas, parfois, à ajouter à ses prises de position esthétiques des considérations purement politiques. Hédi Bouraoui invite ainsi le lecteur, ce témoin silencieux et ce juge omnipotent, non seulement à réfléchir et à exercer son propre sens critique en lisant entre les lignes, mais également à faire preuve d'une exigence intellectuelle ferme et décidée. La poésie étant surtout fonctionnelle, les convictions de notre poète à cet égard semblent bien établies:
«Si la poésie n'engage pas le lecteur à se positionner par rapport aux problèmes brûlants de son temps, elle ne vaut pas la peine d'être consultée.» (p.84)
Tant il est vrai qu'aucun intellectuel, en son âme et conscience, ne peut se dire aujourd'hui qu'il est neutre, qu'il n'a aucune sympathie, aucun penchant pour une cause quelconque.Dans ce monde qui a fait de la violence son point de repère, son signe concret, Hédi Bouaoui n'est pas resté insensible. Dans son poème intitulé ‘De l'Horreur… à la Ferveur… au Recueillement' (p.138)c'est la fibre humaniste en lui qui dénonce la violence aveugle qui a sevi en France récemment et qui ponctue ainsi son engagement.
Signalons enfin que dans la dernière partie de ce livre le Professeur Elizabeth Sabiston, l'égérie de toujours de Hédi Bouraoui, celle qui le connaît donc le mieux, nous livre, elle également, cette confidence:
«A travers ce recueil d'essais sur l'art de la poésie et des poèmes, le fil conducteur, c'est la métaphore de l'amour. Hédi Bouraoui se présente sous la figure d'un amant-des mots, des contacts humains pour la vie.»( p.141)
Amoureux des mots, Hédi Bouraoui, l'est depuis son plus jeune âge. Il en invente même dans ce livre tant il les adore ;
«Poaimer : c'est aimer au-delà de la peau….»
«Poêtre: c'est se mettre à l'écoute des pulsations des Autres et du monde…» (p.108)
Sans compter les nombreux mots-concepts tels que ‘transculturalisme', ‘transécrivain' et autre ‘émigressence', qu'il ne cesse d'inventer, et qui lui offrent à cet égard un moyen privilégié non seulement de sonder les âmes et de révéler son propre univers psychologique mais également pour souligner à loisir sa créativité imaginative. A ce propos cette dernière semble n'avoir pas de limites:
«La poésie est partout/Et nulle part/Agiter son flacon/Avant de le servir/ elle perche dans les fleurs/ Et niche dans les rires.(‘Musocktail') p.118.
Hédi Bouraoui, Mutante, la poésie, Collection ‘Essais Mosaïques', CMC Editions, Toronto, (Canada) 2015, 164 pages.


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