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Traite des êtres humains: les indicateurs de la Tunisie
Publié dans Leaders le 13 - 01 - 2018

Chef de projet en matière de lutte contre la traite à l'OIM Tunisie, Hélène Le Goff coordonne les activités portant sur la protection des migrants et de la lutte contre la traite des personnes, par l'assistance directe des victimes, l'aide au retour volontaire et à la réintégration (Avrr). Elle participe aux volets sensibilisation, prévention et coordination dans le domaine de la lutte contre la traite en Tunisie. Elle décrit un phénomène de «crime transnational organisé», celui de la filière ivoirienne.
Comment se présente actuellement la situation de la traite transfrontalière en Tunisie ?
Depuis 2012, et jusqu'en novembre 2017, l'OIM a identifié et porté assistance à 226 victimes de la traite transnationale. Parmi les victimes, 194 viennent de la Côte d'Ivoire (82%), 12 du Nigeria (5%), 5 du Sénégal, et 2 de Colombie, du Mali, de Bangladesh et du Cameroun. On dénombre par ailleurs 7 enfants.
La répartition des adultes par genre laisse apparaître 192 femmes (85%) et 33 hommes (15%). Ces victimes sont exploitées majoritairement dans la servitude domestique (82%) et dans le travail forcé (14%). Nous avons enregistré quatre cas d'exploitation sexuelle et un cas de servage.
Pour ce qui est de leur répartition sur le territoire tunisien, ils sont principalement à Sfax (23 victimes, soit 42%), Tunis (39 %), Sousse (7%) et Gabès, Nabeul-Hammamet (de 2 à 4%).
En 2017, nous avons enregistré 114 nouvelles victimes, ce qui est un chiffre très important en comparaison des années précédentes (54 en 2016, contre 28 en 2015, et seulement 8 victimes déclarées en 2013). Cela est dû à l'impact de la mise en place de la loi de prévention et de lutte contre la traite des personnes ainsi que des différentes campagnes de sensibilisation et de formation entreprises en coordination avec la société civile et l'Instance de lutte contre la traite. Même si les actions judiciaires contre les agents et les exploitants tardent à venir, la protection des victimes est un grand pas positif.
Comment fonctionnent ces réseaux de traite, particulièrement la filière ivoirienne?
Le récit des victimes ivoiriennes décrit un réseau de crime organisé. Une agence locale de recrutement qui propose à la victime un contrat de travail alléchant en Tunisie avec un salaire intéressant et des conditions de vie idéales. La victime, dupée, part en toute confiance, en ayant payé l'agent sur place. En arrivant à Tunis, les surprises vont commencer: son passeport est confisqué par son «correspondant» qui le remet à son employeur. La victime découvre qu'elle est endettée en moyenne de cinq mois de salaire que son employeur a payés à l'agent. C'est à cet instant précis que le calvaire de ces femmes et de ces hommes commence. Les récits rapportent tous des conditions de travail et de vie difficiles et parfois inhumaines. La plupart travaillent entre 16 et 18 heures par jour, sans avoir droit ni à une nourriture suffisante, ni à des soins médicaux. Elles ne peuvent ni sortir, ni communiquer avec leur communauté ou leurs proches. L'agent recruteur disparaît en général juste après «la livraison», il change de numéro de téléphone et parfois même d'identité. Les victimes se trouvent donc isolées, en situation de servitude et d'exploitation, leurs passeports sont confisqués jusqu'à payement de leurs dettes. Certaines arrivent à s'échapper mais la plupart sont dans une situation de grande vulnérabilité et restent à la merci de leurs employeurs.
L'attitude des familles d'emploi sont cependant à nuancer. Certaines n'avaient pas conscience qu'elles participaient à un crime organisé, elles cherchaient des aides à domicile répondant à certains critères particuliers vantés par les agents intermédiaires. D'où l'importance de la sensibilisation et de la prévention afin d'agir sur «la demande». La «commande» est en effet un chaînon important du crime organisé de la traite.
Comment venez-vous en aide aux victimes de la traite ?
Les personnes que nous avons pu secourir sont celles qui s'échappent ou qui nous contactent sur le numéro vert mis en place par l'OIM. Dans certains cas, ce sont d'autres membres de la communauté qui nous alertent sur des cas d'esclavage. D'autres, une fois les cinq mois de salaires de dettes payés, supplient de partir. Certaines n'arrivent même pas à récupérer leurs passeports ni leurs salaires. Elles arrivent chez nous dans un état de faiblesse physique, de malnutrition et de traumatisme psychique. Nous nous retrouvons parfois à fournir une aide médicale d'urgence avant même le premier entretien. Nous informons la victime sur ses droits et sur la possibilité d'une intervention des services chargés de l'application des lois en cas de dénonciation du crime, mais la plupart refusent de porter plainte.
Au sein de l'OIM, la victime bénéficiera d'une aide directe, selon les besoins de chacune. Nous intervenons pour lui trouver un hébergement en collaboration avec les différents partenaires étatiques, les ONG et la société civile. L'OIM assurera également l'accès aux soins médicaux, le soutien psychosocial et l'aide juridique et sociale. Nous aidons financièrement la victime, le temps que dure la procédure de son installation ou jusqu'à son départ volontaire pour rentrer chez elle. Dans ce cas, l'OIM se charge du retour et de la réintégration de la victime dans son pays d'origine afin qu'elle puisse se reconstruire après ce traumatisme.
La filière ivoirienne est à ce jour la plus active et la mieux organisée et nous travaillons en lien étroit avec l'Instance nationale de lutte contre la traite des personnes afin d'agir sur tous les maillons de cette chaîne du crime organisé. Nous aidons à mettre en œuvre des politiques publiques conformes aux bonnes pratiques internationales et renforçons la capacité des fonctionnaires et des acteurs non gouvernementaux pour mieux prévenir et lutter contre la traite à travers des formations, des ateliers et des campagnes de sensibilisation médiatiques.
Hélène Le Goff:Chef de projet en matière de lutte contre la traite à l'OIM Tunisie.
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