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Tunisie: Un nouveau cap
Publié dans Leaders le 11 - 08 - 2021

Un changement majeur intervient en Tunisie. Le tournant, réussi, la renforcera dans le camp des démocraties. Tout balbutiement ou ratage aura de lourdes conséquences sur l'avenir du pays. Le moment est historique, difficile à décrypter et les perspectives sont encore peu claires. Malgré les assurances données par le président de la République. Sous le regard attentif de la communauté internationale et la vigilance citoyenne des Tunisiens, se forgent notre présent et notre avenir.
Ni les mises en garde ni les sommations graduelles n'ont été entendues. Le pouvoir était à ramasser. Le dernier bastion de l'islam politique dans le monde arabe vient de tomber sans coup férir. Une révolution à la tunisienne sans bruit et sans effusion de sang. En quelques minutes, le président Kaïs Saïed est passé à l'acte, un dimanche soir, un 25 juillet, date-anniversaire de la République. Gouvernement et parlement en ont eu pour leurs frais. Hichem Mechichi et ses coéquipiers, à jamais, quant à Rached Ghannouchi et aux élus de la nation, avec une suspension des travaux de l'ARP et la levée de l'immunité parlementaire pendant 30 jours. L'article 80 de la constitution, activé par le chef de l'Etat, lui confère des pouvoirs d'exception, à échéance précise, et sans le moindre dépassement.
Coup d'Etat, coup de force, coup d'éclat, extra-constitution et légitimité d'une interprétation étendue de la loi suprême diviseront les constitutionnalistes et une partie de la classe politique, le mouvement Ennahdha et ses affidés en tête. La rue, dans son immense majorité, s'est spontanément exprimée en faveur du président Saïed. «Le choc est intervenu au bon moment, répondant à une forte exaspération populaire, marquant un désaveu total de la classe politique régnante», confiera à Leaders un observateur averti.
Dans une course contre la montre, le président Kaïs Saïed s'emploie à résoudre la crise politique aiguë, et paver la voie à l'après-25 août. Mais aussi, s'attaquer en même temps à la dégradation avancée des finances publiques et de l'économie, la persistance de la pandémie sanitaire, l'accroissement du chômage et l'aggravation de la précarité, et préparer la rentrée scolaire.
Quels ont été les éléments déclencheurs ? Est-ce une simple relève de la classe dirigeante ou la fin de tout un système politique déjà à l'agonie ? Quelles solutions de sortie de crise ? Et quelles garanties solides Ennahdha apporterait en rédemption ?
Eclairage.
Le projet fondateur de Kaïs Saïed
Plus que tenir une promesse de campagne en 2019, Kaïs Saïed est demeuré fortement attaché à ses convictions. Ses engagements ont été clairs : redécoupage du territoire en 256 conseils locaux, scrutin uninominal par conseil, réforme du système politique, amendement de la constitution, accès garanti à l'éducation, aux soins de santé et à la couverture sociale, instauration de l'Etat de droit et de l'équité et lutte contre la malversation… «Je ne vends pas des chimères et de fausses promesses, avait-il alors déclaré, mais des idées et des propositions que je soumettrai à la consultation publique.»
Passer des idées à la concrétisation législative et réglementaire est ainsi devenu l'objectif majeur de Kaïs Saïed, une fois élu à la magistrature suprême. Surprises et déceptions ne manqueront pas de lui révéler rapidement la réalité de la classe politique dirigeante, des ravages de la corruption et de la malversation, et des abus en tous genres. Lâché par Hichem Mechichi en qui il avait placé sa confiance, incrédule face à ce qui se passe sous la coupole du Bardo, édifié par l'hégémonie exercée par Ennahdha et sa galaxie, interpellé par de larges franges du peuple, il est passé à l'action.
L'ARP en arbitre
Ce qui avait le plus décidé le président Saïed, c'est surtout le dysfonctionnement institutionnel. Cela date déjà du bras de fer engagé par Youssef Chahed en 2018, alors chef du gouvernement, contre son parrain, le président de la République Béji Caïd Essebsi. Son alliance avec Ennahdha marquait déjà un nouvel équilibre des forces, à l'orée des élections de 2019. Mechichi aussi tentera d'imposer à Carthage un remaniement ministériel, procédera à des limogeages et s'alliera avec Ennahdha, Qalb Tounès, Itilaf Al Karama et d'autres blocs parlementaires pour s'assurer de son maintien à la tête du gouvernement. Dans ce bras de fer devenu insoutenable entre la Kasbah et Carthage, c'est le Bardo qui s'est érigé en arbitre… Contre Carthage.
Plusieurs crises en une
Kaïs Saïed observait ce jeu politique malsain qui se poursuivait en toute insouciance sur un fond d'épreuves fort douloureuses qui épuisent les Tunisiens. «Les classes populaires, épuisées par l'augmentation du coût de la vie, la permanence d'un chômage de masse, l'extension de la corruption, auxquelles est venue s'ajouter la gravité de la crise sanitaire, écœurées par le comportement de leurs élus et sensibles à la rhétorique populiste du chef de l'Etat, ne pouvaient par ailleurs qu'approuver son intention déclarée de mettre fin à la gabegie», écrira Sophie Bessis dans une tribune au Monde publiée le 30 juillet.
Le gouvernement était incapable d'élaborer une loi de finances rectificative censée être soumise à l'ARP au plus tard fin juin, d'établir une note de cadrage budgétaire aboutie, en vue des arbitrages à effectuer mi-juillet, et de présenter au FMI le chiffrage de ses besoins de financement. La gestion erratique de la crise sanitaire a affecté les Tunisiens dans des milliers de leurs proches et montré l'incompétence de la Kasbah et à tenir les commandes pour y faire face. Le pays tout entier en a été endeuillé. Il aura fallu l'appel lancé par le chef de l'Etat à ses pairs de par le monde pour qu'affluent massivement des dons en vaccins et équipements.
Les entreprises comme le tourisme et l'artisanat subissent leur lot de lourdes conséquences. La flambée des prix a vidé le panier de la ménagère. Précarité et chômage n'ont fait que s'aggraver. La rentrée scolaire s'annonce difficile.
La sécurité constitue elle aussi une grande préoccupation. Qu'il s'agisse de l'augmentation de la criminalité et de la violence, ou des risques terroristes qui demeurent persistants, les forces sécuritaires et armées doivent se maintenir en vigilance élevée.
Le blocage institutionnel, la mainmise sur de nombreux dossiers en justice, l'impunité et l'hégémonie d'Ennahdha ont conduit la Tunisie vers l'impasse.
Un parlement qui se donne en spectacle et un parti prédateur
Bien que farouchement opposé au recours par le président Saïed à l'article 80 de la Constitution, n'hésitant pas à le qualifier de coup d'Etat, le professeur Yadh Ben Achour souligne cependant les facteurs qui ont marqué la scène politique. «La raison essentielle provient d'un fonctionnement déplorable du système parlementaire mis en place par la Constitution de 2014, déclare-t-il au journal italien Il Manifesto. Le parlement tunisien est devenu une véritable mascarade oratoire, marqué par la violence non seulement verbale mais également physique. Il n'arrête pas de se donner en spectacle. Les institutions sont devenues des coquilles vides. L'Etat a subi un affaiblissement considérable qui met en cause la stabilité même de la société. Le parti islamiste majoritaire au parlement a été à l'origine d'un développement inouï de la corruption, d'une politisation du pouvoir judiciaire, notamment les organes du ministère public, d'un blocage institutionnel, d'une régression et d'une islamisation de la société. Le parti islamiste s'est révélé comme un véritable parti prédateur.»
Le nécessaire atterrissage
L'échéance fatidique des 30 jours fixée par la Constitution constituera une rude épreuve tant pour le président Kaïs Saïed que pour la démocratie en Tunisie. Les démocraties occidentales ainsi que l'Union européenne n'ont cessé de rappeler l'importance de s'y conformer, en protégeant les droits et libertés, en assurant la reprise des travaux du parlement, et en renforçant le processus démocratique.
«La question est désormais de savoir s'il s'agit d'une panne passagère dans la construction chaotique mais obstinée de la démocratie tunisienne ou d'un coup d'arrêt durable donné à cette dernière ?», s'interroge Sophie Bessis dans sa tribune au Monde.
Les garanties d'Ennahdha
La donne a changé. Comment se dessine la reprise des travaux de l'ARP ? Persister sur la même voie sera source de blocage. Comment Ennahdha pourrait-il se redéployer? En plus des changements dans sa direction, le retrait de Rached Ghannouchi de la présidence de l'ARP à la reprise de l'année législative en octobre prochain, l'engagement à voter tous les décrets-lois pris au cours de la période de suspension des travaux, et l'investiture du nouveau chef de gouvernement.
Il faut dire que la publication du rapport de l'Inspection générale du ministère de la Justice au sujet de l'assassinat de Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi, l'implication de l'ancien procureur de la République, Béchir Akremi, assigné à résidence surveillée, et les révélations sur l'organisation secrète portent un coup dur à Ennahdha.
Le compte à rebours des 30 jours est fatidique. Chaque jour comptera, chaque décision pèsera. Les Tunisiens sont impatients de voir la pénible décennie de déception fermée à jamais. Ils aspirent à récolter les dividendes de la révolution et de la démocratie.


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