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Démocratie interdite
Publié dans Leaders le 07 - 12 - 2011

Depuis plus de 50 ans, la Tunisie a toujours choisi et accepté le chemin de la dictature et tourné le dos à la démocratie. Qu'est ce - qui fait qu'il en ait été ainsi depuis l'indépendance, et qu'est - ce qui pourrait faire que les choses changent aujourd'hui? Voilà une question qui me semble essentielle. On dit que le passé éclaire l'avenir, alors si tel est le cas, il faut reconnaître que ces régimes ont été acceptés, soutenus explicitement par ceux qui en tiraient profit et implicitement par la majorité des Tunisiens.
Quelqu'un disait que sous la dictature en Tunisie, «on avait le choix entre la compromission, le silence ou l'exil». Est-ce qu'on peut considérer que la dictature vécue pendant 50 ans n'est qu'une parenthèse postcoloniale inévitable, et que le pays va entrer dans une nouvelle ère? Ou est-ce que, au contraire, le schéma est en passe de se reproduire une nouvelle fois, et que les Tunisiens pourraient soutenir, ne serait-ce qu'implicitement, une nouvelle forme de dictature autoritaire?
Depuis l'indépendance, les signaux envoyés aux dictateurs ont été violents ou pacifiques, suffisamment nombreux et explicites pour les amener à revoir leurs orientations politiques et à conduire le pays vers la démocratie, mais cela n'a pas suffi, car dans les deux cas, par la volonté d'un seul homme s'est mis en place tout un système avec sa noblesse et son tiers-Etat, qui a combattu aux côtés du dictateur pour conserver ses avantages. La récente réapparition médiatique de nombreux visages, de la proximité et de la corruption de l'ancien régime démontre clairement que les mêmes recettes fonctionneront encore longtemps. La contre-révolution est en marche, et ce n'est pas le nouveau pouvoir qui s'en plaindra, heureux de pouvoir recycler les vieilles vestes, parfois sans même prendre la peine de les retourner.
Alors, la démocratie serait-elle interdite à la Tunisie? Beaucoup d'observateurs sont sceptiques et certains considèrent même que le passage par une dictature islamiste est un mal nécessaire avant que le pays ne puisse enfin prétendre à la démocratie.
Or la religion n'est pas nécessairement limitative, et c'est la volonté et l'interprétation des hommes qui la rendent incompatible avec les concepts de liberté et de démocratie. Dieu a fait les hommes égaux et libres, et l'homme au nom de Dieu a instauré l'esclavage et la dictature. Le problème n'est donc pas l'Islam, mais l'islamisme politique, et la volonté de faire de la Charia la source principale d'inspiration des lois et d'organisation de la société, en opposition à l'expression souveraine des peuples.
Il est important de relever que depuis l'indépendance, il y a divergence dans les conceptions idéologiques de l'organisation de la société, et même des concepts fondamentaux de démocratie et de liberté. Ces mots ne recouvrent pas la même signification pour tous les Tunisiens, et il n'y a donc pas de socle sociétal fort et commun à tous pour asseoir ces fondements. La démocratie ne pourra s'inscrire dans les gènes de ce pays qu'à la condition de bâtir ensemble ce socle commun. Le vrai danger serait que la Tunisie passe de la dictature d'un système, au nom d'un homme, à la dictature d'un groupe au nom de Dieu, et celle-ci sera autrement plus difficile à combattre, d'autant que l'opposition démocratique n'est, pour le moment, pas à la hauteur du défi. La question posée est comment combattre politiquement un parti qui oeuvre pour Dieu, lorsque vous n'oeuvrez que pour l'individu? Comment combattre politiquement un parti dont l'action s'inscrit dans l'au-delà, lorsque vous n'êtes qu'ici-bas?
Que la Tunisie ait vécu ses premières élections transparentes, cela est un fait, mais il n'y a pas de démocratie sans alternance. L'alternance est commandée par les évolutions constantes des contextes et de la société, ou encore par la sanction politique dans un environnement de liberté d'expression, de pensée et de critique. Or si une idéologie limite ces libertés au prétexte de défendre la religion et marginalise toutes les critiques, en prenant soin d'instiller ses préceptes dans la société, alors on ne pourra plus parler de démocratie, quand bien même il y aurait vote.
Ennahdha a d'ores et déjà renié l'un des axes de son programme pour la Constitution, en passant du régime parlementaire intégral au régime présidentiel, et semble même vouloir prolonger le bail convenu, avant même la convocation de l'Assemblée constituante. Ce qui est sûr, c'est que ces changements de dernière minute sont de l'ordre de la stratégie et du calcul politique. Cela montre déjà que ce parti a une conception de la démocratie et des libertés à géométrie variable.
Je reste, pour ma part, persuadé que la majorité des Tunisiens n'est pas favorable à un régime islamiste, et que celui-ci n'est pas un passage obligé vers la démocratie, mais il ne suffit pas de le dire, encore faut-il la stratégie politique pour le traduire. Pour qu'il y ait alternance, il faut une alternative, et cette alternative naîtra d'une nécessaire et prévisible redistribution des cartes entre les forces politiques de ce pays au cours des prochaines semaines, au sein et en dehors de l'Assemblée constituante.
Le rapprochement possible du CPR et d'Ettakatol me paraît être l'une des clés du rapport de forces futur. Pour beaucoup, le CPR est un ersatz d'Ennahdha, à qui il doit ses résultats aux élections. Cela est probablement en grande partie vrai, cependant le CPR a une identité propre et devrait pouvoir prendre ses distances par rapport à Ennahdha au fur et à mesure du temps et de l'apparition des divergences qui ne manqueront pas. Le CPR et Ettakatol ne pourront pas indéfiniment jouer les faire-valoir, et une plateforme commune est une option à ne pas écarter, d'autant que peu de choses les séparent. Pour autant, ils ne devront pas tomber dans le piège de celui qui cherchera systématiquement à les opposer, pour conserver la maîtrise du jeu.
Les partis de l'opposition démocratique doivent se regrouper dans une plateforme qui conduira in fine à un parti unique du centre, même s'il doit comporter des tendances diverses. Je persiste à penser qu'un tel parti a une base électorale très large en Tunisie, mais pour la rassembler il faut être capable de s'unir et de proposer un discours mobilisateur. Cette plateforme devra voir le jour très rapidement, le temps est compté, quitte pour cela à bousculer les états-majors et leurs agendas politiques. Ces états-majors doivent réagir immédiatement s'ils ne veulent pas compter demain parmi les victimes collatérales de la révolution. Faire de la politique autrement, voilà ce qu'attendent d'eux les électeurs, à défaut ils courent le risque d'être débordés par la société civile qui aura à prendre l'initiative du combat.
De même qu'il faudra compter avec les forces syndicales. Même s'il est a craindre une prise en main de l'UGTT par les islamistes lors du prochain congrès, il n'en reste pas moins que là encore une redistribution des cartes est à prévoir, qui devrait permettre aux syndicats de conserver un rôle majeur dans les luttes à venir. La société civile doit aujourd'hui être encore plus vigilante, et travailler à mettre en place des réseaux capables de mobiliser à chaque fois que nécessaire. C'est au peuple et à lui seul de sauvegarder les acquis et les objectifs de la révolution, d'autant qu'il a élu une Assemblée constituante et non un gouvernement, des représentants et non des ministres. Le peuple a voté pour la mise en oeuvre d'une Constitution et non d'un programme économique ou social. Appelé à voter pour une Assemblée constituante, le peuple va se rendre compte qu'il a installé un pouvoir concentré, cumulant le législatif et l'exécutif, sans autre forme de procès. Belle démocratie en perspective.
Le rôle de cette assemblée devra être limité sous la pression de l'ensemble des forces politiques et civiles. Les réformes devront être confiées à des commissions ad hoc indépendantes du gouvernement, pour être représentatives du peuple et conformes à l'esprit de la révolution. L'Assemblée constituante doit militer en faveur de cette démarche, pour empêcher le gouvernement de verser dans les réformes idéologiques illégitimes.
Ce sont là les conditions d'une levée de l'hypothèque sur la démocratie en Tunisie. Sinon, après Kasbah 1 et 2, place à Bardo 1 et 2.


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