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Enseignants de la Manouba, tenez-bon !
Publié dans Leaders le 07 - 03 - 2012

- Les étudiants empêchés d'accéder aux salles de cours et aux amphithéâtres
- le bureau du doyen mis sens dessus dessous par deux niqabées
- Un fonctionnaire en réunion avec le doyen évite de justesse une pierre lancée à l'intérieur de ce bureau
- Le dilemme cornélien des enseignants pris entre le danger lié à l'absence de sécurité et l'intérêt des étudiants.
Depuis une semaine, les évènements et les incidents violents se succèdent à la Faculté de la Manouba à une allure démentielle et le chaos s'installe petit à petit après une courte accalmie observée pendant les deux premières semaines du mois de février. Après les agressions subies au début de la semaine dernière par les professeurs Samia Yazidi et Souhaïl Chemli et le défoncement de la porte de la salle occupée par ce dernier, ce qui a poussé les enseignants à exercer leur droit au retrait, après le sit-in organisé vendredi dernier par « des envahisseurs » brandissant les drapeaux de partis islamistes non reconnus, venus des environs soutenir les étudiants déférés devant le conseil discipline, nous avons vécu aujourd'hui une autre journée terrible et à plusieurs égards insolite, caractérisée par une escalade inattendue, ou du moins, dont l'ampleur n'était pas annoncée d'autant plus que le ministère, par le biais du cabinet du ministre, avait dénoncé jeudi dernier les actes de violence subies par les enseignants et indiqué que les mesures disciplinaires intérieures étaient les mieux appropriées pour mettre fin à ce fléau de la violence, sans compter le fait que le verdict prononcé par le conseil de discipline était jugé clément par de nombreux observateurs ( un non lieu, un avertissement, un blâme, 2 renvois de six mois, un renvoi d'une année).
En bonne logique, une fois que les sanctions ont été entérinées par l'autorité de tutelle et publiées – cela s'est passé hier matin – le ministère aurait dû prendre les mesures d'accompagnement nécessaires pour calmer l'atmosphère et empêcher les étudiants renvoyés de la faculté d'y accéder pour qu'ils ne nuisent plus. La protection attendue par les enseignants et qui aurait été perçue comme une dissuasion par les perturbateurs ne venant pas, les défenseurs du niqàb en ont profité à nouveau pour empêcher le déroulement des cours des groupes 1 et 2 de la deuxième année arabe. Les étudiants de ces deux groupes (80 environ) ont, en guise de riposte, décidé ce matin d'interdire à tous les étudiants de l'institution d'accéder à leurs départements dans le but de pousser l'administration et le ministère à trouver une solution définitive au problème. Il ne s'agissait pas d'une grève générale ou d'un boycottage des cours comme l'ont laissé entendre certains journalistes collaborant avec des journaux électroniques mais d'une nouvelle prise en otage de la faculté décidée par de nouveaux protagonistes. Pourtant ces étudiants n'ont pas bronché pendant cinq mois alors que leurs cours étaient continuellement perturbés, que six jours auparavant, ils avaient manifesté dans le campus universitaire de la Manouba pour soutenir leurs professeurs victimes de la violence des partisans du niqàb et pour demander le respect du règlement intérieur de leur institution. Qu'ils paralysent aujourd'hui la faculté (seuls quelques rares cours ont eu lieu quand des étudiants, surtout ceux des masters et de l'agrégation, ont pu par un escalier dérobé, après avoir trompé la vigilance des sentinelles, accédé aux bâtiments abritant leurs départements), est d'autant plus suspect que les étudiants coupables d'agressions et d'infractions ont été sanctionnés et qu'une solution est possible grâce à l'application de ces sanctions. Qu'ils réclament le départ du doyen et qu'ils reprochent à l'administration de la faculté son impuissance à l'occasion de leur manifestation devant les bureaux de l'administration centrale est d'autant plus surprenant qu'ils n'ont cessé de soutenir jusque dans les derniers jours la position du conseil scientifique de l'établissement et qu'ils réclamaient la semaine passée le départ du ministère. Que penser de ces incohérences et de cette volte-face que rien n'annonçait ? Beaucoup de collègues scandalisés crient à la manipulation.
Cette situation tendue et propice à tous les dérapages a poussé deux niqabées qui en voulaient au doyen et au conseil de discipline, l'une pour avoir écopé d'un renvoi de six mois, l'autre parce qu'elle comparaîtra prochainement devant l'instance disciplinaire, à faire irruption dans le bureau du doyen qui était en réunion avec un employé de la direction des affaires estudiantines, pour mettre ses documents, ses affaires, sens dessus dessous. Après l'intrusion sauvage, le bureau visité par les journalistes et le substitut du Procureur de la République présentait un aspect de désolation : des documents, des parapheurs, des livres, des revues et des journaux jonchaient le sol et étaient parfois froissés mais rarement déchirés. On aurait dit qu'une tornade était passée par là.
Le doyen est allé à la suite de cette agression porter plainte auprès du district de la Garde Nationale à la Manouba. Longtemps après son départ, l'une des étudiantes a simulé, selon les témoignages des membres de l'administration présents, un malaise après avoir mesuré la gravité de son forfait, prétendant avoir été violenté par le doyen et réclamant le SAMU. Ses camarades en ont profité pour lancer, via la page Talaba-révolution de Facebook, leur page sur le réseau social, un appel aux salafistes des quartiers voisins pour qu'ils viennent renforcer leurs rangs. Répondant à cet appel, une vingtaine de leurs militants se masse vers dix huit heures devant la porte de la faculté. Une dizaine parmi ces recrues pénètre dans l'enceinte de l'établissement pour rejoindre le groupuscule attroupé devant l'administration centrale. Vers dix neuf heures, un projectile lancé – à en juger par son impact – avec une force inouïe dans la direction du bureau du doyen défonce une vitre, traverse un rideau, effleure un fonctionnaire en réunion avec le doyen et trois de ses collègues et atterrit au beau milieu du bureau après s'être fracassé en deux. Plus de peur que de mal ! Mais le sentiment d'insécurité s'empare de plus en plus du personnel enseignant, administratif et ouvrier.
Demain, les enseignants se réuniront en assemblée générale à midi et demie, pendant la pause entre les deux séances de la journée. Ils n'ont pas décidé de faire valoir leur droit au retrait car ils sont pris dans un dilemme cornélien. Ils pensent à leur sécurité mais ils sont soucieux de faire éviter aux étudiants le spectre de l'année blanche. C'est, du reste, pourquoi ils ont suspendu la semaine dernière l'exercice de leur droit au retrait. Mais pourront-ils continuer à être stoïques alors qu'une menace réelle plane désormais sur leur intégrité physique et qu'ils essuient continuellement les humiliations depuis maintenant plus de trois mois sans que personne ne songe à les protéger.
(*) universitaire, syndicaliste.
Département de français, Faculté des Lettres de la Manouba (Tunisie)
Lire aussi : Le drapeau national profané: on ne pourra plus dire qu'on ne savait pas


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