De retour en galerie, l'artiste américaine Jo Ann Morning expose sa nouvelle collection du 19 novembre au 3 décembre à la galerie Saladin, à Sidi Bou Saïd. Variations sur le rêve, promenades mentales et recherche de l'abstraction structurent les oeuvres de cette plasticienne qui réside à Hammamet depuis de longues années... Plusieurs artistes de nombreux pays ont fait, à l'image de Jo Ann Morning, le choix de la Tunisie. En effet, cette Américaine a depuis plusieurs années posé ses valises à Hammamet et, depuis, a entrepris de confronter sa palette aux lumières de Tunisie. Régulièrement, Morning sort de son atelier et vient à la rencontre du public des arts. Que ce soit à la galerie Saladin où Ridha Souabni a su l'attirer puis la retenir ou encore au Centre culturel international de Hammamet, cette artiste dont les oeuvres sont cotées en Europe et en Amérique, fait ainsi des incursions dans les galeries tunisiennes. Les paysages mentaux ou les rêves restitués par la lumière Ainsi, Jo Ann Morning expose-t-elle ses nouvelles collections et ses dernières recherches. Car la quête de cette artiste est inépuisable. Ancrant son travail dans la finesse d'une remarquable étude chromatique, l'Américaine de Hammamet cultive concepts et approches raisonnées. Tout en agissant sur le formel en recherchant des échappées abstraites nouvelles, Jo Ann Morning donne des canevas à ses oeuvres, maîtrise en quelque sorte ses inspirations en les canalisant dans des matrices momentanées et toujours renouvelées. Avec "Dreamscapes", elle investit la dimension onirique et retrouve les ressorts du surréel sous-jacent dans toute démarche abstraite. Le terme de "Dreamscape" est en ce sens un joli néologisme à la croisée des mots "dream" et "landscape" qui signifient respectivement "rêve" et "paysage". De la sorte, le titre de cette exposition nous renvoie à des paysages oniriques, des visions émanant du rêve. C'est Gérard de Nerval qui disait que "le rêve est une seconde vie". Jo Ann Morning, avec ses traits paradoxaux et ses ombres fuyantes, suggère que cette seconde vie est fuyante, subreptice mais que l'artiste peut en retenir certaines visions. Ce sont dès lors des paysages mentaux qui s'offrent à notre regard, des reflets sur la toile qui suggèrent aussi bien les archétypes qui travaillent l'auteur que les états d'âme de l'artiste. A la recherche des aubes d'été, des voyelles inarticulées et des fleuves impassibles C'est un onirisme débridé qui se déploie sous notre regard, dans des forêts de symboles et une spirale de couleurs? Ces promenades mentales auxquelles nous convie Jo Ann Morning sont marquées du sceau du virginal, du temps suspendu, de la fuite des images. On ne capture pas ses rêves. On peut tout au plus s'en souvenir et en restituer le foisonnement. Cette exubérance devint alors un véritable alphabet de lumières, de contrastes, de ruptures et parfois de fugaces ectoplasmes. A l'image de la poésie rimbaldienne, la peinture de Morning part à la recherche des aubes d'été, des voyelles inarticulées ou des fleuves impassibles. Toute en poésie, rutilante et feutrée à la fois, la démarche de Jo Ann Morning instaure une dialectique du rêve et du paysage et fait surgir des registres ésotériques où les signes de vie et les lignes de fuite structurent le paysage mental de l'artiste. Une nouvelle fois, Jo Ann surprend par le dédale qu'elle crée et les correspondances subtiles qu'elle invite. Son exposition se tiendra du 19 novembre au 3 décembre à la galerie Saladin de Sidi Bou Saïd et promet monts et merveilles oniriques. Sachons les découvrir et rencontrer une oeuvre avant que l'artiste ne revienne à la solitude laborieuse et active de son atelier de Hammamet.