A l'issue d'une réunion tenue dimanche dernier, le groupe de la réforme et du salut au sein du mouvement de Nidaa Tounes a décidé de nommer le député Moncef Sallemi coordinateur général du comité de réforme et de sauvetage du mouvement. Nomination immédiatement rejetée par le groupe de Hafedh Caïd Essebsi. Ridha Belhadj, principal figure du groupe de la réforme et du salut, a déclaré que la première mission de Moncef Sallemi est de rencontrer le président de la République, Béji Caïd Essebsi, pour l'informer des projets du nouveau comité. L'ancien président du Comité politique de Nidaa Tounes a expliqué que de part sa qualité de président honorifique du Nidaa, le chef de l'Etat est aujourd'hui appelé à intervenir afin de convaincre son fils, Hafedh Caïd Essebsi, de céder la direction du mouvement au niveau comité et ce jusqu'à la tenue du congrès électif. Pour Ridha Belhadj, le verdict du non-lieu prononcé dans l'affaire de l'assassinat de Lotfi Naguedh doit impérativement amener tous les dirigeants et de toutes les tendances de Nidaa Tounes à se réunir comme ils l'ont fait en 2012. Il est même allé jusqu'à évoquer la possibilité de réintégrer Mohsen Marzouk et tout son nouveau parti, Mouvement projet pour la Tunisie, au sein des structures du Nidaa. Pour l'ancien directeur du cabinet présidentiel, la reprise des activités des Ligues de protection de la révolution dissoutes (LPR), représente un élément alarmant face auquel toutes les forces démocratiques doivent s'unir de nouveau. Contrairement à Ridha Belhadj, Moncef Sallemi a préféré modérer ses propos quant au sort réservé à Hafedh Caïd Essebsi. Intervenant sur les ondes de RadioMed, le nouveau coordinateur général du comité de réforme et de sauvetage du Nidaa a assuré s'être entretenu avec Caïd Essebsi junior qui lui aurait donné son accord sur le coup d'envoi de la réforme au sein du mouvement. Selon Sallemi, le groupe de la réforme et du salut n'œuvre pas dans le but d'exclure l'actuel directeur exécutif du mouvement ; le même comité travaille plutôt sur le retapage de la cuisine interne du mouvement afin qu'il soit prêt à affronter les prochaines élections qui sont les Municipales. Toutefois, et à en croire Mourad Dellech, président de la commission juridique de Nidaa Tounes, Hafedh Caïd Essebsi semble s'être rétracté puisqu'il a considéré que la récente nomination de Sellami n'est qu'une tentative de putsch sur le mouvement et ses structures officielles. Lors d'une déclaration accordée à l'agence TAP, maître Dellech a expliqué que la réunion du dimanche est illégale puisqu'elle s'est déroulée en l'absence des coordinateurs régionaux du parti et des membres du groupe parlementaire. Accusant le groupe de la réforme de vouloir bloquer les travaux de l'Instance nationale indépendante chargée de préparer le prochain congrès électif – formée l'année dernière par Abdelhamid Larguech – le président de la commission juridique du Nidaa a assuré que ce même groupe n'a pour but que d'éjecter HCE et du mouvement et de sa direction. Ce qu'a omis de préciser Mourad Dellech c'est que quelques députés, à l'instar de Khemaeis Kssila ou de Moncef Sallemi lui-même, ont été présents à la réunion et ont même signé le communiqué. Par ailleurs, les clivages et les magouilles au sein du mouvement sont devenus tels qu'une crise de confiance aigue s'est installée entre le mouvement et ses sympathisants et ce même si le Nidaa continue à occuper la première place au niveau de presque tous les sondages. Mais il faut toujours se rappeler que ces mêmes sondés qui continuent à voter au profit du Nidaa au niveau du sondage le font non pas par conviction ou grâce à la confiance qu'ils ont mais parce qu'ils s'opposent à l'autre projet d'en face qui est celui du mouvement d'Ennahdha. Quant au retour de Marzouk évoqué par Belhadj, cela peut en effet se faire surtout que le MPT commence, lui aussi, à sombrer dans des conflits internes tout aussi inconséquents et creux que ceux de Nidaa Tounes. La vraie question ici est de chercher à comprendre le réel impact qu'aura le retour de Marzouk et tous les autres dirigeants qui ont quitté le navire si jamais les guerres de positionnement continuaient de plus bel.