La situation ne cesse de s'envenimer dans le secteur de l'enseignement suite à la dégradation des relations entre le ministère de l'Education et la partie syndicale, plus précisément entre le ministre et le syndicat général de l'enseignement secondaire. Cette détérioration des rapports entre les deux parties a pris une tournure biaisée, notamment après les exigences annoncées publiquement par le secrétaire général dudit syndicat, le sieur Lassâad Yaâcoubi, auteur de la tristement célèbre adresse aux parents d'élèves tunisiens : « allez boire l'eau de la mer ». En effet, n'ayant plus de revendications professionnelles et administratives dignes de ce nom à faire prévaloir, M. Yaâcoubi, fait du départ de Néji Jelloul, ministre de l'Education, une condition essentielle pour faire cesser ses actions. « Les séries de mouvements de protestation, avec grèves et sit-in, se poursuivront jusqu'au limogeage du ministre de tutelle », clame et crie le bouillonnant syndicaliste à qui veut bien l'entendre. Plus grave encore, au moment où l'on croyait les agissements de ce syndicaliste étaient d'ordre personnel, voilà que l'Union générale tunisienne du travail s'y implique directement en prenant cette exigence à son propre compte. Et c'est le nouveau secrétaire général de la Centrale syndicale, fraîchement élu, Noureddine Taboubi qui défend la même revendication ! Cette nouvelle orientation prise par les événements, fait soulever de nombreuses questions et planer des zones d'ombre quant à la réalité de ces mouvements et, plus particulièrement, les dessous et les véritables parties occultes qui tirent les ficelles pour avoir la peau du ministre, de loin, le plus populaire et le plus apprécié parmi les membres du gouvernement, selon toutes les opérations de sondage. Pour commencer, il y a unanimité à dire que ce n'est pas le rôle des syndicats d'imposer qui doit rester et qui doit partir parmi les membres de l'équipe gouvernementale. L'UGTT a, certes, un rôle primordial à jouer dans la vie nationale et elle l'a toujours joué, notamment lors du Dialogue national en 2013 ayant amené l'émergence du gouvernement de technocrates au début de 2014.C qui lui a valu d'ailleurs le prix Nobel de la paix. L'UGTT a de même joué un rôle essentiel dans la solution de la crise née alors de la Loi de finances 2017. Sous la houlette de son ancien secrétaire général, Houcine Abassi, elle a largement contribué au succès des tractations ayant abouti à un consens autour de la feuille de route prônée par le Document de Carthage signé le 13 juillet 2016. Reste que ce rôle et ces succès ne peuvent pas, logiquement, lui conférer le droit de s'immiscer dans les nominations ou les limogeages d'un tel ou tel ministre, secrétaire d'Etat ou autre responsable. En suivant ce raisonnement que veut imposer l'UGTT, tout ministre sera alors en sursis, à la merci du bon vouloir du secrétaire général de la Centrale syndicale et autres responsables syndicaux sectoriels. Ce qui est très grave. Ce qui entacherait gravement l'autorité de l'Etat ! C'est dire que dans le cas d'espèce, il n'est nullement dans l'intérêt du gouvernement et de l'Etat de céder aux desiderata des syndicalistes en la matière. Cela créerait un précédent dont il serait difficile de s'en départir par la suite. Et c'est dire que le président du gouvernement est appelé à se prononcer, dans les plus brefs délais, sur cette question et à délimiter les responsabilités de chacune des parties Toutefois, il faut ajouter à toute cette « sauce », les dernières révélations faites quant à l'appartenance de Lassâad Yaâcoubi au même parti de l'ex-ministre de l'Education sous le gouvernement de la Troïka-bis d'Ali Laârayedh, de mars 2013 à janvier 2014, Salem Labiadh qui serait, avancent certains, derrière cette cabale contre Néji Jelloul. Sans oublier que le parti islamiste d'Ennahdha a toujours lorgné du côté de ce ministère qu'il veut s'approprier sachant qu'il a un candidat tout désigné en la personne de Mohamed Goumani. Et pour avoir une idée de ce que pensent les simples citoyens et les enseignants non embrigadés, nous reproduisons le texte, traduit, d'un enseignant, qu'il a posté sur sa page Facebook : «Lettre ouverte à monsieur Youssef Chahed : Je suis le nommé, Foued Hamdi, citoyen tunisien, directeur d'une école primaire à Boussalem ayant une ancienneté effective de 32 ans au cours desquels je ne me suis absenté que pendant un mois et quelques jours. Je vous informe que j'ai exercé sous la tutelle de plus de 15 ministres de l'Education et j'ai traité avec tous les syndicats du secteur, mais ce qui est humiliant, actuellement, c'est l'émergence du pire des syndicats jamais connus durant mon exercice. Je vous avertis, (monsieur le chef du gouvernement), que si vous cédez devant l'invasion grotesque de quelqu'un qui ne représente que lui-même et devant un groupe qui se cache derrière lui, pour limoger le ministre de l'Education, sachez que les membres de votre gouvernement chuteront l'un après l'autre et que ce sera la chute du prestige du gouvernement et du prestige de l'Etat... ». Il s'agit là d'un message clair et significatif quant à l'état d'esprit régnant chez les vrais cadres du département de l'éducation et des cadres enseignants chevronnés et compétents qui n'ont d'yeux que pour l'intérêt de la profession noble d'enseignant et de nos jeunes, futurs cadres de la Tunisie de demain. En tout état de cause, il est inconcevable que des personnes, sous prétexte d'action syndicale, veuillent parvenir à leurs fins personnelles et servent des intérêts étroits en prenant les enfants et les adolescents comme otages au risque de leur faire perdre une année d'études, voire de détruire carrément leur proche avenir.