Dans une déclaration accordée à la chaîne Nessma TV, le secrétaire général du Courant populaire, Zouhair Hamdi, a révélé que «la situation au sein du Front populaire est loin d'être idéale». Pour lui, si la situation interne du Front populaire était meilleure, cette entité n'aurait fait qu'un seul parti politique aujourd'hui après plus de deux ans des élections législatives et de la Présidentielle de 2014. Une déclaration qui vient confirmer une tension qui ne cesse de s'accroître au sein de la coalition de la Gauche. Une tension qui a été révélée au grand public lors de la formation, durant l'été dernier, du gouvernement d'union nationale présidée par Youssef Chahed. Alors que le porte-parole du FP, Hamma Hammami, avait refusé de prendre part aux négociations de Carthage et avait rejeté toute possibilité de voir le Front ne serait-ce que donner son avis sur l'équipe gouvernementale, Mongi Rahoui, député du bloc parlementaire du Front populaire et dirigeant au sein du Mouvement des patriotes démocrates unifiés (WATAD), avait entamé des négociations en vue de récupérer le poste de ministre des Finances avant de revenir sur sa décision. L'agissement du député lui avait coûté une forte vague de critiques dans son propre camp où plusieurs de ‘ses camarades' l'avaient descendu sur les réseaux sociaux. Réagissant à la campagne de dénigrement, Mongi Rahoui n'avait pas hésité à pointer du doigt Hamma Hammami, en affirmant que le concerné s'était figé dans le temps, incapable d'apporter le plus et qu'il était temps pour lui de prendre du recul. Depuis septembre 2016, les choses s'étaient calmé au sein du Front populaire jusqu'à ce le président de la République, Béji Caïd Essebsi, provoque une nouvelle crise. Il s'est en effet attaqué au porte-parole du FP, lors d'une intervention télévisée laquelle a été suivie par une nouvelle déclaration provocante de la part de Mongi Rahoui qui, sans faire dans la subtilité, a affirmé qu'il ne votera en aucun cas au profit de Hamma Hammami lors de la Présidentielle de 2019. Même si le député a refusé de s'avancer encore plus dans le débat, son affirmation a suffi aux auditeurs et aux observateurs, et comme l'a déclaré Zouhair Hamdi, de dire que ‘la situation au sein du Front populaire est loin d'être idéale'. Cette nouvelle polémique survient parallèlement avec l'annonce de l'ancien ministre de la Fonction publique et de la gouvernance, Abid Briki, qui compte former un nouveau parti politique de la Grande Gauche. Un projet ambitieux qui renaît de ses cendres. Chokri Belaïd, après avoir grandement contribué dans la formation du Front populaire, parlait beaucoup de ce rêve où la Gauche tunisienne serait rassemblée autour d'un seul projet. Mais il semblerait que cette nouvelle n'ait pas plu à tous les leaders du FP. Dans une déclaration accordée à nos confrères d'Assabah hebdomadaire, le président du bloc parlementaire du Front, Ahmed Seddik, a déclaré qu'un ‘ministre licencié ne peut pas rassembler la Gauche tunisienne'. Une déclaration des plus provocantes à laquelle Abid Briki a répondu en affirmant que cela ne l'honorerait pas de s'allier à la Gauche du 18 octobre en référence à l'alliance de l'époque entre la Gauche et les islamistes. Il est clair que les divergences au sein du Front populaire vont vers le pire si ses dirigeants ne se mettent pas d'accord sur les lignes rouges à ne pas franchir. Bien que la présidence de l'Instance supérieur indépendantes pour les élections (ISIE) ne soit pas encore prête, la Tunisie s'apprête à organiser les élections municipales. Des élections primordiales dont les portées influenceront les quinzaines prochaines années à venir. De ce fait, et s'il y avait une réelle maturité politique, les forces démocratiques (qu'elles soient de Gauche ou pas) ont pour devoir ultime aujourd'hui de tenter de se réunir comme elles peuvent et de tout faire afin de rétablir la confiance entre les électeurs et les acteurs politiques.