Elles n'ont pas cherché à nier les faits et ont tout de go avoué leurs crimes abjects envers une enfance encore plus fragilisée par la maladie. Elles, la directrice et deux pseudo-éducatrices du centre d'accueil pour enfants autistes, sont aujourd'hui aux mains de la justice et seront probablement punies pour leurs méfaits. Oui, mais... La vidéo est digne d'un film d'épouvante avec des séquences qui feraient pleurer même les cœurs de plomb. Un enfant, dos au mur, se fait tabasser par une adulte sans cœur qui l'humilie à coup d'insultes et le bat férocement. On ne saura jamais pourquoi cet ange a été ainsi maltraité mais ce dont on est sûr, c'est que personne sur cette Terre ne mérite un tel châtiment et encore moins un enfant autiste. Fatma, maman d'une fillette autiste de cinq ans, commentera cette séquence: "Ces images ont brisé mon cœur. J'ai imaginé ma fille à la place de ce garçon. Je n'en dors plus. Le plus triste avec un enfant autiste, c'est que lorsque quelqu'un le frappe, il se réfugie dans ses bras et se serre contre son bourreau pour se protéger". Comment ne pas se révolter contre tant d'absence d'humanisme et ne pas fondre de tristesse devant tant de vulnérabilité enfantine ? Comment ne pas hurler de rage face à ces abus qui se répètent et ses trop nombreux cas d'enfants qu'on violente aussi bien au sein de leurs familles que dans les établissements scolaires ? Qui protège nos enfants ? Sont-ils condamnés à subir et sommes-nous incapables de flairer le danger et de réagir avant que le pire n'arrive ? Pourquoi les droits des enfants, pourtant constitutionnellement garantis, sont si souvent bafoués ? Quels mécanismes doit-on mettre en place pour éviter que des enfants ne soient victimes de maltraitance et de sévices ? Pourquoi, malgré des lois multiples et actualisées et un arsenal juridique et institutionnel existant, n'arrive-t-on pas à encore protéger efficacement les plus jeunes d'entre nous ? Est-ce un manque de volonté politique ou un manque de moyens humains et financiers ? Comment expliquer la recrudescence de ces abus alors que la Tunisie est classée à la 6ème place mondiale en matière de protection de l'enfance ? Pourquoi, à chaque nouveau cas, rejette-t-on systématiquement la faute sur le seul ministère de la Femme, de la Famille et de l'Enfance alors que ce phénomène serait plus efficacement combattu si plusieurs ministères dont celui de la Santé et des Affaires Sociales accordaient leurs violons et en faisaient une priorité absolue, les enfants étant l'avenir du pays ? A ce sujet, Neziha Laâbidi, ministre de la Femme, de la Famille et de l'Enfance partage d'ailleurs cet avis. Elle déclare à ce propos: "Nous ne sommes pas le seul ministère responsable de ces cas de violence. Nous travaillons en cohésion avec les autres départements et espérons faire avancer les choses". Quant à savoir si son ministère est impuissant face à tant d'abus commis envers les enfants, elle répondra: "Le ministère de la Femme, de la Famille et de l'Enfance et ses différentes composantes travaillent d'arrache-pied pour parer à ces cas. La preuve en est que dès que nous avons eu vent de cette affaire, nos équipes sont intervenues et le délégué à la protection de l'enfance a aussitôt réagi. Il y a une nouvelle loi de protection des enfants de la violence qui est entrée en vigueur. Elle sera rigoureusement appliquée". Une réponse qui se veut rassurante mais comment y croire pleinement quand chaque jour des enfants sont en proie à des prédateurs sans cœur ni pitié et que des adultes, payés pour prendre soin de ces mineurs, ont l'audace de justifier leurs actes ignobles en se demandant sur les réseaux sociaux: "Pourquoi vous vous offusquez? Vous ne frappez pas vos enfants à la maison ?".