Avec un moral frôlant le beau fixe, le pays se prépare au pic de la prolifération du coronavirus, au bout des deux semaines d'incubation. En somme, la Tunisie, avec ses multiples carences, s'en sort plutôt bien. Les rouages de l'Etat, ceux techniques en particulier, comme le département de la santé publique, les forces de sécurité et de l'armée font ce qu'ils peuvent, afin de limiter les dégâts, à défaut de pouvoir venir à bout de cette pandémie sur le territoire national. A l'ARP (Assemblée des représentants du peuple), on est largement en avant. On est déjà dans un pic qu'aucun autre Etat n'a connu jusqu'à présent. Le pic de la criminalité immune la plus immorale, et qui risque, sans un élan répressif ferme, d'emporter tout ce que le pays prétend avoir gagné depuis 2011. Lors des séances du jeudi, nous avons assisté en direct au défilement d'un bouquet d'énormités verbales, comportementales, et surtout politiques, qui en disent long sur la sécurité du chemin qui reste à faire avec l'actuelle formation de cette ARP. Nous sommes devant un animal politique qui ne puise sa légitimité dans aucun mot de l'actuelle Constitution. Une « coalition dite Al Karama » qui n'est ni un parti politique, ni une association de la société civile, ni un organisme social comme l'on connait. C'est une association d'individus, au niveau d'instruction et de culture moins, beaucoup moins que la « quantité » de savoir requise dans un atelier d'artisanat, apparemment chargés d'officialiser, en appendice des milieux de l'islam politique, les prises de positions que le hub de l'islam frère musulman ne peut endosser publiquement par ces temps de crises. La rage prépayée Par la liste de leurs cibles qui s'allonge au fil des séances, on finit par se poser de réelles questions sur le sérieux de l'ISIE et des résultats des élections de 2009. Ce qui ressort des interventions de ce Makhlouf, de ce Affès et autres illuminés de la dernière heure, c'est la liberté extra-logique dont cette « coalition » use, pour se payer la tête de députés respectueux qui ne viennent pas nécessairement des ceintures de la prostitution, de la drogue et de la contrebande qui entourent les grandes villes de Tunisie. Leurs cibles, ou bien des personnes connues pour leur opposition à la mainmise systématique de l'islam politique sur l'Etat. Ou bien des personnes morales versées depuis des décennies dans la défense sociale du citoyen. Selon quelle nomenclature agissent ces éléments délinquants sous l'Hémicycle. Et quel est le vrai secret de leur sursaut soudain (depuis une semaine) contre la société tunisienne et les quelques députés et organisations qui la représentent. Il est vrai que le coronavirus est venu mettre en vrilles toute version non scientifique de la pandémie, renvoyant sur tous les tons, la religion, à la maison de l'individu, après la fermeture des lieux de culte, devenus des creusets de contagion, après avoir été les lieux privilégiés du travail de ces hordes de délinquants religieux et de droit commun. Le coup est certes rude, mais il ne justifie en aucun cas de laisser libre cours à des enragés sans scrupule, pour qu'ils monopolisent les trois quarts du temps de l'ARP, en temps de crise majeure comme celle que le pays traverse. A suivre les séances de jeudi, on se demande si l'ARP dispose ne serait-ce que d'un code de conduite ou de discipline régissant les dépassements criminels. On comprend encore moins le silence des députés qui suivent stoïquement, et sans broncher, ces scènes indignes des plus mal famés des bars d'un port méditerranéen. A-t-on pensé à faire face collectivement à cette horde ? Les retraits de séance ponctuels de quelques députés excédés, d'un moment à l'autre, ne constituent pas une réponse adéquate et « collective » à ce fléau qui a envahi l'Hémicycle. Seulement, ces bonnes âmes ont été témoins, devant leur télé, d'une scène des plus répugnantes que ces pseudo-députés ont réservée à l'UGTT (Union Générale Tunisienne du Travail). Le niveau était de caniveaux. Un langage de guerre des plus orduriers est jeté à la Centrale syndicale, à qui l'histoire du mouvement national attribue au moins 50% du mérite de l'indépendance. Cette institution de lutte de toutes les classes sociales contre l'oppression et l'exploitation, se trouve aujourd'hui trainée dans la boue, par des mercenaires ignorants, et qui crient leur ignorance de la tribune d'un pouvoir républicain, le Parlement. On va où avec cela ? L'obscénité du vide mental et intellectuel Les meneurs obséquieux de ces énergumènes, dont le chef de l'ARP lui-même, ne savent-ils pas que l'UGTT se prévaut de deux modes d'affiliation ? Les porteurs de carte d'affiliation. Et les affiliés par leur être, en ce sens que l'UGTT représente une grande composante de leur «être» de Tunisien. Ne savent-ils pas que certains membres de l'UTICA même, l'adversaire institutionnel de l'UGTT, vouent à cette dernière un respect et une reconnaissance qui a dépassé par moment le respect qu'ils vouaient à l'Exécutif tout entier ? Et si les choses viennent à se corser, à l'image de ce qui s'était passé en 2013, quand les islamistes au pouvoir ne trouvaient plus d'issue de secours, et que le pays se trouve acculé à reformer le fameux quartet ? Que feront ces fifrelins sans l'UGTT ? Bien avant cela, et si l'UGTT, décide, en un congrès extraordinaire, d'en découdre directement avec l'islam politique sur le terrain, et non plus dans des communiqués destinés à la consommation interne ? On ne souhaite pas voir les visages ni les ventres de ces détracteurs prépayés. La désillusion sera tragique. En attendant, il reste juste et logique de condamner le plus énergiquement possible, la complaisance de l'ARP avec ces mauvais comprtements. A tout moment, la situation peut balancer dans une autre logique…