Depuis son voyage controversé au Qatar, le président s'est contenté de quelques apparitions protocolaires dont la dernière pour commémorer les martyrs de la garde présidentielle morts en novembre 2015. Pourtant, tous les indicateurs du pays sont au rouge ! Les impasses se multiplient et s'aggravent de plus en plus. Sur tous les fronts le vacarme est assourdissant. Le pays perd la boussole et les citoyens ne savent plus où donner de la tête. La «kamourisation» redoutée se développe venant de Tataouine, elle prive le Sud de gaz en bouteilles et elle est en passe de priver Sfax de carburant. Les derniers remparts se fissurent. Les juges étalent dans les médias leurs « sales » petites affaires tenues secrètes jusqu'à là et le ministre de la Défense ne se gêne pas pour fustiger les militaires corrompus, tandis que celui de l'Intérieur dévoile les micmacs de certains hauts gradés de la police! Que reste-t-il quand le chef du gouvernement joue au pompier avec des incendies qui se déclarent tous les jours et avec un budget pas bouclé et un parlement magouilleur ? Que reste-t-il quand la pandémie fauche tous les jours de dizaines de citoyens de toutes les régions et de toutes les conditions et avant tous les médecins et les professionnels de la santé eux-mêmes ? Tous les regards se dirigent vers le Palais de Carthage. En fin de compte, le Président de la République est le garant de la bonne marche des institutions et il bénéficie en plus d'une légitimité que personne ne peut mettre en question. Il bénéficie également des prérogatives diverses et avant tout il est le président du Conseil de Sécurité Nationale. Or, ce que nous vivons ces jours-ci constituent des atteintes graves et manifestes à la sécurité nationale. Mais, on a beau prêter l'oreille, rien ne vient du côté de Carthage ! Certains commentaires sur les réseaux sociaux se demandent même, en caricaturant le trait, si le Palais a des fenêtres qui peuvent permettre au Président de se pencher de son balcon et de sentir ce qui se trame dans le pays et l'arrière-pays ? Certains partis politiques et organisations nationales sont allés jusqu'à faire un appel du pied, à coup d'initiative pour le dialogue national, afin de tendre une perche à Kaïs Saïed pour qu'il sorte de son mutisme et qu'il oublie un peu cette lubie de ville sanitaire à Kairouan qu'il ne cesse de ressasser ! Rien n'y fait. Le Président n'est pas encore concerné par les affaires le plus urgentes du pays. Pourtant c'est le moment, peut-être, pour ce président qui aime tant les discours grandiloquents de s'adresser au pays, et de montrer à ses partisans et surtout à ses détracteurs qu'il est l'homme de la situation. Il peut, et il doit, intervenir en urgence sur le dossier du Covid-19, sur le dossier de la magistrature et ses frasques, sur le sujet du budget de l'Etat, sur l'agitation sociale du moment en raisonnant les revendications et en donnant un espoir à cette jeunesse qui a pourtant cru en lui à un moment donné ! Il peut, ne serait-ce qu'un moment, redonner espoir aux milliers de citoyens qui voient leur horizon s'obscurcir de plus en plus. C'est dans des moments pareils, dans l'histoire des peuples, qu'on a besoin des grands hommes d'Etat! A bon entendeur, salut! A.L.B.M.