Après l'annonce des noms des artistes retenus qui participeront aux différentes compétitions de la 20è édition du festival de la chanson tunisienne, nous remarquons que beaucoup parmi eux y reviennent. Leur retour vient parallèlement à celui du festival lui-même qui renait après treize années d'absence. D'autres artistes viennent confirmer leur talent reconnu précocement, ou après des années d'attente et de dur labeur. Dans la catégorie de la libre créativité dans la chanson, il s'agit de Raoudha Abdallah, découverte aux Journées musicales de Carthage (JMC) et d'Ahmed Mejri, un artiste singulier qui arrange et crée dans l'Afro- Jazz et le Reggae, découvert dans le méga-spectacle « Noujoum » de Fadhel Jaziri et Samir Agrebi. Et dans l'autre volet de cette catégorie, à savoir les pièces instrumentales, il s'agit de Mondher Barkous. Pour ce qui est de la chanson engagée, il s'agit de Béchir Lakkani et de la même Raoudha Abdallah. Dans la catégorie de la chanson instrumentale et de variété, ce sont : Ahmed Rebaï, Foued Becheikh, Chokri Omar Hannachi, Nabil Boudhina, Rihab Seghaier et Monjia Sfaxi. Un florilège d'artistes avec d'autres encore, qui, feront peut-être parler d'eux. Du présent au passé Dans les nouveaux choix du nouveau comité directeur du festival de la chanson tunisienne, le champ de la création devient plus ouvert, plus diversifié et mieux organisé au niveau des différentes compétitions proposées. Des formules, qui appartenaient à l'ancien festival Saliha, ont été reprises où la création et la créativité étaient de mise, mais uniquement dans les modes tunisiens. Et là, nous avions eu droit à des petits chefs-d'œuvre, à l'instar de : « Laïatini b'chid el hawa » chantée par Nâama sur une composition de Khémais Tarnène et des paroles de Tahar Kassar. Cette chanson avait remporté en 1960 le premier prix de ce festival. Dans ce même contexte, la chanson : « Bin el outar werrah » sur des paroles de « Chiheb », alias Si Abderrahmane Ennaifer, notre ancien professeur d'éducation religieuse au Lycée Alaoui et sur une composition de Chedly Anouar, avec une interprétation très touchante et impeccable de Nâama, avait remporté le premier prix du festival Saliha en 1965. Dans sa nouvelle version de la fin des années 80, le festival, devenu celui de la chanson tunisienne, était axé sur les nouvelles créations interprétées par des voix connues, peu connues, ou prou et sur le concours de chant d'œuvres typiquement tunisiennes. Un concours disparu aujourd'hui pour on ne sait quelle raison. Il permettait de découvrir de nouvelles voix qui feraient peut-être du chemin. Plusieurs nouveaux interprètes étaient nés, comme Sonia Mbarek, Faiçal Rejiba, Chedly Hajji, Moncef Abla...Et la liste est encore longue. Car le festival de la chanson tunisienne avait coïncidé avec l'éclosion, sinon l'éclatement de nouveaux compositeurs, à l'image d'Abdelkrim Shabou, Naceur Sammoud, Mohamed Allem, Abderrahmane Ayadi, Mohamed Mejri, Abdelhakim Belgaied, Rachid Yedaas, Samir Agrebi, Mohamed Salah Harakati...Et on en oublie. Et du côté des poètes et autres paroliers, il y a eu Abdelhamid Rebii, Mahmoud Ben Saber, Habib Mahnouch, Hatem Guizani, Béchir Lakkani, Abdessamad Korchid, Slaheddine Sassi, Hamadi Dridi, Hmida Jarray... Après douze sessions, le festival a pris une petite pause, car parfois les résultats des jurys de la sélection et de la compétition ne plaisaient pas du tout à plusieurs participants. Et il y avait eu des protestations et même des « batailles » verbales entre les artistes participants, les jurys et les organisateurs. Le temps de réflexion était nécessaire pour revoir ce festival au niveau de sa conception pour aboutir, quelques années après, à une nouvelle formule qui s'ouvrait d'ailleurs sur d'autres genres musicaux qui existent sur la place. Ces derniers faisaient désormais partie des différentes compétitions. Dans son actuelle édition, le festival a innové afin d'éviter le copinage, dans la mesure où chacun des membres des jurys a reçu les œuvres en lice à titre personnel, sans même connaître les autres membres de son jury. Une belle trouvaille ? qui, nous l'espérons donnera ses fruits. L.B.K