Le Temps-Agences - Les pays de l'UE ont décidé hier de convoquer tous les ambassadeurs d'Iran pour protester contre l'attitude du pays à l'égard de la Grande-Bretagne et envisagent des mesures supplémentaires, sans toutefois couper les ponts avec Téhéran à cause du dossier nucléaire. La décision a été arrêtée au cours d'une réunion d'ambassadeurs des 27 pays de l'UE à Bruxelles. "C'est important" que les Etats de l'Union européenne "marquent leur solidarité" avec les Britanniques et "montrent un front uni" vis-à-vis de l'Iran, a déclaré à Stockholm le premier ministre suédois Fredrik Reinfeldt, dont le pays préside le bloc des 27 pays, à l'issue d'une rencontre avec le chef de l'Etat français Nicolas Sarkozy. Le sort des employés locaux de l'ambassade britannique à Téhéran, accusés par l'Iran d'avoir participé à des manifestations et fomenté les troubles ayant suivi la réélection contestée du président Mahmoud Ahmadinejad le mois dernier, constitue pour l'Europe la priorité. Sur les neuf personnes interpellées à l'origine, deux restaient détenues vendredi. Et le chef de la plus haute instance électorale d'Iran, Ahmad Jannati, a indiqué que certains d'entre eux seraient traduits en justice. La Grande-Bretagne, par la voix du chef de sa diplomatie David Miliband, s'est dite hier "très préoccupée" et a demandé des "clarifications urgentes". Le ministère allemand des Affaires étrangères a indiqué de son côté avoir convoqué l'ambassadeur d'Iran pour lui annoncer que "si la situation actuelle ne change pas, cela s'en ressentira immédiatement sur les relations entre l'Union européenne et l'Iran". Dans l'immédiat, "l'important est d'avoir une réponse graduée" de l'Europe, souligne un diplomate européen. Mais si les employés de l'ambassade britannique n'étaient pas libérés la semaine prochaine, l'UE pourrait monter en puissance. "On garde toutes les options ouvertes", a indiqué une source proche de la présidence suédoise de l'Union européenne. A l'étude : des restrictions sur l'octroi de visas à certains dignitaires iraniens et, d'autre part, un rappel temporaire des ambassadeurs de l'UE en Iran, même si cette dernière mesure, considérée comme plus radicale, suscite moins d'enthousiasme. Les restrictions de visas seront "sans doute une possibilité", souligne un diplomate. "Nous discutons d'une révision de notre approche en matière de demandes de visas pour les officiels iraniens et de l'option de ne pas les traiter jusqu'à nouvel ordre", confirme une autre source diplomatique. Les Européens n'iraient donc pas, pour l'heure, aussi loin que l'interdiction pure et simple de visa d'entrée qu'ils avaient dans le passé décrétée contre le président du Bélarus Alexandre Loukachenko. Ou que celle encore en vigueur à l'égard de 203 Zimbabwéens, dont le président Robert Mugabe et sa femme Grace. Les Européens veulent en effet éviter de compromettre ensuite une reprise des pourparlers sur le nucléaire avec l'Iran, déjà en mauvaise voie. "Le régime se durcit, ce qui fait que la perspective de revenir au dialogue n'est pas pour demain. Pour le moment, le régime n'évolue pas dans la bonne direction", souligne un diplomate de l'UE.