Décidément, il n'y a plus de limites à l'imposture, à telle enseigne que la confiance est devenue de plus en plus une denrée rare. En effet on se rend compte au fil du temps que la confiance n'est pas la chose la mieux partagée entre les humains comme ce fut le cas naguère. Le principe est la bonne foi, et tout le monde est censé l'être. C'est la raison pour laquelle, sur le plan du droit, c'est la mauvaise foi qui doit se prouver, la bonne foi étant présumée. Mais à voir quelques cas, on se demande si tous les principes ne sont pas chamboulés, au point de ne plus savoir à quel saint se vouer. Le jeune homme qui se fiança à celle qu'il avait choisie pour le meilleur et pour le pire, était devenu au fil des jours, au yeux de cette dernière l'homme de confiance sur lequel elle pouvait compter le plus. Elle était d'autant plus ravie, qu'elle était son aînée de quelques années et était très fière de la sollicitude de ce jeune homme élégant, et à la limite play-boy. Il faut dire qu'il s'était toujours montré à la hauteur et n'a jamais manifesté aucune attitude de nature à susciter le doute auprès de la fiancée ainsi qu'auprès de sa famille qui l'estimait et lui vouait beaucoup d'égard et de respect. Ces deux fiancés représentaient le couple idéal avec beaucoup d'amour et le maximum d'entente. Ils ne pouvaient certes se ressembler comme deux gouttes d'eau, mais ils se complétaient, d'autant plus que le jeune homme n'a jamais manifesté de désaccord à l'égard de sa dulcinée qu'il chérissait tant. Ils sortaient régulièrement et la fiancée était très fière de s'afficher avec son prince charmant. Le jour des faits, ils avaient comme à l'accoutumée organisé une sortie, et la fiancée n'avait jamais imaginé qu'elle serait l'objet d'un traquenard bien ficelé à l'avance, et dont l'instigateur n'était autre que son fiancé. Celui-ci avait en effet mis au point un plan diabolique avec un complice qui restait à l'affût dans un coin de rue où les deux amoureux s'étaient donné rendez-vous. Dès qu'il les aperçut, il fit irruption, couteau de cuisine à la main, pour les tenir en respect et obliger la fiancée à lui remettre les bijoux quelle portait, avant de se volatiliser dans la nature. Le jeune homme se montra très scandalisé et incita sa compagne à aller déposer une plainte dare-dare au poste de police le plus proche, en ne manquant pas de donner le signalement de l'agresseur. Cependant, coup de théâtre :ce dernier arrêté, déclara, au grand étonnement des enquêteurs, que l'instigateur de cette attaque à main armée, était le fiancé. Celui-ci en effet, a mis au point le plan selon lequel il devait intervenir, afin de s'emparer des bijoux de la fiancée. Celle-ci n'était évidemment au courant de rien et tomba ainsi dans le piége. En l'apprenant par les enquêteurs, elle tomba des nues également et tint à porter plainte contre celui qui naguère était l'homme de sa vie. Il fut inculpé ainsi que son complice devant le tribunal de première instance qui les acquitta. Mais sur appel du parquet, ils furent jugés à nouveau devant la chambre criminelle de la cour d'appel qui les déclara, coupables de vol qualifié, et condamna chacun d'eux, à 4 ans d'emprisonnement. La fiancée qui, l'a échappé belle a du se dire dans son for intérieur : " Dieu préservez-moi de mes amis, mes ennemis je m'en charge! "