Le sort du protagoniste dans le cas d'espèce est semblable à celui de l'un des personnages d'une tragédie grecque qui sont victimes de la fatalité. Il avait à peine vingt ans lorsqu'il quitta sa ville natale pour venir dans la capitale à la recherche d'un emploi qui lui permette de subvenir à ses besoins. Mais, la chance ayant refusé de lui sourire, il fut acculé à la mendicité. Avait-il quitté le domicile de ses parents à l'insu de sa famille, ou ces derniers avaient-ils baissé les bras ? Toujours est-il que personne des siens n'avait cherché à le joindre ou à s'enquérir de ce qu'il était advenu de lui. Il était seul et sans logis. Il finit par élire domicile, dans un coin du parking souterrain à la Kasbah. Ce fut là qu'il fit la connaissance d'un autre individu qui était lui aussi sans domicile fixe. Logés à la même enseigne, les deux compères sympathisèrent de jour en jour et prirent l'habitude de se retrouver le soir pour se raconter bien des choses, surtout que le jeune homme se considérait comme l'hôte de cet habitant du parking qui croyait dur comme fer qu'il avait en l'occurrence un droit de priorité inaliénable et imprescriptible. Aussi se plaçait-il en quelque sorte sous sa protection. Il était cependant quelque peu importuné par ses mauvaises habitudes, dont notamment celle de vider chaque soir une bouteille d'alcool, à brûler, précisons-le ainsi qu'un sac d'injures sur le jeune homme, n'hésitant pas à le rouer de coups, gratuitement et sans crier gare. Le jeune homme se sentait de plus en plus humilié, mais il se résignait car il n'avait aucune solution de rechange. Où pouvait-il aller, alors qu'il s'était assuré le logis dans ce coin de parking et profitait de temps en temps des subsides que lui donnait son hôte. Quelques jours avant le drame, il quitta le parking pendant la journée qu'il passait errant de café en café et pour ne retourner que tard la nuit. C'était pour lui le meilleur moyen d' éviter cet hôte qu'il trouvait méchant et exécrable. Il finit par décider de se venger, et sa décision était irrévocable et sans appel. Le jour des faits il rentra tard la nuit, comme il prit l'habitude de le faire depuis quelque temps. Mais cette fois-ci son hôte était encore éveillé. Une discussion houleuse se termina par une rixe au bout de laquelle le jeune homme lui porta un violent coup à la tête, avec le couvercle d'une bouche d'égout, qu'il avait enlevé pour se défendre. Le coup était tellement violent que la victime perdit connaissance. Mais le jeune homme, perdant son self-contrôle, et mu par la haine et la rancune, l'aspergea d'alcool, et gratta une allumette, avant de quitter les lieux. Le lendemain il se présenta à la police pour déclarer d'abord qu'il avait découvert dans le parking, un cadavre humain calciné. Les agents de la brigade criminelle se déplacèrent sur les lieux afin de procéder aux constats nécessaires et une enquête fut ordonnée par le procureur de la République. Au cours de cette enquête, le jeune homme finit par avouer qu'il était le meurtrier de la victime qu'il avait brûlé sciemment afin de lui administrer le pire des châtiments. Il avait cependant, révélé aux enquêteurs un élément important : avant le drame, il a été à un moment donné placé à l'hôpital psychiatrique de Errazi, en exécution d'une décision de justice, à l'occasion d'un délit mineur pour lequel il avait été déclaré irresponsable. Toutefois, il avait trompé la vigilance des gardes pour s'évader de l'établissement psychiatrique et venir se réfugier au parking, lieu du drame. La question qui est posée à nouveau : Jouissait-il de toutes ses facultés mentales, lorsqu'il commit ce meurtre ? C'est au tribunal qu'il appartient de trancher, en fonction des éléments du dossier ainsi de l'intime conviction du juge.