* La Tunisie classée 2ème au niveau du monde arabe, après l'Algérie Les importantes saisies de produits contrefaits opérées, ces deux dernières années, par les autorités tunisiennes compétentes, sur le territoire national, ont permis de montrer, à la grande satisfaction de tous, que la contrefaçon sévissant en Tunisie est essentiellement une contrefaçon importée, mais la piraterie musicale et informatique y a revêtu une ampleur considérable. Signalée jusqu'à présent comme étant l'un des producteurs mondiaux en matière de contrefaçon, la Tunisie s'est avérée être, plutôt, une victime et un espace de commercialisation privilégié des produits contrefaits. Les statistiques établies par les services compétents du ministère du Commerce et de l'Artisanat sur la base des saisies ont montré " que le marché local tunisien souffre plutôt d'une contrefaçon importée, puisque 71 % des produits contrefaits qui y sont vendus proviennent de l'extérieur, principalement de la Chine, contre 29 % fabriqués localement ".
Circuits informels et organisés Selon ces mêmes statistiques, c'est aussi le tissu industriel tunisien qui est le plus touché par la contrefaçon. En effet, 53 % des produits contrefaits vendus en Tunisie concernent des produits de marques tunisiennes, contre 16 % portant sur des produits de marques étrangères fabriqués sous licence en Tunisie, et 31% copiant des produits de marques étrangères. L'imitation des marques commerciales et la reproduction des modèles industriels constituent les formes les plus courantes de la contrefaçon en Tunisie. La commercialisation de ces produits contrefaits se fait aussi bien à travers les circuits informels que par le canal des circuits organisés, c'est-à-dire les magasins et les surfaces de vente et de distribution ordinaires, ce qui accroît la gravité du phénomène. Au cours des deux dernières années, quelque 4,6 millions d'articles contrefaits ont été saisis en Tunisie, grâce à l'amélioration du dispositif de lutte contre ce fléau, à tous les niveaux, juridique, institutionnel et logistique. Ces articles touchent tous les secteurs de la production industrielle. Les responsables affichent un certain optimisme tout en avouant que la lutte est de longue haleine et nécessite beaucoup de temps pour porter les fruits escomptés. Cependant, d'après certaines parties avisées, cette lutte semble être centrée sur la contrefaçon industrielle, oubliant le piratage musical et informatique qui connaît un développement considérable en Tunisie, et qui porte une grave atteinte à la propriété intellectuelle autant que l'atteinte portée par la contrefaçon industrielle à la propriété industrielle. La lutte devrait être générale, recommandent ces mêmes parties, car la piraterie et la contrefaçon se ressemblent et se nourrissent de la violation et de l'exploitation illégale. D'après des études très sérieuses faites par des agences très crédibles, le taux de piratage des logiciels en Tunisie s'élève à 79 % de l'ensemble des logiciels en usage dans le pays. Ainsi, en matière de piratage informatique, la Tunisie se place en deuxième position dans le monde arabe, venant après l'Algérie où le taux de piratage des logiciels s'élève à 84 %, tandis que le Liban occupe la troisième place dans le monde arabe, avec 73 %. Ce piratage porte sur les systèmes d'exploitation, les jeux, et autres didacticiels. Certains s'attendent à une aggravation du piratage, grâce à la généralisation du Haut Débit sur l'Internet qui devient, ainsi, le canal de distribution prédominant pour les logiciels illicites.
Des pertes faramineuses La Ligue Arabe a estimé récemment que les différentes formes de piratage et de contrefaçon coûtent au monde arabe une perte d'environ 50 milliards de dollars américains par an. Le piratage des logiciels représente un manque à gagner certains pour les éditeurs de logiciels, ainsi que pour les distributeurs et les développeurs du monde entier. La législation tunisienne protège la propriété industrielle et aussi la propriété intellectuelle et artistique comme les logiciels et les programmes informatiques en général. La Tunisie dispose d'un Code de protection de la propriété intellectuelle et artistique, dont les dispositions viennent d'être renforcées et actualisées.
Piratage artistique Le piratage musical et artistique en général s'amplifie également. Des galeries commerciales se sont spécialisées dans ce genre de pratiques, dans la capitale Tunis. Le détournement des codes, notamment les codes de captage des chaînes de télévision payantes, appelé patching, est aussi une forme de piratage qui se développe et trouve beaucoup de clients, à telle enseigne que les chaînes de télévision payantes changent constamment leurs codes de captage. Or, en plus des effets négatifs de la contrefaçon et de la piraterie sur l'innovation, la créativité et le bon fonctionnement du marché, tous les produits contrefaits ou piratés sans exception présentent des dangers pour le consommateur et l'utilisateur, sous une forme ou une autre, car ils sont souvent fabriqués hors normes de qualité et de sécurité. Leur durée de vie est très courte et par ce côté, ils constituent, dans tous les cas, une mauvaise affaire, quoique leurs prix soient en apparence bas et moins élevés. Un proverbe tunisien très ancien déconseille d'ailleurs d'acheter les produits dont les prix sont bas, car ils présentent sûrement un défaut. Beaucoup de citoyens et de consommateurs ont, sans doute, constaté qu'un enregistrement sonore de chansons et musique sur cassette ou CD piratés à prix bradés ne survit pas à la première utilisation.