L'espace d'une semaine, la Libye aura marqué deux coups sur la scène internationale. D'abord, les Suisses présentent officiellement des excuses pour cet incident qui aurait vu le fils de Gueddafi, Hannibal et sa compagne, « maltraités » par la police suisse. Ensuite, la libération par les autorités écossaises de Megrahi, « maître d'œuvre », selon l'Occident, du drame de Lockerbie. Les autorités écossaises invoquent des raisons de compassion : Megrahi est, en effet, rongé par un cancer de la prostate dans son stade final. Compassion, certes, mais controverses aussi. Les Américains s'indignent de ce que les autorités écossaises aient eu cet acte d'humanisme. Quelque part, en effet, on ne veut pas tourner la page du Lockerbie. Et, franchement, on s'attendait à ce qu'Obama fasse preuve de pragmatisme. Car, si l'on veut que la Libye réintègre effectivement la communauté internationale, avec tous les avantages de stabilité que pourrait en tirer le Maghreb, il faut bien se résigner à quelques concessions. Et ce n'est pas par hasard si Berlusconi avait jugé utile d'indemniser la Libye pour les années de colonialisme (avec un subtil retour d'investissement) ; et il n'est pas indifférent que la première opération diplomatique d'envergure de Sarkozy ait été la libération des infirmières bulgares coupables d'avoir contaminé au SIDA des centaines d'enfants libyens. Qu'on en finisse, donc, avec la loi du talion. Celle-ci n'est pas spécifiquement arabe. Car si, hier, Sunnites et Chiites continuaient de s'entre-tuer en Irak, c'est parce que le libérateur américain les monte les uns contre les autres. Et indignation pour indignation, nous serions curieux de savoir ce que pense Obama et tous les « indignés » par la libération de Megrahi, de la pendaison de Saddam, un jour d'Aïd, un jour d'Islam. Entre temps, voilà que le baril flambe. Pourquoi ? Parce que quitte à affaiblir le dollar, l'Amérique a sur-stocké des barils. Et dans ces barils, il y a aussi du pétrole libyen. Dans tout ce montage. Megrahi n'est, finalement, qu'une bricole.