Comme dans tous les secteurs économiques, il y a certains qui réussissent, d'autres qui vivotent ou suivent les flux et reflux de l'argent avec patience et - enfin - d'autres qui ferment boutique au bout de quelques années, voire, quelques mois. De quoi vivent les galeristes ? Dans leur majorité, de ce qu'octroye la commission d'achat pour l'acquisition d'une ou de deux toiles exposées par an et en principe, pour chaque artiste. Le galériste se contentera de relever un pourcentage variant entre 20 et 40%. Certains artistes ou prétendus tels - se contentent de cette unique " vente " pour l'Etat qui revient d'une année à l'autre. Ceux-là sont confirmés, non pas grâce à leur don, mais tout simplement parce que le ministère de tutelle doit tenir compte de certaines réalités qui provoquent un réflexe d'assistanat social qu'on ferait mieux de revoir. Comment un artiste digne de ce nom peut-il accepter de suivre comme un handicapé qu'on se doit d'assister pendant des décennies ? A des tels artistes correspondent les galeristes qui leur vont comme des gants. Même s'ils ne sont pas légions, cette combinaison d'impuissants existe bel et bien et elle continue à fonctionner cahin caha. Des galéristes sans aucun listing un tant soit peu sérieux et des artistes sans le moindre client amateur. Evidemment que les membres de la commission et cette dernière elle-même évoluent avec les vagues du temps et beaucoup d'entre-eux tentent de faire prévaloir la qualité des œuvres acquises pour l'Etat au détriment du choix purement socio-économique, c'est-à-dire celui résultant de cette pratique paralysante. Il nous faut aussi signaler que tout au long de son histoire et de ses soubresauts, la commission n'a pas été indemne de tous les maux inhérents à une telle structure. Comme on peut bouder les œuvres d'un tel artiste de talent, ou telle galerie, il lui est souvent arrivé d'en favoriser d'autres. C'était même monnaie courante pendant les premières décennies de son existence. Copinage... règlements de compte... conception énoncée de la vraie fonction et il nous semble urgent de définir clairement pour quel but cette commission a été créée, quelle est sa vocation et est-ce que ses pratiques ne gagneraient-elles pas à être revisitées ? Le lieu est donc ombilical entre la vie des galeries et la commission. Certains galeristes arrivent, malgré, des difficultés circonstancielles à perdurer sans basculer dans la ruine ni ambitionner de décrocher le gros lot. Sans se contenter de ce qu'ils peuvent tirer du ministère de tutelle, ils parrainent un ou deux artistes plus ou moins cotés pour continuer à faire vivre leur entreprise comme une PME (Petite et Moyenne Entreprises). La troisième catégorie, et elle est très réduite au niveau du nombre - est représentée par des personnes formées en arts plastiques et douées pour créer l'événement et valoriser les œuvres (et les artistes) qu'ils exposent. Ceux-là sont des marchands d'art avertis et leur apport pour l'essor de notre culture est important à plus d'un titre. Les petites et moyennes entreprises aussi. Quant à cette espèce de galeristes grippe - sous dont on a parlé au début de notre article, ils ne méritent même pas qu'on en reparle vers la fin.