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Serions-nous devenus un « souk » aux cerveaux ?
Quatre mille savants et autres chercheurs travaillent à l'étranger
Publié dans Le Temps le 24 - 01 - 2010


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"Pour moi, la fuite des cerveaux est une nécessité vitale, encore faut-il que je trouve un pays pour fuir…"
Mais au fait que leur offrirait-on s'ils rentraient au bercail ?
S'il y a un sujet sensible qui a la force d'irriter les décideurs des pays du Tiers-Monde, c'est bien celui de la fuite des cerveaux.
C'est en effet un sujet qui démontre l'incapacité des pays du Sud à utiliser les capacités de leurs meilleurs citoyens, promus à un avenir radieux pour eux-mêmes et pour leur pays.
Pourquoi cette fuite, souvent involontaire, vers des pays plus développés ? Quel avenir pour ces jeunes gens, obligés de s'exiler dans des pays étrangers, loin des êtres chers ? Et surtout comment l'endiguer ?
Il y a quelques années, j'ai eu l'occasion d'assister à un événement peu connu et plutôt incongru. Vers la fin de l'année scolaire, un lycée pilote organisait une rencontre entre les meilleurs élèves de cet établissement et divers intermédiaires œuvrant pour de grandes universités européennes, canadiennes et américaines venaient là proposer à ces futurs bacheliers de venir étudier dans leurs établissements…
Des cerveaux prêts à l'emploi
Et je me souviens des propos d'un professeur de physiques-chimie à propos de ce cortège de recruteurs. Il remarquait que « c'est un véritable souk aux cerveaux où les pays riches sont en train d'écrémer les meilleurs éléments pour les emmener chez eux et exploiter leur intelligence, leur jeunesse et leur fraîcheur… »
Il faut savoir que selon des chiffres quasi officiels plus de quatre mille savants et chercheurs tunisiens résident à l'étranger. Des données rendues publiques indiquent que plus de 4200 Tunisiens hautement qualifiés résident à l'étranger et exercent dans divers domaines de compétences, en particulier dans les nouvelles technologies.
Au cours d'un forum sur les compétences tunisiennes résidant à l'étranger, conjointement organisé par le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique et l'Agence tunisienne de la Coopération technique, 31% des Tunisiens hautement qualifiés résident en France, 13% au Canada, 11% aux USA, et 10% en Allemagne.
Pour un sociologue « les recruteurs de cerveaux sont très malins… Ils prennent les meilleurs éléments en leur promettant monts et merveilles dans les pays d'accueil et des avantages qu'ils ne trouveront jamais dans leur pays. En outre, ils n'ont pas eu à payer tous les frais engagés par les parents et par l'Etat et ils cueillent ces jeunes déjà prêts, presque adultes… »
En effet, c'est à l'âge de dix-huit ans, l'année du bac, que l'on vient les chercher pour leur offrir des perspectives professionnelles mirobolantes. Et la plupart ne peuvent résister à ces sirènes envoûtantes, surtout avec la difficulté de trouver un emploi avec des diplômes très pointus sous nos latitudes. Une dame a évoqué ce sujet, soulignant que son fils, informaticien, lui a été arraché. « Durant de longues années, son père et moi l'avons nourri, soigné, éduqué, payé des cours particuliers, offert des moyens pour s'épanouir et quand il a été prêt à donner le meilleur de lui-même, il a été cueilli comme un bouton de rose. »
Il faut dire que ce fils, que nous avons eu au bout du fil, a tenté de revenir travailler en Tunisie, mais on ne lui a offert qu'un salaire modeste par rapport à ses compétences : quelques centaines de Dinars. « Or actuellement en France, précise-t-il, j'ai un salaire de trois mille cinq cents Euros et en plus de primes pour chaque projet. Je crois qu'il n'y a pas photo, comme on dit… »
90% des cerveaux ne reviennent pas !
Sa famille et ses amis lui manquent bien sûr, mais il affirme : « je préfère revenir ici avec une belle voiture, aller dans les meilleurs hôtels et me payer tout ce que je veux, que de vivre chichement ! » Aux dernières nouvelles, il a pour projet d'acheter un terrain du côté de Hammamet, pour y construire une belle maison avec piscine…
Mais ce cas est de plus en plus rare et 90% de ces cerveaux adoptent la nationalité du pays hôte : ils deviennent ainsi franco-tunisiens, tuniso-canadiens, tuniso-américains… Et avec le temps et la distance, les liens qui les unissaient à leur pays finissent par se délier, faisant ainsi la richesse de l'Occident et freinant le développement de la terre qui les a vu grandir.
Mais certains ne résistent pas aux chants des sirènes : un quadragénaire, spécialisé en électronique, a quitté la Tunisie il y a plus de vingt ans et il a connu diverses fortunes depuis... Recruté par une multinationale qui construit des composants électroniques, il s'est parfaitement intégré à son environnent et a gagné beaucoup d'argent.
Puis un jour il a voulu revenir au pays pour tenter de créer sa propre entreprise. Et c'est avec beaucoup d'étonnement qu'il assure : « le regard de mes amis et anciens camarades de classe a beaucoup changé depuis. Ils ne comprenaient pas que l'on puisse revenir au pays lorsqu'on a eu la possibilité de travailler à l'étranger. Ils ne paraissent pas savoir que la vie est très dure là-bas, que la chaleur humaine et la bonne humeur sont des denrées rares et qu'à la fin ça devient invivable... »
Plus généralement, la fuite des cerveaux est plutôt mal perçue par les chefs d'entreprises tunisiens. L'un d'eux va jusqu'à affirmer qu'il « faut légiférer contre cet état de choses. Car il est anormal que je doive faire appel à un technicien spécialisé étranger, chaque fois que mes machines tombent en panne. Et le pire, c'est qu'un jour on m'a envoyé un ingénieur tunisien pour effectuer les réparations ! »
Mais lorsqu'on aborde la question des salaires insuffisants, le discours devient moins vindicatif : « je ne peux pas payer les mêmes salaires qu'un patron européen… Et d'ailleurs, chez nous, avec quelques centaines de Dinars, on vit beaucoup mieux qu'avec des milliers d'Euros en Europe à cause de la différence de niveau de vie. En outre, ici, on est dans son pays, dans son environnement et on vit plus heureux car il y a d'autres satisfactions que l'argent… »
Le mot de la fin est donné par une jeune étudiante qui vient d'achever son troisième cycle en microbiologie, qui prépare un doctorat et qui annonce : « au bout de tant d'années d'études, j'ai la certitude de me retrouver au chômage, car je suis trop spécialisée pour la Tunisie et il n'y a pas de programmes de recherche à long terme dans mon domaine : celui des virus. » Et elle conclut : « pour moi, la fuite des cerveaux est une nécessité vitale, encore faut-il que je trouve un pays pour fuir… »


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