«Travailleurs du monde entier, unissez-vous ! » Mon œil, oui ! C'est de la préhistoire tout ça. Avec le commencement de ce troisième millénaire, une seule ligue internationale a pu se constituer et s'ériger en vérité suprême : celle des nantis, des nababs, des nouveaux riches à milliards et de spéculateurs interlopes dont on n'entend jamais parler. Les travailleurs eux, ne cherchent plus à s'unir mais plutôt à garder leur fonction quand ils en ont une, ou à en chercher une quand ils n'en n'ont pas. Jamais la séparation entre riches et pauvres n'a été aussi nette, aussi tranchante… D'un côté, il y a ceux qui ont toutes les bénédictions divines et qui se prennent même pour des dieux à force d'être admirés, enviés, jalousés par ceux qui végètent dans les fosses communes en attendant qu'on veuille bien les ensevelir sous les sables du mépris. « Ave César ! Ceux qui vont mourir te saluent ». Ils vont mourir du SIDA, de famine, de manque de soins, de manque de lois, de manque d'intérêt que personne ne leur porte. Ils vont mourir par balles, par bombes ou par crachats de chars. Même la nature semble s'être liguée avec les richards contre eux : Tsunami, séismes, cyclones et inondations ne s'attaquent qu'aux régions ou pays pauvres. Les professionnels du cultuel y voient un signe de la fin des temps, une alarme divine et une punition parce que les sociétés humaines se sont éloignées du droit chemin et qu'elles se sont égarées dans les jungles du vice et du plaisir illimités. Pourquoi ces fléaux ne s'attaquent-ils pas aux riches, alors ? Le pouvoir céleste voudrait-il les punir en les laissant croupir dans leur honteuse abondance ? Tous les pauvres aimeraient qu'il en fasse de même avec eux. Oui, quitte à être traités de mécréant et de subir les tortures de l'enfer après la mort, ils donneraient tout au monde pour être ne serait-ce qu'un seul jour… beaux… beaux et riches à la fois.