On nous dit que les Grecs ont longtemps vécu au dessus de leurs moyens, et qu'ils doivent actuellement en payer le prix, capital et intérêts y compris. Il se peut que les « dilapideurs » ne soient pas nécessairement les payeurs, mais tout le monde convient que l'argent n'a pas d'odeur, et qu'on doit toujours payer quand on a les mains dans le cambouis. Les Grecs étaient assis sur un volcan financier, il est donc admis qu'on peut les clouer au sol, et au boulot pour mériter la pluie d'Euros qui les tirera d'affaire avant de les accabler. Pour l'éternité, ou pas loin. Même les Dieux de l'Olympe, quelque peu recroquevillés dans les parages d'Athènes, ne sont pas en mesure de leur porter secours. Les habitués des spéculations philosophiques ne font bien sûr pas le poids face aux spéculateurs en bourse. Et puis il faut bien payer les fastes qui avaient émerveillé l'univers quand les Grecs avaient invité les Jeux Olympiques chez eux. La fête fut magnifique, les lendemains de fête, c'est la gueule de bois. Dans ce cas, chèques en bois et sueurs froides. Du coup, les amis de la zone, la Zone Euro s'entend, ne trouvent pas de mots assez durs pour qualifier les Grecs irresponsables. Pour un peu, on les mettrait au coin, avec un bonnet d'âne, ce qui serait un comble pour les pères de la civilisation occidentale. On sauvera peut-être la Grèce, mais promis juré, au prix de sacrifices douloureux pour les citoyens de ce pays. Ceux-ci ont beau crier que leurs dirigeants ont assuré l'essentiel de la banqueroute, ils n'en payeront pas moins, toute honte bue après les leçons de morale allemandes et les coups tordus des banques, celles-là même qui viennent d'engranger les plus gros bénéfices après avoir pompé dans les deniers publics pour se refaire une santé après avoir joué, et perdu, l'argent commun. On sauvera les Grecs pour éviter le déclenchement des Jeux para-olympiques des dominos : D'autres pays européens menacent en effet de faire faillite dans leur sillage. Le Portugal, l'Espagne, et d'autres vivent aussi au dessus de leurs moyens et empruntent pour continuer à honorer leur signature. En fait, et à l'occasion de ce genre de crise, on se rend compte que les Etats gèrent l'argent des contribuables avec autant, sinon plus, de désinvolture que les citoyens les moins prévoyants. Au final, on est bien obligé de se payer sur la bête, en l'occurrence les laissés pour compte. L'Europe s'en tirera, comme ce fut le cas pour la monstrueuse crise bancaire. On trouvera l'argent qu'il faut par un tour de passe-passe et en appuyant sur la détente des marchés militaires et des marchés acquis tout court. Tout le monde a appris qu'au beau milieu de la crise des banques, les carnets de commande pour les armes ont été bien garnis. Et il n'y a pas de raison qu'il en soit autrement : les tensions locales augmentent dans la proportion inverse à l'aide au développement. Sauver les Grecs est aussi une manière de sauver l'Europe. L'union fait la force, et c'est très bien ainsi. D'autres, en Afrique et chez les Arabes devraient en prendre de la graine, si toutefois la volonté de s'en sortir pouvait encore exister à ce niveau là. Le ciel européen est envahi par les nuages, et le volcan islandais n'est pas seul responsable. Les séismes financiers sont parfois encore plus meurtriers que les secousses des Abruzzes italiennes. Maintenant, les tremblements de terre peuvent avoir des répliques dévastatrices par leur onde de choc. Et si l'Europe ne faisait que transférer les effets de ses tremblements intempestifs sur les économies les plus fragiles, celles du sud par exemple ? Comme si on avait besoin de celle-là aussi !